Tandis qu’Assassin’s Creed Mirage vient d’arriver dans les bacs et sur les stores virtuels, Ubisoft fait aujourd’hui la une des médias pour les mauvaises raisons. En 2020, le géant français du jeu vidéo était frappé par une vague de témoignages faisant état d’une culture toxique au sein de l’entreprise. Des faits de harcèlement et d’agressions sexuelles ont été mis en évidence, déclenchant alors une enquête du parquet qui dure depuis plus d’un an maintenant. Les faits remontés par le syndicat Solidaires Informatiques Jeu Vidéo ainsi que des révélations de Libération ont mené à l’arrestation d’anciens employés ce mardi 2 octobre.
Parmi ces cinq employés anciens et actuels, deux d’entre eux ont été identifiés publiquement par Libération. Il s’agit de Serge Hascoët ancien directeur créatif du studio et de Tommy François, vice-président du service éditorial et créatif. Malgré son héritage dans l’entreprise, Hascoët a été forcé de démissionner en 2020 face aux accusations qui l’incombent. L’homme aurait notamment protégé son bras droit Tommy François après que celui-ci ai tenté d’embrasser une collègue de force lors d’une soirée. Les faits sont d’autant plus choquants que de nombreuses preuves démontrent également l’inaction du service des ressources humaines.
Des comportements avérés et tolérés
Dans un thread X (anciennement Twitter), le syndicat Solidaires Informatique Jeu Vidéo appuie sur une déclaration de la directrice RH du studio Cécile Cornet qu’a recueilli Libération, donnant le ton pour cette affaire : “Yves (Guillemot, PDG d’Ubisoft, ndlr) est d’accord avec ce management toxique tant que les résultats de ces managers dépassent leur niveau de toxicité.“ Si les premiers éléments de l’enquête ne laissaient que peu de doute quant à la complicité de l’entreprise dans l’établissement de cette culture dangereuse, c’est aujourd’hui une évidence.
Ubisoft tente par ailleurs de faire l’autruche et n’a pas souhaité répondre aux interrogations de Libération en déclarant simplement “n’avoir aucune connaissance du dossier et ne peut, en conséquence, s’exprimer.” Pour l’avocate des plaignants Maude Beckers interrogée par le média, cette protection des agresseurs dans la mise en place de leurs schémas d’harcèlement est particulièrement frappante :
“L’entreprise semble s’être transformée en grand terrain de jeu pour les créatifs, où était toléré ce qu’ils appellent une ‘ambiance potache’, où l’on joue à chat-bite, où l’on se permet des gestes sexuels sur le lieu de travail, où en soirée des femmes se trouvent plaquées par terre ou contre les murs. Les RH connaissaient tout ça et étouffaient les affaires systématiquement. Ce qui est exceptionnel dans ce dossier, c’est la complicité des cols blancs de l’entreprise.”
Cette sortie de boys club, de fratrie à l’américaine entre en échos avec les faits d’accusations portés à l’encontre d’Activision Blizzard l’année passée. Harcèlement sexuel, moral et encore pression poussant jusqu’au suicide d’un employé : il semblerait qu’aucun grand studio ne soit épargné des abus de pouvoir.
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