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The Creator : pour Gareth Edwards, “l’argent n’est pas aussi efficace que quelques personnes impliquées”

Gareth Edwards, le papa de Rogue One : A Star Wars Story, est de retour dans les salles avec The Creator, un film de science-fiction ambitieux pourtant produit avec un budget plus que modeste. Un projet atypique, comme nous l’explique son réalisateur.

Dans le jargon, on peut dire que Gareth Edwards est ce qu’on appellerait « un bon client ». Entendez par là que le bonhomme est fier de ses progénitures et il se montre vite volubile lorsqu’on le lance sur le sujet. Certes, les mauvaises langues prétendront qu’un réalisateur est toujours le deuxième meilleur défenseur de son film (le premier étant évidemment le producteur), mais il suffit d’une minute avec Edwards pour saisir qu’il croit en ce qu’il dit. Et il dit beaucoup, surtout sur The Creator.

Parce que même si le box-office n’est, pour l’instant, pas particulièrement clément avec ce film de science-fiction, il serait dommage de passer à côté tant le métrage joue dans une autre catégorie. Attention, on ne prétend pas que le long-métrage est exempt de défauts et il suffit de lire notre critique pour s’en apercevoir, notamment à cause de l’ombre de ses influences. Des influences que le réalisateur revendique, ayant grandi avec des chefs-d’œuvre du genre : « Quand j’étais gamin, il y avait un film de SF toutes les semaines et je pensais que le cinéma serait ainsi pour toujours ». Sauf qu’aujourd’hui, le cinéma de Spielberg, Kubrick, Scott, a été remplacé par des « franchises ou des suites ». C’est ce qui a poussé Disney à maintenir la sortie du film malgré la grève des scénaristes en tant que « seul film original, pas seulement un blockbuster ».

Edwards défend ainsi son inspiration, préférant à l’idée « d’adapter un bouquin ou se lancer dans une franchise ou un séquel, prendre tous les films avec lesquels j’ai grandi, les mettre dans un bol et mélanger ». Une copie ? Non, une « lettre d’amour à une certaine époque ».

Parce qu’il faut se rendre compte de l’exploit de The Creator, parvenant à faire avec seulement 80 millions de budget un univers bien plus percutant, et surtout plus beau visuellement que de nombreuses grosses machines à 200 millions de dollars (coucou The Flash). Un haut fait réussi parce que Gareth Edwards privilégie le décor réel afin d’allier « l’incroyable avec le réaliste ».

Gareth Edwards l’assume, il sait que la tendance des gros films est de tourner quasiment exclusivement en studio sur fond vert ou écran et il voulait échapper à ça. « J’ai une tendance schizophrène car une partie de moi veut vraiment tourner du faux documentaire, à main levée, sans scénario et en improvisant, là où l’autre veut faire comme Cameron, Spielberg ou Kubrick avec des séquences très storyboardées ».

Une croisée entre deux tons qu’on avait déjà pu apercevoir dans son Rogue One : A Star Wars Story (rien que les séquences sur la plage sont un bonbon visuel) et dont l’expérience l’a évidemment aidé pour The Creator en parcourant « un lieu différent pour chaque scène », tournant dans huit pays dont « 80 endroits différents rien qu’en Thaïlande, on a fait 16 000 kilomètres, rajoutant ensuite des couches de science-fiction par dessus ».

Une manière d’aborder la science-fiction, et, au-delà du genre, une façon de concevoir un blockbuster dont Hollywood semble s’être éloignée, faisant de The Creator une sorte de David contre Goliath, de la même manière que l’Alliance Rebelle affrontait l’Empire ou que les IA affrontent la puissance américaine dans son film. Edwards se refuse ainsi l’étiquette de réalisateur de gros studios, bien qu’il s’agisse ironiquement de son deuxième film chez Disney et que Godzilla était sous l’égide Warner. Ce qui ne l’empêche pas d’avoir conscience que le « studio incarne le pouvoir et l’argent n’est pas aussi efficace que quelques personnes impliquées sur le terrain qui se battent de manière indépendante ». Sa conception du cinéma est donc une guerre entre « le système des studios et le film indépendant, le gros contre le petit, et c’est quelque chose qu’on expérimente tous un jour dans son boulot et à laquelle on ne peut échapper ».

Quelle serait la solution alors ? « Avoir de l’empathie envers l’autre, voir le point de vue de l’autre personne ». Une compréhension entre deux visions différentes, un peu comme si le film indépendant rencontrait le gros studio… et donnait The Creator.

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