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Pornographie : un nouveau rapport alerte sur la banalisation des violences sexuelles en ligne

Le marché de la pornographie mainstream a un sérieux problème de violence.

Les sites pornographiques regorgent d’images violentes, de rapports sexuels non consentis et de contenus problématiques. C’est du moins ce que révèle un nouveau rapport du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE) intitulé Pornocriminalité : mettons fin à l’impunité de l’industrie pornographique. Après plusieurs mois de travail, le compte-rendu d’étude a été officiellement remis ce mercredi 27 septembre à Bérangère Couillard, la ministre déléguée chargée de l’égalité femmes-hommes. Pour la présidente du HCE Sylvie Pierre-Brossolette, il est urgent de “heurter les consciences“, afin de “crever ce mur de l’indifférence” qui entoure actuellement le marché de la pornographie mainstream.

Les femmes particulièrement exposées

En étudiant les habitudes de consommation des internautes pendant plus d’un an, en passant au crible la littérature scientifique existante et en menant une étude sur quatre platesformes pornographiques (PornHub, Xhamster, Xvideos, Xnxx) en début d’année, le HCE tire un signal alarmant : sur les plateformes pornographiques en ligne, les “atteintes graves à la dignité humaine” sont légion.

Encore plus inquiétantes, les conséquences induites par une diffusion illimitée, gratuite et illégale de ces contenus sexuellement explicites sont susceptibles de heurter la sensibilité des internautes (majeurs mais aussi mineurs), et d’encourager la culture du viol, et la propagation de ces violences sexuelles. Car si la grande majorité des contenus problématiques recensés par le HCE est choquante, certains sont susceptibles de poursuites pénales.

Toutes ces considérations reprennent peu ou prou les propos de Laure Beccuau, procureure de la République de Paris, auditionnée l’année dernière par le Sénat. À l’époque, la femme politique avait déjà insisté sur les dérives de l’industrie de la pornographie, en estimant que “90 % des contenus pornographiques contiennent de la violence physique ou verbale, et sont donc pénalement répréhensibles” dans un premier rapport parlementaire paru en septembre 2022 et baptisé L’Envers du décor.

Des tags problématiques

En documentant leurs recherches sur quatre plateformes pour adultes, le HCE rapporte la popularité de tags tendancieux, parfois problématiques, comme “surprise” (70 118 vidéos), et même “torture” (13 898 vidéos), contenant “des femmes torturées par électrocution, des femmes asphyxiées dans des sacs plastiques, des femmes hurlant de douleur“. Encore plus grave, les actes perpétrés dans les vidéos ne seraient (pour la plupart du moins) pas simulés.

Une réalité insoutenable et “effrayante”, tempête le rapport : “une partie importante des vidéos pornographiques diffusées sont des vidéos de viols filmés, du revenge porn, ou elles ont été obtenues par la contrainte dans des réseaux d’exploitation sexuelle“. Alors que de nouveaux canaux de diffusion pornographiques plus éthiques et respectueux du consentement émergent sous l’impulsion de créateurs et créatrices de contenu alternatifs, les plateformes grand public ont une fâcheuse propension à invisibiliser, ou au contraire érotiser la souffrance. Il est urgent d’agir, estime Sylvie Pierre-Brossolette.

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2 commentaires
  1. “Bérangère Couillard, la ministre déléguée chargée de l’égalité femmes-hommes” : un nom de famille qui prête a confusion dans son contexte 😀

Les commentaires sont fermés.

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