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On trouve désormais des microplastiques jusque dans les nuages

Une nouvelle preuve que la pollution aux microplastiques est désormais un problème global qu’il convient de prendre très au sérieux avant qu’il ne soit trop tard.

Il est aujourd’hui de notoriété publique que notre atmosphère souffre de gros problèmes de pollution, entre les particules fines, le monoxyde de carbone ou encore les oxydes de soufre et d’azote, pour ne citer qu’eux. Mais si l’impact de cette pollution chimique est déjà bien documenté, il y en a une autre qui a été moins étudiée jusqu’à présent : les microplastiques. Or, il apparaît désormais qu’ils sont aussi présents jusque dans les nuages, où ils affectent vraisemblablement le climat et la santé publique d’une manière qui n’est pas encore entièrement comprise.

C’est en tout cas la conclusion des chercheurs de l’université de Waseda, au Japon. Pour mener sa dernière étude, l’équipe d’Hiroshi Okochi a gravi deux des montagnes les plus connues du Japon — les monts Fuji et Oyama — pour collecter des prélèvements d’eau dans les nuages qui enveloppent leurs sommets. Ils ont ensuite soumis ces échantillons à des techniques d’imagerie avancée pour déterminer leurs propriétés physiques et chimiques.

Et une mauvaise surprise les attendait au terme de ces analyses. Il s’avère que les deux échantillons d’eau collectés contenaient dix types de polymères différents, présents sous forme de particules de 7 à 95 micromètres. « À notre connaissance, c’est la première description de ces microplastiques aéroportés dans l’eau des nuages », expliquent les auteurs.

De véritables “graines de nuages”

Plus précisément, chaque litre d’eau collecté contenait entre 6 et 14 morceaux de plastique. Ce chiffre pourrait sembler insignifiant ; mais selon les chercheurs, à l’échelle de la planète, ces quelques particules pourraient avoir un impact conséquent.

C’est en partie à cause des propriétés chimiques de ces matériaux. Les auteurs expliquent que bon nombre de ces particules sont hydrophiles ; cela signifie que contrairement aux molécules hydrophobes comme l’huile, elles interagissent facilement avec l’eau au niveau atomique. Ces particules se comportent donc comme ce qu’on appelle des noyaux de condensation ou cloud seeds (graines de nuage en anglais).

© Penn State University

Concrètement, ce sont des points d’ancrage microscopique autour desquels la vapeur d’eau peut se condenser pour former des gouttelettes. Au fil du temps, de plus en plus de gouttelettes se forment autour des noyaux  jusqu’à former un nuage. Cela signifie que ces microplastiques contribuent activement à la formation rapide de nuages. Et par extension, qu’ils ont un impact très concret sur les systèmes climatiques.

De plus, ce rôle de noyau de condensation n’est pas le seul point à surveiller. En effet, lorsque ces microplastiques atteignent les couches supérieures de l’atmosphère, ils deviennent encore plus exposés aux radiations ultraviolettes du soleil. Ils se décomposent ainsi en une ribambelle de composés chimiques qui, à grande échelle, contribuent à l’effet de serre.

L’autre point crucial, c’est que les nuages sont des éléments particulièrement dynamiques du cycle de l’eau. Ils contribuent donc à disséminer ces particules un peu partout sur la planète, avec tout ce que cela implique pour les humains et les autres êtres vivants. Pour les auteurs de l’étude, la présence des microplastiques dans les nuages doit donc absolument faire l’objet d’études plus poussées.

L’importance de l’action proactive

« Si le problème de la pollution aérienne au plastique n’est pas abordé de façon proactive, les risques écologiques et climatiques pourraient devenir une réalité, provoquant ainsi des dégâts sérieux et irréversibles sur l’environnement à l’avenir », explique Hiroshi Okoshi, auteur principal de l’étude.

Cette conclusion est extrêmement similaire à celle des nombreux autres travaux sur les microplastiques. Plus le temps passe, plus la recherche commence à réaliser l’ampleur de la pollution. Ces particules sont désormais omniprésentes un peu partout sur la planète. On en trouve dans le sang, les tissus, ou encore le placenta de nombreux êtres vivants. Ils sont aussi présents dans nombre affolant de niches écologiques, de la fosse des Mariannes à l’Everest.

À l’heure actuelle, il est encore très difficile de déterminer dans quelle mesure ces microplastiques aériens affectent la météo et le climat, ou encore la santé des organismes. C’est typiquement le genre de problématique qui nécessite énormément de données et un certain recul. Mais il semble de plus en plus clair qu’ils impactent l’environnement et la santé de manière tout sauf négligeable.

Tous les chercheurs estiment donc qu’il faut absolument prendre les microplastiques très au sérieux dès à présent. Cela évitera peut-être de se retrouver dans une impasse catastrophique par manque d’anticipation. Rendez-vous d’ici quelques années pour voir si les législateurs et l’industrie sauront prendre les mesures qui s’imposent.

Le texte de l’étude est disponible ici.

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