Passer au contenu

Nvidia : le siège du géant américain perquisitionné par l’antitrust français

Cette visite ne préjuge en rien de la responsabilité de Nvidia dans la grande enquête de l’Autorité de la Concurrence sur le cloud, mais le géant vert demeure un acteur majeur de ce dossier.

Après le raid des scalpers qui s’étaient appropriés la quasi-totalité du stock de cartes graphiques RTX 30X0, Nvidia a fait l’objet d’un autre raid beaucoup plus sérieux cette semaine. D’après Challenges, ce sont les autorités françaises de la concurrence qui ont investi les bureaux du titan américain dans l’Hexagone ce mardi. Cette visite, approuvée par le juge des libertés et de la détention, a été motivée par des suspicions de pratiques anticoncurrentielles dans le domaine du cloud.

Ce genre de perquisition consiste en une visite de nombreux agents administratifs qui arrivent sur place tôt le matin pour questionner les employés, et surtout pour saisir différents types de supports physiques et numériques qui contiennent des informations sur les activités de la firme. Le communiqué de l’Autorité de la Concurrence précise toutefois que cette opération ne préjuge pas d’une infraction à la Loi.

Mais si l’entreprise n’est pas directement soupçonnée de pratiques anticoncurrentielles, pourquoi l’agence française est-elle venue frapper à la porte du géant vert ? La réponse se trouve dans un rapport important de l’Autorité de la Concurrence sur les grands acteurs du cloud, publié en juin (voir cet article de Challenges).

Une grande enquête sur la concurrence dans le cloud

Ce rapport avait notamment conclu que les colosses américains, à commencer par Amazon, Microsoft et Google, étaient « en mesure d’entraver le développement de la concurrence ». Les chiffres sont en effet éloquents : à elles seules, en 2021, les trois firmes auraient raflé « 80 % de la croissance des dépenses » dans le domaine du cloud public en France.

Nvidia n’est pourtant pas citée explicitement dans le rapport de juin. En revanche, les régulateurs français estiment que la montée en puissance de l’intelligence artificielle va conduire à une augmentation de la demande pour les services cloud. L’Autorité de la Concurrence estime donc qu’elle doit « s’assurer que les acteurs établis n’entravent pas le développement des plus petits acteurs » dans le domaine du cloud.

Nvidia, clé de voûte discrète du dossier

À ce titre, même si elle n’est pas citée explicitement et qu’elle n’est pour l’instant pas accusée de quoi que ce soit, Nvidia demeure tout de même une plaque tournante de ce dossier. Et pour cause : c’est elle qui fournit la grande majorité du hardware sur lequel les trois géants américains s’appuient pour établir leur quasi-monopole collectif. Selon le bureau d’analyse Citi cité par le Wall Street Journal, la part de marché d’Nvidia pourrait bientôt dépasser les 90 % dans ce domaine.

En effet, depuis la montée en puissance des systèmes génératifs tels que ChatGPT, le chatbot dopé au machine learning d’OpenAI, la demande a explosé, conduisant même à un début de pénurie pour Nvidia. Selon le WSJ, cette dynamique n’est pas étrangère à l’excellente santé financière de l’entreprise, dont la valeur en bourse a dépassé les mille milliards au mois de juin.

Et il n’y a pas que les grands acteurs américains qui s’arrachent le matériel du leader mondial des GPU. Les Français en sont aussi friands. OVHcloud, par exemple, a récemment annoncé l’acquisition prochaine de nombreux systèmes Nvidia H100.

Et surtout, ce mardi, c’est Iliad qui est entré dans l’arène avec un grand plan d’investissement de 200 millions d’euros. Selon le groupe de Xavier Niel, cette enveloppe servira justement à propulser un nouveau panel de services de cloud computing dédié aux applications IA. Cela passe notamment par l’acquisition d’une montagne de hardware spécialisé, notamment des DGX SuperPOD proposés par — vous l’aurez deviné — Nvidia. Iliad a aussi annoncé l’ouverture d’un nouveau centre de recherche spécialisé dans l’IA.

🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.

Mode