Ce mercredi 27 septembre marque la fin de la plus longue grève dans l’histoire du cinéma. Le bras de fer entre la Writers Guild of America et les représentants des studios majeurs d’Hollywood s’est conclu après cinq mois de manifestations et de piquets de grève. Lancé le 2 mai dernier, le mouvement trouve une résolution et la WGA semble avoir obtenu gain de cause sur de nombreux sujets. C’est donc sans surprise que les dirigeants du syndicat ont voté à l’unanimité pour son approbation. Néanmoins, le processus n’est pas encore terminé. Les membres doivent encore statuer en faveur ou non, entre le 2 et le 9 octobre. Aujourd’hui, à minuit heure américaine, ils sont invités à officiellement reprendre les crayons. Le vote ne devrait être qu’une formalité, la majorité des revendications ayant finalement été entendues par les studios. S’ils étaient secrets jusqu’ici, les termes de ces nouveaux accords viennent d’être partagés par la WGA.
Une prime à la popularité
Ils étaient au cœur des revendications des scénaristes, les droits résiduels ont été revus à la hausse. L’arrivée des plateformes de streaming dans les habitudes culturelles de millions d’utilisateurs ont bouleversé l’industrie, qui n’avait pas adapté les conditions de rémunération de ses artisans. Avec la diffusion linéaire, les scénaristes bénéficiaient de droits résiduels dans le cas d’une rediffusion des œuvres sur lesquels ils ont travaillé. Concrètement, une partie des recettes publicitaires leur était allouée, cette somme était liée aux audiences réalisées par ladite production. Les plateformes de streaming ne partageant que très rarement les audiences des séries et films de leurs catalogues, ces sommes étaient largement inférieures lors d’une exploitation SVOD.
Désormais, les films et séries conçus spécifiquement pour la SVOD “qui sont visionnés par 20% ou plus des abonnés sur le territoire américain au cours des 90 premiers jours de leur sortie, ou au cours des 90 premiers jours de toute année ultérieure, bénéficient d’un bonus égal à 50% du résiduel national et étranger”. Concrètement, les projets écrits dans le cadre de ce nouvel accord — qui débute le 25 septembre 2023 — pourraient valoir à leurs écrivains un bonus de 9 031 dollars pour un épisode d’une demi-heure, de 16 415 dollars pour une heure ou de 40 500 dollars pour un film dont le budget est supérieur à 30 millions. Ces nouvelles modalités prendront effet pour tous les projets qui bénéficient d’une première diffusion à compter du 1ᵉʳ janvier 2024.
Bataille contre l’IA remportée
Un autre point de discorde entre les studios et les scénaristes américains reposait sur l’utilisation des intelligences artificielles, ou plus précisément du machine learning, dans le développement de certains projets. Inquiet de voir cette technologie évoluer au détriment de leurs emplois, les auteurs demandaient qu’un cadre légal soit défini pour les protéger. La WGA explique : “L’IA ne peut pas écrire ou réécrire du matériel littéraire, le contenu produit par une IA ne sera d’ailleurs pas considéré comme une source”. Néanmoins, un auteur peut avoir recours à une IA dans le cadre de sa mission d’écriture, si l’entreprise y consent et à la condition que cela se fasse en accord avec la politique de cette même structure. En revanche, on ne pourra pas exiger de cet employé qu’il le fasse.
Plus largement, la WGA se réserve le droit d’interdire aux entreprises d’utiliser les scénarios imaginés dans le cadre d’un contrat pour former une IA. Pour rappel, plusieurs auteurs de romans, dont George R.R. Martin ont attaqué OpenAI en accusant l’entreprise d’avoir utilisé des versions piratées de leurs ouvrages pour entraîner leurs agents conversationnels. Les scénaristes devraient être protégés de telles manœuvres.
C’est quoi la suite ?
Si l’annonce de cet accord est un pas de géant pour l’industrie cinématographique, celle-ci n’est pas encore tout à fait apaisée. Les acteurs poursuivent leur mouvement, initié le 15 juillet dernier. Si de nombreux projets vont pouvoir continuer leur développement, les tournages restent paralysés jusqu’à nouvel ordre. Il faudra sans doute encore quelques semaines pour que les négociations entre la SAG-AFTRA, qui représente les comédiens américains, et l’AMPTP n’aboutissent à un nouvel accord salarial. Leurs revendications sont plus importantes, et devraient servir de ligne de conduite pour les professionnels techniques représentés par l’IATSE et dont les accords doivent être renégociés l’année prochaine. Pour rappel, l’organisation vient d’accueillir de nouveaux membres : les artistes VFX de chez Marvel.
La reprise complète pointe donc le bout de son nez, mais n’est pas encore actée. Si le mouvement perdure de ce côté, il faudra s’attendre à ce que le programme des prochains mois au cinéma et sur le petit écran soit encore bouleversé.
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