Ce n’est un secret pour personne : le machine learning a le vent en poupe en ce moment, et de nombreuses grandes entreprises sont en train de placer cette technologie au centre de leurs activités. Aujourd’hui, c’est, Xavier Niel, le patron du groupe français Iliad, qui entre dans la danse.
Ce 26 septembre, la maison-mère de Free a annoncé un plan d’investissement massif de 200 millions d’euros qui fait la part belle à l’intelligence artificielle.Comme souvent, cette ruée vers l’IA commence par l’acquisition de hardware spécialisé — une condition sine qua non pour peser dans cette industrie où la puissance de calcul est reine.
Un nouveau supercalculateur flambant neuf
Iliad annonce ainsi avoir fait l’acquisition d’un nouveau supercalculateur, qui trône désormais au cœur de son data center n° 5 en région parisienne. Il est construit autour de la plateforme DGX SuperPOD d’Nvidia, et doté des fameuses unités de traitement DGX H100 — les références actuelles des systèmes destinés pour les workflows IA dans le monde de l’entreprise. Au total, il comprend 127 DGX pour un total de 1016 GPU Nvidia H100.
Cette montagne de hardware de pointe est notamment conçue pour assumer des tâches très exigeantes telles que l’entraînement des LLM (pour Large Language Model). Il s’agit de modèles IA qui émulent le discours humain, comme l’incontournable GPT d’OpenAI.
Selon Iliad, il s’agit de « la plus grande puissance de calcul Cloud dédiée aux applications IA en Europe déployée à date ». Et il ne s’agit que d’un début, car les troupes de Xavier Niel comptent augmenter cette capacité de calcul très prochainement.
Cette puissance, Iliad va la mettre directement à disposition sous forme d’un système à petites mailles. Cela signifie que les clients pourront s’offrir une capacité de traitement adaptée à leurs besoins. Selon le communiqué, Iliad propose déjà une offre composée de deux systèmes DGX H100 interconnectés qui permet par exemple d’entraîner de petits modèles IA spécialisés.
Au-delà de la capacité de calcul brute, ces 200 millions d’euros vont aussi servir à développer tout un écosystème de services en lien avec l’IA, du stockage à la sécurisation des données.
Leadership technologique et indépendance stratégique
À terme, le groupe ambitionne de s’imposer comme le leader européen des services cloud dédiés au développement de l’intelligence artificielle à travers sa filiale Scaleway. L’objectif est clair : Iliad veut entrer dans la cour des grands et jouer des coudes avec les poids lourds du cloud, comme Amazon ou Google.
Dans l’absolu, il sera probablement difficile de rivaliser avec la puissance financière de ces titans de la tech. Mais Xavier Niel a tout de même un as dans sa manche : l’autonomie et la souveraineté technologie, une thématique qui devient de plus en plus importante sur la scène internationale. Emmanuel Macron avait insisté sur ce point lors du salon Vivatech cet été.
Niel avait aussi abordé le sujet lors de son audition devant la commission des affaires économiques du Sénat en avril dernier. « Les pouvoirs publics réclament de la réindustrialisation, de l’indépendance nationale, de la présence française dans les domaines stratégiques, dans l’intelligence artificielle », avait-il déclaré.
Marquer la recherche en IA du sceau de la french touch
Cette volonté d’émancipation technologique est probablement le moteur principal de la seconde partie du plan d’investissement. Car en plus du versant commercial, Iliad compte aussi devenir un acteur majeur de la recherche en IA. La première émanation concrète de cette initiative, c’est la création d’un laboratoire de recherche en intelligence artificielle basé à Paris.
La structure sera présidée par Xavier Niel en personne. Pour compléter l’organigramme, le groupe s’est attaché les services d’une « équipe composée de chercheurs internationalement reconnus pour leur expertise dans leur domaine ». L’identité des membres de cette task-force n’a pas été précisée. On sait cependant qu’ils auront pour mission de contribuer à la construction et la démocratisation d’une intelligence artificielle générale (ou IGA, pour Artificial General Intelligence), rien que ça !
Pour rappel, ce terme désigne un type d’intelligence artificielle particulièrement avancée — la première à mériter véritablement le terme d » intelligence ». Bien au-delà des modèles IA actuelle, un tel système serait capable d’accomplir toutes les tâches intellectuelles qui restent pour l’instant réservées au cerveau humain, et même de le dépasser. C’est l’objectif revendiqué de nombreuses entreprises de pointe comme OpenAI ou DeepMind.
Selon Iliad, le résultat de ces travaux sera systématiquement publié. Cette démarche de transparence a trois objectifs : faire profiter tout l’écosystème IA de ces avancées, former une nouvelle génération de chercheurs et améliorer la compréhension de cette technologie par le grand public, les institutions et les entreprises.
Il sera intéressant de voir dans quelle mesure ce plan d’investissement et cette structure contribueront au rayonnement technologique de l’Hexagone à moyen et long terme, et si d’autres groupes vont emboîter le pas à Xavier Niel pour avancer leurs pions sur cette technologie dont l’importance stratégique ne cesse de croître jour après jour.
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