Des chercheurs de l’Institut de biologie évolutive de Barcelone, en collaboration avec deux universités italiennes, ont identifié 88 nids de fourmis de feu sur une superficie de 4,7 hectares aux abords d’une rivière en Sicile près de la ville de Syracuse. Les habitants signalaient des piqûres de ces fourmis depuis 2019. Selon une analyse génétique, ces fourmis proviennent probablement de Chine ou des États-Unis, où elles causent chaque année environ 6 milliards de dollars de dommages. Les experts estiment que l’espèce pourrait envahir 7 % du continent européen et potentiellement la moitié des zones urbaines européennes.
Nouvelle menace pour l’Europe
Bernard Kaufmann, écologue des invasions à l’Université Claude Bernard Lyon 1, souligne le risque que l’espèce se propage dans toute la région méditerranéenne, notamment parce que la Sicile est un important exportateur de plantes pour les oranges et les oliviers. De plus, si l’espèce se propage en Espagne, ce pays pourrait être l’un des plus touchés en raison de son climat favorable. L’analyse des chercheurs indique également que le changement climatique pourrait augmenter la portée potentielle de l’espèce à 25 % du continent d’ici 2050.
Les fourmis de feu rouges sont également connues pour évincer les fourmis et la faune indigènes, ainsi que pour endommager les équipements électriques. Cleo Bertelsmeier, une experte en insectes invasifs à l’Université de Lausanne, appelle à une action immédiate pour contrôler cette invasion. James Wetterer, entomologiste à la Florida Atlantic University, note que les conditions climatiques favorables à cette espèce de fourmis ont été mieux étudiées que probablement toute autre espèce de fourmi. Autrement dit, on connait les dégâts qu’elles peuvent provoquer…
Les chercheurs à l’origine de la nouvelle étude planifient une campagne d’éradication en Sicile. Ils vont chercher à détruire les nids connus et à surveiller la région pendant plusieurs années pour s’assurer qu’aucune fourmi ne s’échappe. Selon Kaufmann, il semble possible de contrôler cette invasion, notamment parce que la réglementation européenne a été mise à jour l’année dernière pour exiger l’éradication de quatre espèces de fourmis invasives, y compris S. invicta, dans les 3 mois suivant leur découverte.
La tâche va être ardue, mais il existe des exemples de réussite dans la lutte contre les fourmis de feu rouges. La Nouvelle-Zélande est le seul pays à avoir complètement éradiqué ces fourmis après une invasion. De son côté, l’Australie a réussi à stopper six incursions dans ses ports depuis 2001, dont une qui comptait au moins 370 colonies réparties sur plus de 8.300 hectares. Le pays continue cependant de lutter contre une infestation qui s’est étendue à 600.000 hectares, des efforts qui ont coûté des millions de dollars.
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