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Mars : Curiosity arrive dans la zone de vérité après trois ans d’effort

Mieux vaut tard que jamais pour Curiosity, qui a eu toutes les peines du monde à atteindre la fameuse crête de Gediz Vallis.

L’armada martienne de la NASA se porte très bien en ce moment; le vénérable rover Curiosity a enfin réussi à atteindre une destination précaire qui lui résistait depuis trois longues années. Et de son côté, le petit hélicoptère Ingenuity a également battu son propre record d’altitude.

Mars n’a pas toujours été le désert écarlate que l’on connaît aujourd’hui. Il fut un temps où la Planète rouge recelait de grandes quantités d’eau qui charriaient de véritables torrents de boue et de débris.

Les traces de ce passé sont particulièrement visibles aux abords d’Aeolis Mons, aussi appelé mont Sharp. Il s’agit d’une montagne dont la silhouette de 5,5 km de haut domine le cratère de Gale. Un vaste écoulement d’eau sur un des flancs de l’édifice a laissé derrière lui une structure en éventail qui a été érodée par les vents, donnant naissance à une imposante crête.

Pour les chercheurs, c’est ce site appelé Gegiz Vallis qui est donc très intéressant. Il renferme des preuves directes de la présence d’eau sur Mars, ainsi que de nombreux indices sur son histoire géologique. Curiosity a donc été dépêché sur place en 2020 afin de mener l’enquête… mais tout ne s’est pas passé comme prévu.

Trois ans de pèlerinage

La zone était encore plus escarpée que prévu, et jonchée d’obstacles rocheux. Une topologie qui n’a pas facilité la vie au pauvre rover, dont les talents d’escaladeur sont assez limités. En 2021, il s’est retrouvé dans un premier cul-de-sac après avoir escaladé le Fronton de Greenheugh, une formation rocheuse qu’il a eu toutes les peines du monde à franchir. Incapable de rebrousser chemin, il a donc dû chercher une autre route.

Et le premier choix des ingénieurs s’est avéré être une mauvaise pioche; le chemin était jonché de rocailles acérées qui leur ont rappelé de mauvais souvenirs. La dernière fois que le rover avait tenté de traverser ce genre de terrain miné, une de ses roues avait subi des dommages irréversibles. Il n’était donc question de retenter l’expérience sous peine de mettre la mission en péril. Curiosity a du faire volte-face.

Il y a quelques mois, la NASA pensait enfin avoir trouvé le point d’accès idéal à proximité de la Marker Band Valley. Mais là encore, une mauvaise surprise attendait les ingénieurs au détour de ce point de passage. Curiosity s’est retrouvé sur une pente jonchée de petits gravillons que la NASA a comparée à un toboggan. Une situation précaire, car au moindre faux pas, l’engin aurait pu déraper sur une longue distance. Cela aurait été une très mauvaise nouvelle pour les roues, et cette glissade aurait même pu se conclure avec un retournement synonyme de fin de mission.

Le jeu en valait la chandelle

Après plusieurs semaines de manœuvres délicates, les opérateurs ont finalement réussi à extraire Curiosity de ce pétrin. Il a donc pu prendre la route de la fameuse terre promise, la crête de Gediz Vallis, qu’il a atteint à la mi-août. Le rover s’est penché sur les particularités géologiques de la zone, et selon la NASA, ce voyage ô combien périlleux valait le détour.

Dans sa dernière mise à jour qui date du 18 septembre, la NASA explique que Curiosity est tombé nez à nez avec de grands rochers sombres qui n’étaient visiblement pas originaires de la crête. Tout indique qu’ils ont été charriés par les éboulements depuis une zone plus élevée du mont Sharp. Pour la NASA, c’est une belle trouvaille, car cela leur permet d’étudier indirectement cette zone que Curiosity ne sera jamais capable de visiter lui-même.

Il a aussi pu observer en détail la fameuse structure en éventail mentionnée en début d’article. Une belle récompense pour les chercheurs, qui pourront en tirer des informations sur la géologie de Mars… et même de la Terre. “Les résultats de cette campagne vont nous permettre de mieux expliquer ces phénomènes, non seulement sur Mars mais aussi sur Terre, où ils peuvent donner lieu à des catastrophes naturelles”, explique William Dietrich, membre de l’équipe de la mission.

Les chercheurs sont encore en train d’éplucher les données, mais Curiosity s’est déjà tourné vers son prochain défi. Désormais, il va viser encore plus haut – littéralement, puisqu’il va tenter de se frayer un chemin vers le canal qui surplombe la crête. La NASA espère y trouver des indices sur l’origine de l’eau qui a un jour dévalé les pentes du mont Sharp. Cette nouvelle expédition s’annonce donc tout aussi passionnante que la précédente.

Le voyage de Curiosity vers le canal de Gediz Vallis
© NASA/JPL-Caltech/ESA/University of Arizona/JHUAPL/MSSS/USGS Astrogeology Science Center

Un record d’altitude pour Ingenuity

Curiosity n’est pas le seul à avoir rapporté de bonnes nouvelles. En parallèle, le petit hélicoptère Ingenuity qui accompagne Perseverance a aussi fait des siennes. Le 16 septembre, à l’occasion de son 59e vol, il s’est élevé à 20 mètres d’altitude, son record personnel.

À première vue, ce chiffre n’a rien de très impressionnant, surtout que ce vol ne comportait aucun déplacement horizontal. Il s’est simplement élevé à la verticale pendant deux minutes et demie avant de se reposer. Mais il s’agit quand même d’un succès significatif pour les chercheurs.

Pour commencer, ces vols statiques sont très utiles pour effectuer les repérages qui constituent désormais sa mission principale. Pour rappel, à l’origine, ce petit bijou de technologie n’était censé voler qu’à cinq reprises. Mais il a tellement bien fonctionné que la NASA a choisi d’en faire l’éclaireur attitré du rover Perseverance. Et à ce jour, il continue de contribuer activement à l’aventure du rover.

Le second objectif, d’Ingenuity, c’est de servir de précurseur. Ses performances ont été tellement impressionnantes jusqu’à présent que l’agence a décidé de lui construire deux petits frères. Ils contribueront au retour des échantillons de Perseverance lors de la mission Mars Sample Return, à partir de 2030.

Avant cette échéance, la NASA collecte donc autant de données que possible sur le vol atmosphérique martien, un exploit qu’Ingenuity a été le premier à réaliser. Chaque record aide ainsi les ingénieurs à savoir ce qu’ils pourront attendre de ses successeurs.

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Source : NASA

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