En octobre 2022, Elon Musk rachetait le réseau social Twitter pour 44 milliards de dollars. Le milliardaire a entrepris un grand chantier pour transformer la plateforme. Cela a commencé avec l’introduction de la fameuse offre payante Twitter Blue, mais ce n’était qu’un début. Il a enchaîné avec une myriade de modifications, allant jusqu’à changer le nom et l’identité du réseau. Terminé Twitter, place à X. Et apparemment, cette mutation va s’accompagner d’un énorme changement de philosophie ; Musk a annoncé clairement qu’il envisageait de mettre fin à la gratuité du réseau.
Tout est parti d’une conversation avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, diffusée ce lundi sur la plateforme. Cet entretien portrait avant tout sur l’IA et sa régulation. Mais en cours de route, Musk a tout de même lâché une petite phrase dont les retombées pourraient être considérables ; il a déclaré que X allait se « diriger vers un petit paiement mensuel ».
LIVE: Speaking with @elonmusk about how we can harness the opportunities and mitigate the risks of AI for the good of civilization. https://t.co/XiAQwOXzcP
— Benjamin Netanyahu – בנימין נתניהו (@netanyahu) September 18, 2023
L’arme nucléaire de la guerre anti-bots
Si l’on en croit Musk, ce changement de direction lourd de conséquences ne serait pas une affaire d’argent. L’objectif ne serait pas de renflouer les caisses du réseau, mais de lutter contre les bots.
Depuis qu’il a annoncé son projet de racheter Twitter, ces derniers sont devenus une préoccupation constante, pour ne pas dire une vraie obsession. Dès le début de l’affaire, il avait tenté de négocier le prix du réseau à la baisse en expliquant que le nombre de bots avait été largement sous-estimé (voir notre article). Une fois la vente conclue, l’une de ses premières décisions en tant que dirigeant a été de placer la lutte contre les bots au centre des priorités.
Depuis, il continue de mener une véritable croisade contre ces comptes automatisés qui polluent la plateforme, avec un succès mitigé. Il a donc présenté ce paywall comme une sorte d’arme fatale qui permettrait d’en finir une bonne fois pour toutes avec cette invasion. « C’est la seule façon que je connais de combattre de vaste armée de bots », a-t-il expliqué. « Les bots coûtent une fraction de centime ; s’ils doivent payer ne serait-ce que quelques dollars, leur prix effectif devient très élevé ».
Une « place publique » pas si publique que ça
Il faut admettre que le raisonnement tient la route. Car en plus du coût, cette approche limiterait grandement la marge de manœuvre des créateurs de bots, sachant que tous les comptes doivent être associés à un moyen de paiement unique. Malgré tout, cette contre-mesure semble aussi incohérente avec le principal objectif de Musk.
Le milliardaire, qui se présente comme un « absolutiste de la liberté d’expression », a longuement insisté sur le fait qu’il voyait le réseau comme une « place publique numérique » où chaque individu pourrait participer à n’importe quel débat. De nombreux utilisateurs du réseau estimaient déjà que l’arrivée de la formule payante allait à l’encontre de cette philosophie, sachant qu’en pratique, elle est indispensable pour bénéficier d’une certaine exposition.
Dans ce contexte, l’arrivée d’un nouveau paywall suscitera probablement de vives réactions, car il contribuerait à ériger de nouvelles barrières autour de cet espace d’échange prétendument universel. La lutte contre le bots en vaut-elle la peine ? Difficile à dire en l’état.
Pour l’instant, rien ne garantit que X va bientôt devenir payant. Musk est connu pour être volubile, mais toutes ses idées ne se concrétisent pas forcément. Il conviendra donc de suivre ses prochaines déclarations pour voir s’il compte aller au bout du processus, ou s’il ne s’agit que d’un exercice de pensée dans le cadre de la lutte contre les bots.
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