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Les sites pour ados sont remplis de prédateurs sexuels, mais les interdire ne changera rien

Depuis quelques jours, un site de rencontre pour ados infesté de pédocriminels a remis la sécurité des mineurs au cœur du débat en France.

Depuis quelques jours, l’inquiétude enfle autour de la plateforme rencontre-ados.net. Ce site de rencontre destiné aux “jeunes de 13 à 25 ans” attire de plus en plus de prédateurs sexuels à la recherche de mineurs. Créé en 2006, l’endroit se présente comme un espace d’échange amical ou amoureux pour adolescents et jeunes adultes. Dans les faits, il suffit de créer un faux profil mettant en scène une jeune fille mineure pour recevoir des dizaines de messages, exclusivement envoyés par des hommes plus âgés.

Après quelques interpellations sur les réseaux sociaux, le site est signalé sur Pharos par une internaute désemparée de voir ses enfants “en danger perpétuel sur Internet“. Pour autant, rien ne change. En s’inscrivant sur la plateforme et en se faisant passer pour une mineure de 13 ans sans photo, il faut moins de cinq minutes pour voir notre boîte mail se remplir de message, certains très explicites.

Interdire ne sert à rien

Avec un lancement il y a plus de 15 ans, la plateforme rencontre-ados.net n’est pas nouvelle. Reste que la cristallisation des débats autour de la protection des mineurs en ligne se fait de plus en plus pressante. La régulation de l’accès aux sites pornographiques fait l’objet de débats passionnés depuis le début de l’année, mais les plateformes X ne sont visiblement pas les seules à poser problème en matière de sécurité infantile.

Le concept même de rencontre-ados.net est problématique parce qu’il offre aux prédateurs sexuels des dizaines de profils très jeunes sur un plateau d’argent. Reste que le site n’est pas le seul à héberger des pédocriminels en puissance. TikTok et Instagram aussi regorgent de communautés souterraines où des adultes se font passer pour des adolescents, dans le but d’obtenir des photos ou des vidéos à caractère sexuel. Toutes les plateformes sont concernées, et le phénomène n’est pas nouveau. Il suffit de citer les chats Skyrock, Chatroulette et même MSN pour réaliser que les adolescents des années 1990 et 2000 n’étaient pas plus épargnés.

Rencontre ados
© JDG

Depuis l’année dernière, une loi oblige les mineurs de moins de 15 ans à obtenir une autorisation parentale pour s’inscrire sur une plateforme sociale. En attendant la publication de son décret d’application, le gouvernement peine à faire bouger les lignes. La loi du 7 juillet 2023 visant à instaurer une majorité numérique permettra à priori de contrôler l’âge minimal d’inscription sur un site en ligne, mais rien n’indique qu’elle sera suffisante. De plus, elle n’empêchera toujours pas les adultes de se faire passer pour des mineurs.

À cela s’ajoute la difficulté de poursuites, même lorsque des comportements cyberpédocriminels sont constatés. Dans le cas de rencontre-ados.net, le site est localisé à l’étranger (en Belgique). De quoi compliquer l’ouverture d’une enquête, précise le secrétariat d’État en charge de l’Enfance.

Réglementer, mais comment ?

Dans un échange avec nos confrères de Franceinfo, la secrétaire d’État en charge de l’Enfance Charlotte Caubel a admis qu’une interdiction était à exclure. “L’objectif n’est pas d’interdire certains sites parce qu’on sait très bien que ça conduira les enfants et les ados et les adultes à aller sur d’autres. L’objectif, c’est de réglementer“.

Reste à savoir comment une réglementation pourrait s’appliquer. À moins de suivre l’exemple du Royaume-Uni qui envisage de lever l’anonymat sur Internet en supprimant le chiffrement des messageries via la Online Safety Bill. Une décision largement critiquée par les défenseurs de la vie privée, qui poserait de sérieux problèmes en matière de données personnelles.

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