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10 groupes de presse appellent à la création d’un “cadre juridique” pour l’IA

Qui a peur de la grande méchante IA ?

L’intelligence artificielle menace certaines vocations, à commencer par le journalisme. Dans une tribune publiée la semaine dernière, dix groupes de presse ont exhorté les dirigeants politiques à encadrer et réguler l’utilisation de l’IA dans les médias. Pour eux, les progrès réalisés par ChatGPT et consorts ces derniers mois pourraient participer à une nouvelle vague de fake news, capable de produire “des erreurs factuelles et des informations fictives, en plus de propager des préjugés” à l’échelle mondiale. Si l’ensemble des signataires — dont fait partie l’Agence France Presse — assure “les progrès et le déploiement responsables de l’IA générative”, ces derniers réclament désormais la création d’un encadrement juridique pour “protéger les contenus qui alimentent les applications” d’information.

L’IA veut-elle la peau des journalistes ?

Les signataires ont raison de réclamer un cadre juridique autour de l’IA. Avec l’arrivée des chatbots génératifs, de plus en plus de médias se sont prêtés au jeu, en faisant rédiger des articles de presse par la machine plutôt que par l’humain. Si beaucoup se sont contentés de quelques expérimentations assumées, d’autres en revanche ont pris la tangente. En mars, le site américain CNET licenciait plusieurs de ses journalistes pour les remplacer par une IA générative. Quelques mois plus tard, Google présentait Genesis, un outil capable de rédiger automatiquement des articles de presse sous la supervision d’un journaliste humain. Officiellement, le géant du web assure qu’il n’a pas vocation à remplacer le travail des médias. Reste que cette semaine, le GAFAM dévoilait la beta d’une nouvelle fonctionnalité, cette fois destinée à résumer des publications trop longues.

Parmi les 10 signataires de la tribune publiée ce 9 août, on retrouve l’AFP ainsi que plusieurs agences de presse internationales, le groupe américain Gannett-USA Today Network, et des organismes professionnels comme la Guilde des auteurs, ou encore la News Media Alliance. Face à la prolifération des contenus générés par IA, ces derniers craignent l’arrivée massive de fake news. La situation est d’autant plus dangereuse que la confiance du grand public face aux médias est déjà au plus bas. Selon baromètre réalisé par Kantar Public pour La Croix, seuls 33% des Français font confiance aux médias en ligne rapporte nos confrères du Monde.

Davantage de transparence dans les médias

Si elle ne réclame pas la fin des expérimentations, autour de l’IA, la lettre ouverte réclame aussi davantage de transparence autour de son utilisation dans les médias. Comme pour un placement de produit sur les réseaux sociaux, il pourrait bientôt être obligatoire de mentionner qu’un article ou une photo ont été réalisés — partiellement ou non — grâce à l’intelligence artificielle. Le mois dernier, l’ONG Reporters sans frontières (RSF) annonçait la mise en place d’une commission spéciale chargée de travailler sur le sujet. D’ici la fin de l’année, une vingtaine de professionnels et d’universitaires devront livrer une première conclusion, afin de dessiner un ensemble de droits et d’obligations dans l’usage de l’IA.

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Source : Le Monde

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