C’était attendu, c’est désormais officiel : dans un communiqué, l’ESA a annoncé qu’Ariane 6, ne quittera pas le pas de tir de Kourou cette année. Il faudra patienter jusqu’en 2024. Plusieurs tests critiques prévus ces prochains mois vont conditionner la date exacte.
Ce véhicule doit devenir le nouveau fer de lance de l’aérospatiale européenne. Il succédera ainsi à Ariane 5, qui a conclu sa carrière exemplaire avec un 117e tir le 5 juillet dernier.
Plus puissante et surtout moins chère, la nouvelle fusée elle doit permettre à l’Europe de continuer d’exister dans cette industrie qui devient de plus en plus importante à chaque jour qui passe, dans un contexte où les États-Unis sont en train de prendre une avance considérable grâce au leadership de SpaceX.
Le vol inaugural d’Ariane 6 était initialement prévu en 2020. Si le processus a accumulé un retard significatif, c’est à cause de difficultés techniques, mais également de l’impact de la pandémie de Covid-19. Cette dernière a pesé de tout son poids sur les chaînes logistiques et les opérations d’ArianeGroup.
Depuis que la pandémie a régressé, le processus est reparti de l’avant. Le 23 juin dernier, l’Agence spatiale européenne a dévoilé la première photo de la fusée dressée seule sur son pas de tir, loin de l’immense portique qui permet de la transporter depuis le Bâtiment d’Assemblage Lanceur. Un signe décidément encourageant.
Le moteur Vulcain attendu au tournant
Depuis, les opérateurs multiplient les tests techniques sur ce prototype. Désormais, ce sont les moteurs-fusées Vulcain 2.1 qui sont au centre de toutes les attentions. Le 18 juillet dernier, les équipes techniques ont procédé à un test de compte à rebours qui aurait dû se terminer par une brève mise à feu.
Selon l’ESA, 90 % des objectifs de ce test ont été remplis, mais il a finalement été interrompu juste avant le démarrage du moteur à cause de certaines mesures non satisfaisantes. Ce test de mise à feu a depuis été reprogrammé le 29 août.
Vinci, qui devait tester le moteur de l’étage supérieur à Lampoldshausen à la fin du mois de juillet, a aussi rencontré des problèmes logiciels qui l’ont forcé à repousser cette échéance. Ce test devrait avoir lieu le 1er septembre. L’ESA communiquera sur les résultats lors d’un briefing prévu trois jours plus tard.
Le Vulcain arrivera enfin dans la dernière ligne droite ; il ne restera plus qu’à procéder à la répétition générale qui se terminera par un test de mise à feu prolongée. Cela permettra de valider une fois pour toutes le bon fonctionnement du système de propulsion. Ce test est prévu le 26 septembre à l’heure actuelle, sous réserve que les deux tests précédents aient apporté satisfaction.
Mettre fin à la crise des lanceurs
Le résultat de ce test sera particulièrement important ; il offrira à l’ESA les dernières informations dont elle a besoin pour définir la date précise du vol inaugural. Cette échéance est attendue avec beaucoup d’impatience.
Car depuis qu’Ariane 5 a pris sa retraite et que les Soyouz russes ont été mis sur la touche depuis l’invasion de l’Ukraine, l’Europe reste entièrement privée de lanceurs lourds. C’est également compliqué du côté des lanceurs plus légers depuis l’accident de Vega-C, le 20 décembre dernier (voir notre article).
Europe finds itself in an acute launcher crisis with a gap in its access to space and no real launcher vision beyond 2030. True crisis forces us to reflect on the causes & decisions that brought us here, to come out stronger than before. Read my OpEd👇https://t.co/s0dfMv50u3
— Josef Aschbacher (@AschbacherJosef) May 24, 2023
Cette situation, que le directeur général de l’ESA Joseph Aschbacher a qualifiée de « crise des lanceurs », a forcé l’aérospatiale européenne à chercher du renfort de l’autre côté de l’Atlantique.
Par exemple, c’est SpaceX qui a hérité du contrat pour le lancement d’Euclid (voir notre article). Le fameux télescope chasseur de matière noire a finalement décollé à bord d’un Falcon 9. Une situation inconfortable qui prive l’Europe de son autonomie spatiale, avec tout ce que cela implique au niveau économique et stratégique.
Il faudra donc toucher du doigt pour que tous ces tests se déroulent comme prévu et qu’Ariane 6 puisse prendre le chemin de l’orbite le plus rapidement possible. Il conviendra donc de suivre attentivement le briefing de l’ESA, qui se tiendra le 4 septembre à partir de midi.
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