Les adorables félins adoptés par des millions d’humains ont parfois tendance à mordiller gentiment pendant le jeu. Mais parfois, ces morsures peuvent avoir des conséquences catastrophiques. Un Britannique en a fait l’amère expérience.
D’après une étude de cas récemment parue dans la revue Emerging Infectious Diseases et repérée par Science Alert, le patient en question a été mordu à plusieurs reprises par un chat errant au niveau de l’avant-bras, près du poignet. Le document ne décrit pas les circonstances de cette rencontre fortuite, mais l’intéressé s’en souviendra probablement très longtemps.
Huit heures après l’incident, il s’est présenté aux urgences avec une main particulièrement enflée. Un médecin a nettoyé ses plaies avec une solution saline, lui a administré un rappel de son vaccin au tétanos, puis l’a renvoyé chez lui avec quelques antibiotiques qui auraient rapidement dû faire régresser l’infection.
Mais ce traitement n’a pas eu les effets escomptés. 24 heures plus tard, il était de retour avec un œdème encore plus volumineux qui s’étendait désormais du poignet aux doigts. Cette fois, les médecins ont procédé à un nettoyage chirurgical du tissu endommagé à proximité des plaies. Ils lui ont ensuite administré des antibiotiques par voie intraveineuse avant de le congédier avec un autre traitement antibiotique complémentaire. Cinq jours plus tard, l’infection avait régressé et le patient était guéri.
Une bactérie inconnue au bataillon
Cette histoire assez banale aurait donc pu s’arrêter là. Sauf que les médecins ont fait une découverte étonnante par la suite.
Pour déterminer le micro-organisme à l’origine de cette infection, ils ont mis en culture quelques échantillons des prélèvements chirurgicaux. Ces cultures ont fait émerger des Staphylococcus epidermidis, une bactérie typique de la flore de la peau. Elle est connue des chercheurs, car plusieurs souches ont développé des résistances aux antibiotiques. Ces dernières sont devenues des causes préoccupantes de maladies nosocomiales, celles qui se développent lors d’un séjour dans un établissement de soin.
Mais les auteurs de l’étude ont aussi constaté la croissance d’un autre microorganisme qui ressemblait à s’y méprendre à ce streptocoque, mais qu’ils n’ont pas réussi à identifier formellement. Ils ont alors procédé à un séquençage génétique, et étonnamment, les résultats ne correspondaient à aucune souche connue. Cette bactérie mystère se rapprochait d’autres souches de la famille Globicatella, mais présentait tout de même une différence génétique de l’ordre de 20 % par rapport à l’espèce la plus proche. Les chercheurs en ont donc conclu qu’il s’agissait d’une « espèce distincte et jamais décrite auparavant ».
Gare aux morsures !
Il ne s’agit pas d’une révolution, loin de là ; en termes de biologie pure, cette découverte est assez anecdotique. Mais les chercheurs en profitent pour rappeler que les morsures de chats sont des sources communes de zoonoses, ces maladies et infections dont les agents se transmettent naturellement entre les humains et les autres espèces animales. Ce cas particulier illustre notamment « le rôle des chats en tant que réservoirs de bactéries encore inconnues qui présentent un potentiel pathogène pour les humains ».
Il ne faut pas interpréter cette dernière phrase comme une attaque envers ces félins ; ce constat vaut également pour des tas d’autres animaux. Ce qu’il faut retenir de cette étude de cas, c’est surtout qu’il est impératif de désinfecter consciencieusement chaque plaie liée à une morsure d’animal. Et cela concerne aussi bien les animaux sauvages que votre adorable petit compagnon à poil, même si vous prenez grand soin de son hygiène.
Si on laisse l’opportunité aux micro-organismes de proliférer, cela peut conduire à des infections capables de dégénérer rapidement. Et il est possible que certaines des souches inconnues mentionnées par les chercheurs soient nettement plus dangereuse que celle décrite dans cette étude de cas. Certaine pourraient également présenter des résistances à de nombreux antibiotiques, rendant la prise en charge nettement plus délicate en cas d’urgence vitale. Mieux vaut prévenir que guérir !
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