Le mois dernier, la planète entière a suivi avec effroi le feuilleton du submersible d’OceanGate, dont l’implosion a coûté la vie à ses cinq passagers, y compris le PDG et fondateur Stockton Rush. Mais ce drame n’a pas empêché ses partenaires de se projeter vers l’avenir. Selon le Business Insider, Guillermo Söhnlein, cofondateur de la firme sinistrée, maintient le cap sur un projet très ambitieux. Terminée, l’aventure OceanGate; il se concentre désormais sur sa fondation Human2Venus, qui envisage d’installer une colonie sur la planète tellurique la plus hostile de notre voisinage cosmique.
À première vue, l’idée semble exceptionnellement saugrenue. Ce n’est pas un hasard si elle est parfois surnommée la « jumelle diabolique de la Terre ». En dépit de leurs tailles quasiment identiques (12 756 kilomètres de diamètre pour la Planète bleue contre 12 104 pour l’Étoile du Berger), elles sont radicalement opposées sur un point particulièrement important : leur propension à accueillir la vie telle qu’on la connaît.
Une planète infernale à bien des égards
Si l’humanité a pu prospérer sur Terre, c’est grâce à ses vastes réserves d’eau liquide, à son atmosphère composée en partie de dioxygène et à sa végétation luxuriante. Sur la deuxième planète du système solaire, c’est tout le contraire. Aucune sonde n’y a trouvé la moindre trace d’eau. Et même s’il en existait sur place, ce ne serait dans tous les cas pas à l’état liquide.
En effet, l’atmosphère de Vénus est exceptionnellement dense, environ 90 fois plus que celle de la Terre. Il en résulte une pression écrasante, très largement au-delà de ce que nos pauvres poumons seraient capables d’endurer.
De plus, elle est composée en majorité de dioxyde de carbone. C’est un puissant gaz à effet de serre. Nous le constatons déjà sur Terre, où il est l’un des principaux responsables du réchauffement climatique d’origine humaine alors qu’il ne compose qu’environ 0,04 % de notre atmosphère. Mais sur Vénus, ce chiffre dépasse les 95 %. La composition et la densité de l’atmosphère vénusienne en font un redoutable piège pour la chaleur. La surface a été mesurée à plus de 450 °C, largement au-delà du point de fusion du plomb sur Terre. Une véritable cocotte minute infernale.
De plus, la température et la pression terrifiante de la surface ne sont pas les seuls obstacles. La composition de l’atmosphère est tout aussi dangereuse. En plus du dioxyde de carbone, elle contient aussi du dioxyde de soufre, du chlorure d’hydrogène, de la phosphine ou encore de l’acide sulfurique. Tous ces gaz sont extrêmement toxiques pour les humains, mais certains sont aussi fortement corrosifs, en particulier le dernier.
Et cela pose un gros problème pour les machines et les structures métalliques. On comprend aisément pourquoi aucune sonde n’a jamais réussi à survivre plus de deux heures sur place.
Une station flottante capable d’accueillir 1000 personnes
De nombreux spécialistes considèrent donc qu’il est tout simplement illusoire d’espérer coloniser Vénus à court ou à moyen terme. Mais Söhnlein n’est pas de cet avis. Pour permettre à l’humanité de s’y installer en dépit de ces conditions particulièrement hostiles, il a ressorti un vieux concept très audacieux : installer une station flottante à une cinquantaine de kilomètres de la surface.
A cette altitude, les températures, la pression, l’intensité des radiations et la gravité sont quasiment comparables à la surface de la Terre. Pour finaliser l’engin capable d’héberger 1000 personnes décrit par Söhnlein, il faudrait tout de même qu’il soit capable de résister aux puissants vents chargés d’acides qui menacent de réduire n’importe quelle structure en charpie.
Au premier abord, cela semble très ambitieux. Mais Söhnlein y croit dur comme fer. Il considère même que son projet est moins déraisonnable que celui d’un certain milliardaire féru d’exploration spatiale. « Je pense que c’est faisable », a-t-il déclaré au Business Insider. « Je pense que c’est moins ambitieux que d’envoyer un million de personnes sur Mars d’ici 2050 », en référence au rêve de colonisation d’Elon Musk.
Pourquoi envoyer des humains vers Vénus ?
Au-delà de la question du comment, il en reste une autre tout aussi importante : pourquoi diable des humains iraient-ils s’aventurer dans un endroit aussi dangereux, alors que la Lune et Mars sont à la fois plus faciles d’accès et nettement moins hostiles ?
La réponse est déjà beaucoup plus évidente. Si les chercheurs y ont déjà envoyé des sondes à l’intérieur de son atmosphère en sachant parfaitement qu’elles n’y survivraient pas bien longtemps, ce n’est pas simplement pour le plaisir de dilapider l’argent du contribuable. D’un point de vue scientifique, Vénus est une véritable malle aux trésors qu’il est très difficile d’étudier de l’extérieur, en partie à cause de la densité de son atmosphère.
De par son statut de “jumelle” de la Terre, les planétologues espèrent en tirer des informations précieuses pour comprendre l’évolution de notre planète et de ses semblables, ainsi que de leurs climats respectifs. Pour y parvenir, ils comptent notamment étudier ses innombrables volcans, dont l’activité a enfin été confirmée sans ambiguïté en mars dernier.
En plus du volcanisme, les chercheurs s’intéressent aussi à son activité sismique, à l’étonnante absence d’éclairs, à ses vents très rapides, ou encore aux conséquences de son champ magnétique particulièrement faible.
Mais surtout, Vénus est une cible privilégiée dans le cadre d’une des quêtes les plus fascinantes de l’histoire de la science : la recherche de vie extraterrestre. Certains scientifiques ont en effet avancé que l’atmosphère supérieure de Vénus pourrait être compatible avec la présence de certains organismes extrémophiles. Et il reste toujours l’hypothèse d’espèces complètement exotiques, non basées sur le carbone et donc radicalement différentes de la vie telle qu’on la connaît sur Terre.
Le sujet délicat de la balance bénéfice-risque
À l’heure actuelle, le cofondateur d’OceanGate reste pour le moins évasif sur la manière d’atteindre son objectif de station vénusienne. Mais il estime que les progrès techniques à venir pourraient permettre à Human2Venus d’y parvenir d’ici 2050, à deux conditions : encourager l’innovation… et accepter une part de risque considérable.
« Oubliez OceanGate, oubliez Titan. Oubliez Stockton. L’Humanité pourrait être à deux doigts d’une grande avancée et rater le coche. […] Je ne pense pas que ça devrait avoir une connotation négative, parce qu’on pourrait presque dire que c’est un élément critique de la marche en avant de l’humanité », explique-t-il. Même s’il l’exprime de manière plus délicate, cette philosophie ressemble à celle de son feu partenaire Stockton Rush.
Pour rappel, le défunt PDG d’OceanGate avait défrayé la chronique en affirmant qu’« à un certain point, la sécurité, c’est du gâchis net ». Pour lui, tout était « une question de balance bénéfice-risque » — avec les conséquences que l’on connaît aujourd’hui.
Heureusement, d’autres engins inhabités repartiront explorer cette planète fascinante bien avant 2050. On peut citer la mission EnVision de l’ESA, ou encore DAVINCI et VERITAS du côté de la NASA – même si cette dernière a pris du plomb dans l’aile cette année (voir notre article).
Espérons donc que si le projet de Söhnlein arrive à maturité, ces missions lui permettront de se montrer plus clairvoyant que son prédécesseur sur l’équilibre à atteindre avant d’expédier 1000 personnes vers ce véritable enfer cosmique.
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Il me tarde de voir la scène façon Hunger Games “I volunteer as tribute”
Vu l’XP qu’ils ont avec le milieu sous marin, on imagine bien la confiance des futurs candidats pour tester la chose.
Personne ne voudra monter à bord l’entreprises a perdu toutes sa crédibilité ^^
C’est logitech aussi qui va faire les commandes de bord ???
Taré de milliardaire 😂
Ce qu’on fait c’est qu’il y va et on regarde à la télé avec un sceau de pop corn