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Non, l’ancêtre de la Barbie n’est pas un sextoy

Contrairement à ce que raconte une légende urbaine persistante, Barbie n’est pas inspirée d’un sextoy des années 1950.

Depuis la sortie de Barbie au cinéma, la poupée de Mattel s’est offert une seconde jeunesse. Le rose bonbon a investi les réseaux sociaux, et le monde entier se (re)prend de passion pour le jouet de plastique. Au milieu des critiques enthousiastes pour le film de Greta Gerwig, certains fun facts historiques resurgissent sur le passé sulfureux de Barbie.

Une poupée sexuelle à l’origine de la Barbie ?

Dans un article du Washington Post publié cette semaine, le média américain revient sur l’histoire du groupe Mattel et de sa figurine star. Derrière les paillettes et les talons hauts, la poupée Barbie aurait pour ancêtre un autre jouet : la Bild Lilli. Fabriquée en Allemagne depuis le milieu des années 1950, la jeune femme de plastique arbore la même morphologie imaginaire que son sosie américain, avec des jambes interminables, une taille fine et une chevelure blond platine.

Selon la légende commerciale qui entoure l’histoire de Barbie, c’est Ruth Handler — cofondatrice du groupe Mattel — qui aurait découvert la Bild Lilli lors d’une escapade en Suisse. La femme d’affaires serait alors tombée sous le charme de la poupée à la queue de cheval. De retour aux États-Unis, elle fait importer une dizaine de modèles. L’une est un cadeau pour sa fille, les autres sont destinées à servir de base à un nouveau projet chez Mattel. Trois ans plus tard, la poupée Barbie est commercialisée.

Pas de sextoy à l’horizon

Si l’origin story de la Barbie est rocambolesque, c’est parce que beaucoup ont prêté à la Bild Lilli le titre de première poupée sexuelle de l’histoire moderne. Un jouet pour petite fille inspiré d’un sextoy, forcément c’est croustillant. Pourtant, une fois n’est pas coutume, l’histoire est teintée de fake news.

Oui, la Bild Lilli s’inspire d’une bande dessinée grivoise publiée au début des années 1950. À l’époque, le magazine met en scène une pin-up sulfureuse, dont les aventures sont à déconseiller aux plus jeunes. Les illustrations sont aguicheuses, mais jamais pornographiques. Reste que le succès est au rendez-vous. En 1955, le personnage s’offre une figurine à son effigie grâce à Max Weissbrodt, qui travaille à l’époque pour la société Hausser.

La pin-up allemande est surtout connue chez les hommes adultes, sa figurine est donc logiquement vendue en bureaux de tabac, et elle ne se destine pas de suite aux enfants. En revanche, et contrairement aux légendes urbaines persistantes, le produit dérivé n’a jamais été un sextoy. À l’époque, la poupée mesurait 30 cm de haut. Son physique correspondait aux standards de beauté, mais comme Barbie après elle, ses parties intimes avaient déjà disparu de son entrejambe.

Si la Bild Lilli était donc bel et bien une “caricature pornographique“, indique le chercheur Antony Ferguson dans son livre The sex doll : a history, la poupée n’a jamais été commercialisée comme un sextoy. De même que Barbie, dont le physique s’inspire des canons de beauté inatteignables des années 1960, n’a jamais été calquée sur le modèle d’une poupée sexuelle.

Reste que si Barbie n’est pas l’héritage d’un jouet érotique, elle a été largement sexualisée tout au long de sa vie. À 64 ans, la poupée a conditionné les idéaux physiques de plusieurs générations d’enfants biberonnés aux corps parfaits. Depuis quelques années, Mattel a fait le choix de revoir sa stratégie, en ajoutant à son catalogue des physiques plus variés. Une décision payante, qui a permis à l’entreprise de moderniser son image, mais surtout de booster ses ventes.

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