Des chercheurs canadiens et chinois ont récemment publié une description d’un fossile particulièrement spectaculaire et surtout unique en son genre ; cette pièce âgée d’environ 125 millions d’années remet en question ce que les paléontologues pensaient savoir de la chaîne alimentaire à l’époque du Crétacé.
Ce fossile a été exhumé en dans la province de Liaoning, en Chine, plus précisément sur le site de Liujitun. C’est une zone bien connue des spécialistes, car elle regorge de fossiles exceptionnellement bien préservés d’animaux ensevelis rapidement sous des coulées de boues et des éruptions volcaniques.
Le « Pompéi des dinosaures »
Pour les chercheurs, c’est une ressource formidable. Car à cause de la rapidité de ces catastrophes naturelles, les victimes ont souvent été cueillies à froid. De nombreuses espèces ont été pétrifiées au beau milieu de leurs activités quotidiennes.
Cela permet aux spécialistes de tirer des informations non seulement sur leur anatomie, mais aussi sur leur comportement. Pour cette raison, Liujitun est souvent surnommé « Pompéi des dinosaures », en référence à la ville italienne figée pour l’éternité par une éruption soudaine du Vésuve.
Et ce fossile en est un exemple frappant. Il comporte deux individus différents. Le premier est un Psittacosaurus, un petit dinosaure cornu de la taille d’un gros chien. À ses côtés, on trouve un Repenomamus robustus, un mammifère nettement plus petit dont la morphologie se rapproche des blaireaux actuels. Ils ont été surpris en plein combat à mort ; le second était en effet agrippé au premier, qu’il essayait de dévorer tout cru malgré la différence de taille.
Une attaque féroce qui enterre une idée tenace
S’il s’agit d’une trouvaille remarquable, c’est qu’à l’époque du Crétacé, ces reptiles régnaient en maître sur notre planète. En règle générale, les paléontologues considèrent que les dinosaures n’avaient pas vraiment à se soucier des autres espèces — et surtout pas des mammifères, qui étaient encore très loin de leur domination actuelle. Certes, ils étaient capables de dévorer des œufs ou des individus particulièrement jeunes. Mais les chercheurs pensaient qu’ils ne s’attaquaient pas aux individus adultes.
Pourtant, l’histoire que raconte ce fossile ne laisse que très peu de place à l’interprétation. Le Repenomamus était fermement agrippé à la mâchoire et à la jambe de sa victime, les dents plantées dans ses côtes. Le Psittacosaurus, de son côté, était recroquevillé sur lui-même, visiblement en état de choc. Un comportement qui rappelle celui de certains prédateurs actuels, comme les carcajous ou les hyènes.
De plus, l’absence de marque de dents sur les os montre qu’il ne s’agissait pas d’un festin charognard. Il n’y a presque aucun doute : il s’agissait bien de prédation active.
« Les preuves suggèrent qu’une attaque était en cours », explique Jordan Mallon, paléontologue au Musée canadien de la Nature et co-auteur de l’étude. « La coexistence de ces animaux n’est pas nouvelle, mais ce qui est nouveau pour la science avec cet incroyable fossile, c’est le comportement de prédateur qu’il montre », précise-t-il.
Le meilleur reste à venir
Et cette découverte précieuse n’est probablement que la partie émergée d’un immense iceberg. Dans leur papier, les chercheurs suggèrent que le linceul volcanique de Lujiatun recèle certainement des tas d’autres trésors fossilisés de ce genre.
Ils s’attendent à trouver de nouvelles preuves d’interactions entre espèces au milieu de cette gigantesque archive paléontologique. Une vraie mine d’or pour les spécialistes, sachant qu’il est autrement très difficile de tirer des conclusions claires sur le mode de vie de la faune de l’époque.
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