La semaine dernière a été marquée par de violentes émeutes dans toute la France, après la mort d’un adolescent de 17 ans, tué par un policier pendant un contrôle routier à Nanterre dans les Hauts-de-Seine. Depuis mercredi 28 juin, les manifestations se sont multipliées, et les images violentes ont envahi les réseaux sociaux. Sur Twitter, Snapchat et TikTok notamment, les manifestants ont documenté leurs affrontements avec les forces de l’ordre. De nouveaux outils qui jouent un rôle clé dans les évènements survenus récemment.
Organiser les émeutes, documenter… le nouveau rôle des réseaux sociaux
Depuis plusieurs jours, les contenus liés aux émeutes sont en tête des recherches sur les réseaux sociaux. C’est un effet boule de neige qui a eu lieu : d’un côté, bon nombre de médias comme Brut ont utilisé les plateformes pour documenter les violentes manifestations survenues partout en France. De l’autre, les émeutiers ont pu compter sur le caractère social de Snapchat et Twitter pour s’organiser et coordonner leurs actions, notamment grâce à certaines fonctionnalités comme la “Snap Map“, qui permet de voir en temps réel la position de certains évènements.
Pas d’anonymat sur les réseaux sociaux
Reste que si les plateformes sociales ont joué un rôle nouveau dans l’organisation des émeutes, Snapchat et les autres vont devoir rendre des comptes. Lors d’un déplacement à Créteil dans le Val-de-Marne ce week-end, le ministre de la Justice, Éric Dupond-Moretti a condamné les violences filmées, et mis en garde les internautes qui partagent des lieux de rassemblements sur leur compte. “Si vous balancez des trucs sur Snapchat, on va le péter (le compte, NDLR). Je veux que la jeunesse sache de façon claire que les procureurs de ce pays iront chercher les identités des jeunes. Que personne ne pense que derrière les réseaux sociaux, il y a l’impunité“.
Impossible régulation ?
Les sanctions devraient donc tomber a posteriori. En attendant, il semble impossible d’empêcher les internautes de partager en temps réel des informations sur les manifestations, surtout sur des réseaux sociaux où les contenus disparaissent au bout de 24 heures. Le président de la République Emmanuel Macron a tenté de se montrer ferme, en appelant à la responsabilité des principales plateformes concernées, et en promettant un retrait rapide des contenus les plus sensibles.
Il faut dire qu’au-delà de permettre aux émeutiers de s’organiser, la diffusion d’images violentes en tendance sur les réseaux sociaux soulève aussi la question de la sécurité des plus jeunes. La France vient tout juste de voter la majorité numérique à 15 ans, et s’empêtre depuis plusieurs mois sur l’accès prématuré des mineurs à la pornographie en ligne. Diffuser des images de heurts et d’affrontements armés à la vue de tous n’était sans doute pas dans les plans du gouvernement.
Vendredi 30 juin dans l’après-midi, les représentants de Meta, Twitter, Snapchat et TikTok ont ainsi rencontré le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin et celui du numérique, Jean-Noël Barrot, dans l’objectif de “répondre promptement aux réquisitions des autorités administratives et judiciaires“.
Émeutes 3.0
Dans tous les cas, les réseaux sociaux ont joué le rôle de catalyseur, en donnant à voir les dégradations et les violents affrontements entre manifestants et forces de l’ordre. Une approche radicalement différente des émeutes survenues en 2005, où les médias officiels étaient les seuls garants des images qui circulaient auprès du grand public. Désormais, n’importe qui peut s’improviser reporter de guerre, et partager des images avec des milliers de spectateurs, parfois en direct.
Reste que si les plateformes participent à mettre en lumière les tensions entre les manifestants et les forces de l’ordre, elles n’en sont pas la cause. Interrogée par l’AFP, l’experte en gouvernance de l’internet et modération des contenus en ligne Leïla Mörch tempère : “En 2005, il n’y avait pas les réseaux sociaux et les émeutes avaient duré le temps que l’on connaît (21 jours NDLR)“. Censurer les réseaux sociaux pourrait même avoir l’effet inverse, en créant un sentiment liberticide chez les contestataires.
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Ah ? C’est pas la faute des jeux vidéos finalement ?
Hier c’était celle des parents, aujourd’hui des réseaux sociaux.
Combien de jours avant que peut être que ça vient aussi des politiques ?