Paysages de France est une association de protection de l’environnement qui a été créée en 1992 et dont l’objectif est de lutter contre toute forme de pollution visuelle dans les paysages de l’Hexagone. Elle intervient sur les questions de publicité extérieure, d’enseignes commerciales, de mobilier urbain, d’éclairage nocturne ou encore d’architecture.
L’association se base sur le code de l’environnement (qui définit les règles applicables en matière d’affichage publicitaire) et sur les règlements locaux de publicité qui peuvent être adoptés par les communes pour adapter ces règles à leur contexte. Elle effectue ainsi des actions de sensibilisation, de conseil mais aussi de contentieux lorsqu’elle identifie des infractions à la réglementation. Sur son blog, elle alerte souvent sur la dégradation des paysages.
Les villes les plus moches, outil de communication
Depuis 2018, Paysages de France organise chaque année le classement des villes les plus moches de France. Il s’agit avant tout d’un outil de communication qui vise à attirer l’attention du public sur les problèmes de pollution visuelle et à inciter les élus à agir pour améliorer l’esthétique et la qualité de vie de leurs territoires.
Le classement n’est pas exhaustif, ni représentatif : il repose sur des photos prises par les adhérents de l’association dans différentes communes de France, qui illustrent des situations jugées aberrantes du point de vue du paysage. L’association précise avec humour : “le beau, le moche, c’est bien sûr subjectif. À chacun donc d’ouvrir les yeux et de porter son propre regard sur les lieux retenus”. Dans son communiqué de presse, elle précise aussi “il ne s’agit pas d’un classement des villes les plus moches mais de quatre endroits de France, dans quatre communes de France, qui, pour nous, représentent un peu de la France moche”.
Le palmarès annuel se décline en quatre catégories : le prix de la “campagne” publicitaire, le prix de la [triste] banalité, le prix de l’agression du paysage et le prix de la “mise en lumière”. Chaque année, quatre communes sont ainsi distinguées par ces prix peu enviables. Et chaque année, les élus locaux se plaignent de cette mauvaise presse dont ils se seraient bien passés. En général, ils tentent vite de résoudre la défiguration visuelle du paysage mis en lumière.
Et le palmarès 2022
En 2022, le classement des villes les plus moches a été dévoilé à la fin novembre sur le blog et les réseaux sociaux de l’association. Le prix de la “campagne” publicitaire a été attribué à la ville Moussac, dans le Gard, pour son avenue des Loisirs bordée de panneaux publicitaires en tous genres. L’association ironise sur cette “avenue qui porte bien son nom : la lecture de tous ces panneaux permet aux automobilistes de ne pas s’endormir au volant et d’avoir tout ‘loisir’ de choisir une activité”.
Ensuite, le prix de la [triste] banalité a été décerné à la ville d’Aubière (Puy-de-Dôme) pour sa zone commerciale. L’association dénonce cette “zone commerciale [qui] ressemble parfaitement à la plupart des zones commerciales de France”. Ensuite, le prix de l’agression du paysage a été remis à Saint-Paul, à La Réunion, pour sa ribambelle de publicités sur la chaussée Royale. L’association s’indigne de ce “cocktail” composé “de trois doses de whisky, une dose de SUV”.
Enfin, le prix de la “mise en lumière” a été attribué à Villard-de-Lans, dans l’Isère, pour son panneau numérique qui occulte le paysage. L’association se moque de ce “panneau numérique qui nous informe […] qu’il est 16h35 et qui… nous montre le paysage qu’on pourrait voir s’il n’était pas là !”.
Les réactions de la part des élus
Le classement des villes les plus moches ne fait pas l’unanimité auprès des élus locaux, qui se sentent stigmatisés ou injustement ciblés par l’association. Certains dénoncent une démarche subjective ou malveillante, qui ne prend pas en compte les efforts réalisés par les communes pour embellir leur cadre de vie. Les clichés sont pris par des adhérents et ne constituent pas une analyse exhaustive des lieux.
Face aux plaintes des villes élues dans les palmarès passés, l’association aime rappeler qu’elle ne cherche pas à stigmatiser mais simplement “à mettre en évidence des atteintes à des paysages urbains”. Elle se félicite toutefois de voir les élus prendre des mesures à l’encontre des emplacements distingués par le triste palmarès. Suite à la publication du classement en 2021, deux villes avaient retiré leurs panneaux publicitaires comme à Dambach-la-Ville.
Et vous, approuvez-vous le classement ?
🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.