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Cette cité flottante futuriste veut sauver 40 000 personnes des eaux

Voici Dogen City, un concept de ville flottante qui pourrait nous donner un avant-goût de ce qui attend l’humanité après des décennies de réchauffement climatique.

L’année dernière, la ville coréenne de Busan a présenté un incroyable concept de cité flottante autonome et durable (voir notre article). L’objectif :  commencer à explorer notre futur à l’ère de la montée des eaux. Et apparemment, cette approche a séduit d’autres designers asiatiques. Tout récemment, c’est le consortium japonais N-Ark qui a présenté sa propre vision de cette même idée avec un projet baptisé Dogen City — et il est encore plus ambitieux que celui de Busan.

Comme ce dernier, Dogen City reposera entièrement sur l’océan. La première différence se trouve au niveau de l’agencement. Là où le projet coréen a opté pour un amoncellement de petits îlots semi-indépendants, toute l’infrastructure est contenue dans une vaste enceinte circulaire de 4 km de circonférence.

Si le contingent japonais a suivi cette piste, ce n’est pas pour répondre à des critères esthétiques. En théorie, cette forme pourrait permettre à la ville d’encaisser des conditions météorologiques très mauvaises et des vagues de catégorie tsunami. Pour l’instant, les documents disponibles ne détaillent pas les technologies qui permettraient d’y parvenir. Mais il sera intéressant de voir comment les concepteurs envisagent de répondre à cet immense défi technique.

Un sanctuaire pour les réfugiés climatiques

Le communiqué de N-Ark indique que cette enclave sera subdivisée en trois zones distinctes. La première, située au coeur de l’anneau périphérique, sera consacrée à l’habitation. Elle pourra héberger environ 10 000 habitants à temps plein ainsi que 30 000 personnes supplémentaires à tout moment.

Il pourrait s’agir de touristes, mais aussi de réfugiés climatiques dont le cadre de vie aurait été ravagé par la montée des océans. C’est un point très important du projet; N-Ark voit aussi Dogen City comme une sorte d’Arche de Noé, une issue de secours que les réfugiés climatiques de demain pourraient emprunter pour fuir les conséquences de la montée des océans.

Tout ce monde passera le plus clair de son temps dans le second district. C’est là qu’on trouvera les commerces, les services, une école, un tas de parcs, des hôpitaux, ou encore des installations consacrées à la production de ressources et au recyclage. Le communiqué mentionne même un pas de tir pour le décollage et l’atterrissage de fusées.

Un plan de Dogen City
© N-Ark

Un ordinateur pour piloter une infrastructure futuriste

La troisième zone sera un énorme centre de stockage et de traitement de données sous-marin refroidi directement grâce à l’eau de mer. Il permettra d’alimenter un vaste système informatique baptisé CityOS, qui servira d’interface entre toutes les technologies futuristes de Dogen City.

Il sera par exemple la pierre angulaire d’un système de soin très avancé. Grâce au machine learning, il permettra de conduire des analyses poussées des données médicales et génomiques de chaque individu. Cela permettra de proposer des solutions thérapeutiques sur mesure à chaque patient en cas de pépin, notamment grâce à un système de développement de médicaments novateurs.

un schéma des responsabilités de City OS
© N-Ark

Mais la priorité de ce système reste la prévention ; les concepteurs espèrent que cette approche permettra de prévenir quasiment tous les problèmes de santé en amont pour maintenir une population en parfaite santé. C’est particulièrement important dans une ville enclavée comme celle-ci, où la moindre maladie contagieuse pourrait rapidement faire des ravages.

La robotique occupera aussi une place centrale. CityOS pilotera par exemple un système de chirurgie robotique de toute nouvelle génération. Et pour les soins de routine, il permettra de faire fonctionner une armée de robots et de drones spécialement adaptés à la télémédecine. À Dogen, pas besoin de se rendre chez un médecin pour quelques points de suture. Il sera aussi inutile de passer à la pharmacie pour récupérer une prescription. Des robots praticiens spécialisés pourraient se charger de nombreux actes médicaux de routine. En parallèle, des drones pourraient livrer chaque traitement directement aux patients en même temps que leurs victuailles.

Un défi logistique de taille

Le projet est donc assez fascinant ; il sera intéressant de voir s’il arrive à maturité un jour, ce qui est tout sauf une garantie. Car en l’état, le communiqué ne donne que très peu d’informations concrètes sur le fonctionnement d’une telle infrastructure. Il y a notamment trois points très importants n’ont quasiment pas été abordés.

Le premier, c’est la nourriture. Selon les calculs de N-Ark, nourrir jusqu’à 40 000 personnes nécessiterait de produire environ 7000 tonnes de nourriture par an. Un immense défi logistique avec si peu de surface exploitable. On peut imaginer que l’agriculture hydroponique et la pisciculture joueront un rôle déterminant. La production sera probablement gérée en autonomie par le fameux CityOS.

une culture hydroponique
© naidokdin – Pixabay

Il faudra aussi un approvisionnement considérable en eau potable (environ 2 millions de litres par an selon N-Ark). Là encore, cela sera tout sauf évident. Il existe déjà des technologies de désalinisation relativement performantes. Mais celles-ci sont généralement extrêmement énergivores. Et cela complique encore davantage une équation déjà très alambiquée.

Car pour faire fonctionner CityOS et tous ces systèmes à la pointe de technologie, il faudra évidemment produire une quantité d’énergie considérable. Et pour l’instant, les ingénieurs d’ N-Ark n’ont pas encore détaillé comment ils comptaient y parvenir.

Sur les rendus dévoilés par le consortium, on observe un tas de panneaux solaires. On peut en déduire que le photovoltaïque occupera probablement une place très importante. Mais l’énergie solaire ne sera probablement pas suffisante. Le reste pourrait être généré à l’aide de biorédacteurs qui exploiteront les sous-produits des fermes locales. Dogen City pourrait aussi avoir recours à l’éolien et à l’énergie houlomotrice, qui consiste à exploiter l’énergie des vagues.

Vous l’aurez compris : il reste de très nombreuses inconnues autour de ce projet ô combien ambitieux. En l’état, N-Ark a pour objectif de boucler son projet avant 2030. Nous vous donnons donc rendez-vous à la fin de la décennie pour observer ses progrès. Si tout se passe comme prévu, nous aurons peut-être un avant-goût du mode de vie de nos arrières petits enfants après des décennies de réchauffement climatique.

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2 commentaires
  1. “Et pour l’instant, les ingénieurs d’ N-Ark n’ont pas encore détaillé comment ils comptaient y parvenir.”

    Probablement parce qu’il s’agit surtout de soulager le portefeuille des investisseurs éventuels…

  2. C’est très polluant à fabriquer et ne parlons pas de l’impact sur la faune et la flore aux environs de la cité flottante.

    La solution au problème est ailleurs !

    Encore un business plan pour enrichir quelques uns et appauvrir beaucoup d’autres !

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