Au Portugal, le gouvernement a récemment interdit aux entreprises de pays à « haut risque » de fournir de l’équipement pour son réseau de téléphonie de cinquième génération. Cette décision exclut de facto les fournisseurs chinois de matériel et de services, dont Huawei. Selon un communiqué du gouvernement, le pays interdira l’utilisation de matériel dans son réseau 5G provenant d’entreprises basées hors de l’Union européenne ou des États qui ne font pas partie de l’OTAN ou de l’OCDE. Les entreprises hors de ces juridictions sont considérées comme un « risque élevé » pour la sécurité des réseaux nationaux.
Le Portugal bloque les fournisseurs de 5G à « haut risque » dont Huawei
Ces mesures ne mentionnent pas explicitement Huawei, mais leur impact est clair. Par exemple, Altice Portugal avait annoncé en 2019 qu’elle travaillait avec Huawei pour développer sa technologie 5G, mais plus tôt cette année, elle a indiqué avoir choisi Nokia comme fournisseur d’équipements pour son réseau 5G central. Comme le Portugal, la France a également adopté une approche prudente à l’égard de Huawei. Depuis l’adoption en 2019 d’une loi destinée à « préserver les intérêts de la défense et de la sécurité nationale dans l’exploitation des réseaux de radio mobile », l’équipement de Huawei n’est plus le bienvenu chez les opérateurs français. L’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) doit désormais autoriser chaque nouvelle installation d’antennes Huawei.
Cette mesure a bien sûr des conséquences significatives. Par exemple, SFR, qui avait prévu de lancer un réseau 5G à Toulouse en 2020 avec des équipements Huawei, a dû se replier en urgence sur Nice. D’ici 2028, SFR et Bouygues Telecom, les deux principaux clients mobiles de Huawei en France, devront remplacer plusieurs milliers d’antennes. Bouygues Telecom est particulièrement remonté contre la décision des autorités française, l’opérateur est en justice pour obtenir des compensations financières : le remplacement des antennes a en effet un coût important que l’entreprise doit supporter seule.
Huawei est présent en France depuis une vingtaine d’années, et le groupe entend bien continuer à investir dans l’Hexagone. L’entreprise ne peut certes plus rien vendre en termes d’équipements 5G, mais d’autres opportunités sont présentes dans la fibre optique, le stockage des données, l’énergie ou encore les objets connectés. Huawei peut donc continuer à faire des affaires en France. C’est d’ailleurs ce qu’Eric Bothorel, député de la majorité et rapporteur de la loi, affirmait en 2019 : « La loi sur la 5G n’est pas une interdiction, et elle ne ferme la porte au marché intérieur français à personne ».
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