L’Agence Spatiale Européenne prépare un événement pour le 20e anniversaire du lancement de la mission Mars Express, et il s’annonce assez fascinant à suivre pour les amoureux de l’espace. Ce soir à 19 h, la sonde va proposer sa toute première retransmission en (quasi) direct depuis Mars. Pour le plus grand plaisir des terriens.
Techniquement, il n’est pas possible de retransmettre des images en temps réel depuis les confins de l’espace. Comme l’intuition le suggère, c’est tout simplement une histoire de distance. Certes, les ondes électromagnétiques qui nous servent à transmettre des données voyagent plus ou moins à la vitesse de la lumière. Mais lorsqu’on travaille avec des distances littéralement astronomiques, le délai est loin d’être négligeable. Rien à voir avec communications terrestres modernes qui sont quasiment instantanées.
À l’heure actuelle, les exemples de flux vidéo en « direct » depuis l’espace restent donc rares. On peut par exemple citer les légendaires images transmises par les missions Apollo. Plus récemment, nous avons aussi pu assister en direct au crash de la sonde DART. Pour rappel, elle a volontairement percuté Dimorphos, situé à 11 millions de kilomètres de la Terre, lors d’un test de redirection d’astéroïde.
Un problème de distance
La transmission prévue par l’ESA est donc assez exceptionnelle ; c’est la toute première fois que des images nous parviendront en direct depuis une distance aussi importante. À titre de comparaison, Mars est située à une distance moyenne de 300 millions de kilomètres de notre berceau. Et forcément, cela génère tout un tas de contraintes logistiques.
En fonction des positions des deux planètes sur leurs orbites respectives à un instant T, les ondes électromagnétiques qui nous servent à transmettre des données mettent entre 3 et 22 minutes à voyager entre Mars et la Terre. Dans ce cas précis, l’ESA explique que les images mettront environ 18 minutes à nous parvenir. En théorie, le signal mettra environ 17 minutes à parcourir la distance qui sépare les deux planètes. Il lui faudra encore une minute supplémentaire pour traverser les réseaux de communication terrestres avant d’arriver sur nos écrans.
Mais puisqu’une expérience de ce genre n’a jamais été tentée auparavant, l’agence se montre prudente et rappelle que le temps de voyage du signal comporte encore une part d’incertitude. Et même si tout se passe comme prévu, il ne faut pas s’attendre à un direct propre et fluide comme on en trouve sur les chaînes d’information.
Et pour cause : le caméraman en chef de l’opération n’est pas du tout équipé pour cela ! Certes, Mars Express dispose bien de caméras scientifiques très performantes. Mais elles produisent des images volumineuses qu’il ne serait pas possible de transmettre en temps réel.
Un nouveau souffle pour un instrument vieux de 20 ans
L’ESA va donc se rabattre sur la Visual Monitoring Camera (VMC) pour capturer ces images. Ce qui est intéressant, c’est qu’elle n’était même pas conçue pour collecter des images scientifiques. Elle devait simplement suivre la séparation entre l’atterrisseur Beagle 2 et le véhicule MEX qui l’a acheminée sur place. Elle n’est donc pas dotée d’optiques ultra-performantes qui lui permettraient de capturer des panoramas ultra-détaillés.
Mais au fil du temps, les ingénieurs se sont rendu compte que cet instrument pouvait se rendre utile. Pour contourner ses limites, ils ont développé de nouvelles méthodes informatiques pour le traitement de ces images afin d’en tirer autant d’informations que possible. « La VMC est ainsi devenue le 8e instrument scientifique de Mars Express », explique Jorge Hernàndez Bernal, l’un des responsables de l’équipe qui gère la caméra.
Même avec l’arrivée de ces nouveaux outils logiciels, il ne faut pas s’attendre à un tour de magie. Les images nous arriveront tout de même au compte-gouttes, séparées par un délai estimé à 50 secondes. Sans surprise, le stream sera donc plus proche du diaporama que d’un live professionnel diffusé à 60 images par seconde. Mais au moins, cela permettra aux terriens de découvrir les images les plus fraîches jamais capturées sur la Planète rouge.
« C’est une vieille caméra, initialement prévue pour répondre à un problème d’ingénierie à 300 millions de kilomètres de la Terre — ça n’a jamais été tenté auparavant, et pour être honnête, nous ne sommes pas certains à 100 % que ça va fonctionner », admet James Godfrey, un des responsables du centre de contrôle de l’ESA à Darmstadt. « Mais je suis assez optimiste. En général, nous voyons des images qui ont été prises au moins quelques jours auparavant. Je suis excité de pouvoir enfin voir Mars comme elle est en ce moment ! », se réjouit-il.
Nous vous donnons donc rendez-vous aujourd’hui à 18 h, sur la chaîne YouTube de l’ESA (voir ci-dessous), pour assister à ce livestream pas comme les autres qui nous permettra de redécouvrir notre voisine sous un nouvel angle.
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J’ai essayé hier soir, puis une 2eme fois 2 heures après : un quart de disque marron, et complètement flou.
Et je suis passionné par l’astronomie.