La lecture numérique a largement investi notre quotidien. Sur smartphone, liseuses ou tablettes, il n’est désormais plus rare de partager sa vie de lecteur entre le papier et l’écran. La praticité et le gain de place sont souvent mis en avant chez les défenseurs de la lecture dématérialisée. Pourtant, les évolutions rapides de ces outils interrogent régulièrement sur leur efficacité. Sur la question de la lecture notamment, la capacité de compréhension d’un texte est régulièrement pointée du doigt. Alors quelle méthode est la plus efficace ?
Le texte et ses mécanismes de compréhension
Pour comprendre un texte lu, le modèle graphico-linguistique de Kintsch & van Dijk établit trois niveaux de compréhension :
- Le niveau de surface, qui permet de se souvenir des mots d’un texte lu sans en comprendre le sens
- Le deuxième niveau, qui permet de comprendre le sens des phrases de façon indépendante
- Le troisième et dernier niveau, appelé modèle de situation, qui permet au lecteur de comprendre le texte, de s’y projeter et d’y ajouter ses propres références mentales pour en améliorer la compréhension
Cette hiérarchie du niveau de compréhension se fait assez instinctivement sur papier. Il semblerait donc logique qu’il en aille de même sur la question de la lecture numérique, cette dernière n’ayant a priori pas la capacité de modifier nos capacités cognitives. Pourtant, rapportent nos confrères de The Conversation dans une étude dédiée, les choses sont plus complexes qu’elles n’y paraissent.
Tout vient de l’ergonomie
La lecture sur écran implique des gestes différents. D’abord au niveau du support, la prise en main n’est évidemment pas la même. Le scrolling incessant rendrait bien plus difficile la restitution mentale des informations, les mots changeant constamment de place sur l’écran. Or, ce codage spatial serait indispensable à une bonne compréhension de texte. C’est notamment pour cette raison que la plupart des liseuses proposent une mise en page à défilement classique, avec saut de page.
Les signes extérieurs aussi jouent sur la compréhension d’un texte. Même en passant outre la fatigue oculaire qui peut survenir avec un écran classique, certaines caractéristiques inhérentes à l’écran (luminosité, contraste, etc.) rendent plus difficile la lecture numérique.
Enfin, les écrans ne seraient pas tous optimisés pour le confort de nos yeux. On avait déjà constaté que le mode sombre était plus néfaste qu’il n’y paraît. Sur l’aspect purement pratique, la réduction des interlignages, la qualité d’affichage ou un mauvais contraste peuvent drastiquement altérer l’expérience de lecture, et provoquer migraine ou fatigue prématurée. Encore une fois, cet inconfort peut très facilement être évité sur liseuse.
La lecture web n’est pas faite pour durer
Lorsque nous lisons sur le web, notre cerveau est à la recherche d’informations, mais ne prend pas forcément en compte les mots comme un tout cohérent (en faisant appel au troisième niveau de lecture donc). Cette lecture superficielle permet de rechercher rapidement des termes ou des éléments de langage, mais n’est pas aussi efficace qu’une lecture approfondie, avec un roman par exemple.
Dans une étude menée par Gary W.Small sur les modifications cérébrales associées à l’usage d’Internet, il a notamment été établi que les zones cérébrales sollicitées par la lecture numérique et la lecture papier n’étaient les mêmes. Il conviendrait donc d’améliorer l’ergonomie de la lecture numérique pour adapter au mieux notre cerveau à ces nouvelles habitudes.
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Ça ne va pas, vous mettez une liseuse en photo et catégorie livre mais votre article parle surtout de la lecture en général sur écran. Je pense que un ebook sur une liseuse ne devrait pas être dans le même sac que le reste. Ceux qui ne connaissent pas les liseuses vont faire l’amalgame.
C’est ce que je me disais… les liseuses font sauter chacun des arguments, et le texte ne le reconnaît que pour un (le saut de page). Les liseuses sont programmables (police, interligne, corps,…) et les écrans qui emploient l’encre numérique reproduisent très fidèlement la sensation des pages. Selon le modèle on peut reprocher la réactivité ou les images rémanentes sur l’écran. La prise de note via la liseuse n’est pas la plus optimale, donc peut-être lui préférer le papier, certes, mais cet inconfort se rattrape avec les dictionnaires pré-téléchargés, très utiles avec les ouvrages en langue étrangère. Elles n’ont pas la versatilité des tablettes, mais elles ont les qualités de confort du livre.
Ce qui m’amuse c’est plutôt de lire un article destiné à un écran qui se plaint de la lecture sur écrans. 👓