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Corée du Nord : le premier satellite espion de Kim Jong Un tombe à l’eau

Les troupes de Kim Jong Un souhaitent faire une nouvelle tentative rapidement, au grand dam des États-Unis et de leurs alliés.

En décembre 2022, la Corée du Nord a dévoilé son tout premier satellite-espion — un sacré pas en avant pour le pays de Kim Jong Un, malgré les railleries de la communauté internationale par rapport à cet engin plutôt rudimentaire. Mais d’après la branche sud-coréenne de l’Associated Press, le déploiement ne s’est pas déroulé comme prévu. La fusée Chollima-1 qui devait emporter l’engin en orbite s’est écrasée à l’ouest de la péninsule dans la matinée du 31 mai.

Fait très inhabituel, le Nord a communiqué rapidement sur cet échec. Selon l’AP, l’agence spatiale du pays (la National Aerospace Development Administration, ou NADA) va désormais enquêter sur « les sérieux dysfonctionnements » mis en évidence par cet échec avant de procéder à une nouvelle tentative. Mais leur origine semble déjà claire d’après la NADA citée par l’agence de presse nationale KCNA. Le problème était apparemment lié à « la mauvaise fiabilité et stabilité du nouveau système de propulsion du lanceur ». Le communiqué cite aussi le « caractère instable du carburant ».

Un satellite perdu et des tensions ravivées

La cargaison semble avoir été perdue lors de l’accident. Il s’agissait d’un satellite d’observation nommé Malligyong-1. Techniquement, il ne s’agit pas du premier satellite lancé par le pays. Après plusieurs échecs consécutifs, le Nord y est parvenu pour la première fois en 2012, puis à nouveau en 2016.

En revanche, c’était la première fois que Pyongyang cherchait à lancer un appareil à vocation clairement militaire. Un satellite-espion, en somme. Malgré des capacités optiques assez limitées (voir notre article), il aurait pu renforcer considérablement les capacités de renseignement du régime en lui permettant de suivre le déplacement de troupes ou de navires militaires. Au grand dam du bloc occidental rangé derrière les États-Unis.

Pour rappel, la Corée du Nord est considérée comme une nation hostile par une part conséquente de la communauté internationale, qui n’a aucune intention de la laisser devenir une puissance nucléaire de premier plan. À l’heure actuelle, le pays est toujours visé par une directive du Conseil de sécurité des Nations Unies. Elle lui interdit formellement de lancer n’importe quel véhicule de type fusée ou missile. Mais la Corée du Nord ne reconnaît pas cette organisation, et Kim Jong Un a jusque-là ignoré ces injonctions en procédant à plusieurs tests de missiles balistiques ces dernières années.

Et comme à l’accoutumée, le lancement a généré une certaine fébrilité dans la zone. Selon la BBC, des alertes ont été diffusées à la population par les autorités sud-coréennes. Les habitants des îles les plus proches de la frontière ont été sommés de trouver un refuge. Le gouvernement japonais était aussi sur le qui-vive et avait activé son système de défense antimissile.

Une nouvelle tentative à venir

Ils devront probablement relancer ce protocole d’alerte assez rapidement. En effet, plusieurs analystes sud-coréens affirment que Kim Jong Un veut absolument rattraper son retard sur son voisin, qui a lancé son premier satellite commercial le 25 mai dernier. On peut donc s’attendre à ce qu’un nouveau lancement ait lieu avant la fin de l’année.

En cas de succès, il sera intéressant d’observer les éventuelles réactions des différents pays. Car même si la Corée du Nord est un petit peu sortie du collimateur des Nations Unies depuis le début de la crise en Ukraine, elle demeure tout de même un point de friction important sur la scène internationale.

D’un côté, les États-Unis cherchent activement à museler Kim Jong Un à grands coups de sanctions. De l’autre, la Chine et de la Russie poussent dans le sens opposé. Ces deux membres permanents du Conseil de Sécurité ne portent pas l’Oncle Sam en haute estime, et ont pour l’instant mis leur veto aux représailles. Si la Corée du Nord parvient à développer ses capacités d’observation, cela pourrait venir compliquer une situation diplomatique déjà très tendue à cause des questions ukrainiennes et taïwanaises. Avec le spectre de cette fameuse « nouvelle guerre froide » en toile de fond.

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