Une application gouvernementale évalue la répartition des tâches ménagères

Alors que la France débat sur la création d’un « congé menstruel », l’Espagne a déjà fait ce choix en début d’année. Nos voisins pensent également à l’égalité entre les femmes et les hommes, devenue une priorité pour le gouvernement. À ce titre, plusieurs médias rapportent que l’actuel gouvernement de gauche va lancer une application mobile pour le moins étonnante. En effet, elle pourra comptabiliser le temps que chacun passe à effectuer des tâches domestiques en s’inspirant du fonctionnement de Tricount.

L’objectif est de mieux se rendre compte des écarts et d’inciter les hommes à participer davantage aux tâches ménagères. « Les enquêtes montrent que les femmes consacrent beaucoup plus de temps aux tâches ménagères que les hommes », précise Ángela Rodríguez, secrétaire d’État au ministère espagnol de l’Égalité et porteuse du projet, dans des propos cités par Ouest-France.  Dans une étude de l’institut national des statistiques espagnol, publiée en décembre 2022, 45,9 % des femmes interrogées affirment s’occuper de la majorité des tâches ménagères. Seuls 14,9 % des hommes donnent une réponse similaire.

Contribuer à l’égalité hommes-femmes

Faire les vaisselles, planifier des repas, gérer les rendez-vous médicaux et s’occuper des courses sont autant de tâches qui incombent le plus souvent aux femmes. « Il va falloir qu’on soit audacieux dans le type de tâches que l’on compte parce qu’on connait tous cette personne qui nous dit : ‘Je m’occupe de ranger la cuisine !’ », explique la secrétaire d’État espagnole à l’Égalité. Et d’ajouter : « Sauf que ranger la cuisine, ça peut prendre 20 minutes mais pour pouvoir le faire, il a fallu que quelqu’un d’autre aille acheter une éponge, un produit vaisselle, que quelqu’un décide du jour où l’on mange du poisson… Cette charge mentale repose presque toujours sur les femmes, c’est ce que disent les sondages ».

L’application gratuite ne vise pas uniquement les couples, mais les familles entières. « Nous pensons que cela peut servir à répartir les tâches entre frères, sœurs, pères, mères ou n’importe qui vivant en colocation, où il y a parfois une répartition inégale également », explique Ángela Rodríguez à El País. Cette application arrivera durant l’été ou, au plus tard, en septembre. Elle sera téléchargeable volontairement et les utilisateurs devront faire preuve de sincérité.

Ay los privilegios. Igual a todos los ofendiditos con la aplicación de reparto de tareas del hogar lo que verdaderamente les ofende es la posibilidad de tener que empezar a asumir su parte en casa. Ya lo llevan diciendo años las feministas: Manolo, Manolito, la cena tú solito.

— Ángela Rodríguez Pam 🏳️‍🌈 ♀️ (@Pam_Angela_) May 17, 2023

Néanmoins, le projet ne fait pas l’unanimité et les critiques sont nombreuses sur les réseaux sociaux. Certains reprochent notamment d’avoir dépensé un peu plus de 200 000 euros pour concevoir cette app. « Ce qui offense vraiment tous ceux qui critiquent l’application du partage des tâches ménagères, c’est la possibilité de devoir commencer à assumer leur part à la maison », répond Ángela Rodríguez à ses détracteurs.

Et en France ?

Les inégalités perdurent aussi en France et les tâches domestiques restent largement à la charge des femmes. L’INSEE fait régulièrement ce constat et rappelle qu’en 2016, parmi les personnes en emploi vivant avec au moins un enfant mineur dans le ménage, 73 % des femmes déclarent faire plus de 7 heures de travail ménager par semaine, contre 31 % des hommes. 32 % d’entre elles indiquent même en effectuer plus de 12 heures par semaine, contre 8 % des hommes.

Lors du confinement, on constate également que la prise en charge des enfants a été davantage assurée par les femmes. 83 % des femmes vivant avec des enfants y ont consacré plus de 4 heures par jour (57 % des hommes) et 6 % entre 2 et 4 heures par jour (19 % des hommes). À notre connaissance, le gouvernement ne prévoit pas de lancer une application comparable à celle lancée par nos voisins ibériques. En revanche, la députée EELV Sandrine Rousseau avait suscité de nombreuses réactions en proposant de créer un « délit de non-partage des tâches domestiques ».

« Tant qu’on ne donne pas les moyens aux femmes de véritablement obtenir l’égalité sur le partage, on n’y arrivera pas » avait-elle ajouté. En septembre, elle a affirmé « travailler à un délit » afin d’assurer le partage des tâches ménagères.

Ce dimanche 4 septembre, la députée EELV Sandrine Rousseau (@sandrousseau) était l'invitée du Grand Jury RTL – Le Figaro. Elle a notamment affirmé «travailler à un délit» pour assurer le partage des tâches ménagères. pic.twitter.com/8NYV6XbXyz

— Le Figaro (@Le_Figaro) September 4, 2022

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