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Une expérience de physique quantique met un principe défendu par Einstein au tapis

Plus le temps passe, et plus la physique quantique s’acharne sur le principe de localité d’Albert Einstein.

Einstein est régulièrement cité parmi les plus grands visionnaires de l’histoire des sciences. Il n’y a qu’à regarder du côté de la relativité générale pour s’en convaincre ; près de 90 ans plus tard, cette théorie continue de se révéler incroyablement solide malgré les coups de boutoir des physiciens qui testent régulièrement ses limites (voir notre article).

Mais même ce grand monsieur n’avait pas forcément réponse à tout. Il s’est notamment fourvoyé sur le principe de localité, ou principe de causalité locale. Très vulgairement, il stipule qu’un objet ne peut être influencé que par son environnement immédiat, et ne peut pas interagir avec un autre objet distant.

Dans les années 1960, l’avènement de la physique quantique a complètement changé la façon dont les chercheurs appréhendent le monde qui nous entoure. De nombreux concepts extrêmement contre-intuitifs, aux antipodes des prévisions de la physique traditionnelle, ont commencé à émerger. Et cela a généré de vifs débats dans les hautes sphères de la discipline. En effet, les spécialistes ont été forcés de remettre en question des principes qui semblait pourtant parfaitement solides.

« Dieu ne joue pas aux dés »

Einstein, de son côté, s’est montré assez sceptique. Il ne rejetait pas la mécanique quantique en tant que telle, comme cela a souvent été affirmé, mais il avait tout de même un désaccord fondamental avec le camp opposé rassemblé autour de Niels Bohr, un autre titan de la discipline.

Niels Bohr (à g.) et Albert Einstein (à d.) représentaient deux écoles de pensées bien distinctes. © American Institute of Physics / Lucien Chavan – The Albert Einstein Archive

Pour lui, le hasard, qui joue un rôle absolument crucial en physique quantique (voir le concept d’amplitude de probabilité), ne pouvait en aucun cas être une composante fondamentale de notre monde. Ce positionnement était davantage idéologique que réellement scientifique ; Einstein était très attaché à l’idée d’un monde déterministe pour des raisons avant tout religieuses. Pour l’anecdote, ce positionnement est à l’origine de son fameux « Gott würfelt nicht » (« Dieu ne joue pas aux dés »), ce à quoi Niels Bohr aurait répondu avec une autre saillie tout aussi fameuse : « Qui êtes-vous pour dire à Dieu ce qu’il doit faire ? »

Près d’un siècle après cette prise de bec philosophico-religieuse entre génies, on constate que le principe de localité y a laissé quelques plumes. Il a même été progressivement démantelé au fil des années. Et tout récemment, un groupe de chercheurs a enfoncé un nouveau clou dans son cercueil.

Une « effrayante action à distance » qui défie la localité

Pour comprendre le cheminement qui a permis d’arriver à cette conclusion, il faut se pencher sur les prémices du raisonnement. Felix Würsten, spécialiste de la vulgarisation scientifique au prestigieux ETH de Zurich, explique que tout a commencé avec John Bell, une des figures les plus éminentes de la physique quantique.

En 1960, il a imaginé une expérience de pensée pour répondre à cette question brûlante : le principe de localité est-il effectivement valable, ou vole-t-il en éclat sous les coups de boutoir de la mécanique quantique, encore fraîche et assez nébuleuse à l’époque ?

Son idée repose sur l’intrication quantique. C’est un concept qui stipule que deux particules peuvent être reliées par un lien inextricable et indépendant de leur distance. Si l’une des deux particules subit la moindre modification, l’autre membre du tandem subira précisément les mêmes effets – même s’il est situé à l’autre bout de l’univers.

une représentation de l'intrication quantique
Deux particules en intrication quantique peuvent présenter des corrélations indépendantes de la distance, ce qui remet en cause le principe de localité d’Einstein. © MidjourneyAI – Journal du Geek

Einstein lui-même, particulièrement circonspect face à ce concept, parlait d’ailleurs d’une « effrayante action à distance ». Et on comprend aisément pourquoi ; l’intrication quantique est fondamentalement incompatible avec son principe de localité.

Pour faire la part des choses, Bell a proposé de vérifier si le comportement de deux particules en intrication quantique était compatible avec une série d’équations formulées par lui-même (on parle aujourd’hui des Inégalités de Bell). Si le principe de localité était vrai, ces expériences devraient toujours satisfaire ces équations. À l’inverse, la théorie quantique suggère que les particules intriquées violent ces inégalités.

Bell n’a jamais donné suite à cette expérience de pensée. Mais dix ans plus tard, tout a changé avec les travaux du Français Alain Aspect et de ses collègues John Francis Clauser et Stuart Freedman. Ils ont réussi à montrer que les inégalités de Bell étaient effectivement violées — un véritable séisme scientifique. Ce résultat leur a d’ailleurs valu un Prix Nobel l’an dernier.

Mais il restait tout de même quelques zones d’ombres, car la technologie n’était pas suffisamment avancée. Techniquement, le principe de localité n’était donc pas encore invalidé, même si ces travaux étaient extrêmement convaincants.

Le test de Bell le plus rigoureux à ce jour

Petit à petit, de nouvelles expériences complémentaires ont comblé la plupart de ces lacunes. Et tout récemment, Andreas Wallraff, professeur à l’ETH Zurich, a conduit un nouveau test de Bell extrêmement rigoureux qui semble avoir mis le principe de localité au tapis une bonne fois pour toutes.

Avec son équipe, il a construit une toute nouvelle installation spécialement dédiée à ce test sur le campus de l’ETH. Elle consiste en un long tube à vide d’une trentaine de mètres refroidi à une température proche du zéro absolu. À chaque extrémité, on trouve un cryostat équipé d’un circuit à base de supraconducteurs.

La longueur du tube n’est pas anodine. Elle a été calculée très précisément de façon à ce que les chercheurs aient tout juste le temps, à quelques nanosecondes près, de réaliser une mesure avant que le système ne soit perturbé par d’autres facteurs externes.

Wallraff et son équipe ont ainsi réalisé plus d’un million de mesures de ce genre. Ils ont ainsi pu documenter le phénomène le plus rigoureusement possible. C’est particulièrement important en physique quantique, qui repose en grande partie sur des probabilités statistiques.

Et après avoir analysé cette montagne de données, ils ont déterminé avec un degré de certitude extrêmement élevé que leurs deux circuits étaient effectivement intriqués. En d’autres termes, les inégalités de Bell étaient bel et bien violées dans ce cas précis. Cela signifie que le principe de localité s’écroule encore davantage – même si ces travaux ne vont probablement pas mettre fin à ce vieux débat du jour au lendemain.

Au-delà de cette confirmation importante, cette expérience pourrait contribuer au développement de l’informatique quantique. Les circuits supraconducteurs utilisés par l’équipe sont en effet considérés comme des bases de travail très prometteuses dans cette discipline. Wallraff explique par exemple que les phénomènes étudiés ici pourraient un jour permettre à des ordinateurs quantiques de communiquer sans fil à longue distance en utilisant cette fameuse « effrayante action à distance ». Comme quoi, avoir tort a parfois du bon !

Le texte de l’étude est disponible ici.

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17 commentaires
  1. L intrication quantique a été découverte des l antiquité. Elle se manifeste dans un état exotique de la matière ou les noyaux atomiques s entourent d une couronne de neutrinos en équilibre dynamique avec les nucléons. Le diamètre de la couronne, 13 angstrom, est plus grand que la distance atome atome dans un liquide. La superposition des couronnes permet alors des échanges de matière entre atomes voisins, ainsi que leur intrication. Cet état exotique est connu sous le nom d état philosophal!!!

    La découverte est due à un savant mede ami d un prince perse du temps de xerses. Bad Luck, le Nobel n existait pas encore a l époque.

  2. WTF ? 😆 Et les égyptiens avaient l’électricité grâce à leurs pyramides thermo génératrices, c’est ça ? Oh wait!

  3. Le père Albert avait la grande conviction de l interaction limitée entre objets, C est pas pour le plaisir d amiliorer la convection de l eminent Newton, mais je pense que la causalité se fait en dehors du cône de lumière de minkovski, par les coniques et nappes hyperboliques. Sans violer la causalité. Sorry

  4. Démocrite et d’autres s’interrogeaient sur l’existence de quelque chose qui ne pouvait pas être divisée (insécable) et ils imaginaient les atomes (atomos désignant insécable) mais pour autant ils n’avaient aucune connaissance des nucléons (etc… puisque justement pour eux, l’atome supposé ne pouvait pas être divisé et donc constituait, si cela existait, l’état le plus petit de la matière…) donc pour les commentaires de Planche, c’est de la pure fiction comme pour l’Egypte et son électricité et ce n’est pas, parce des phénomènes apparaissent que l’explication en est déduite : l’électricité existait puisque par exemple, les éclairs existaient bien avant la découverte de l’électricité et de ses propriétés, mais pour autant son existence était par exemple liée aux pouvoirs des dieux pour certains peuples
    Sans preuve de ce que l’on affirme, cela relève de la pure spéculation fantaisiste.

  5. “Une expérience de physique quantique met un principe défendu par Einstein au tapis…..”
    Sérieusement, on vie vraiment dans un monde de merde au point de devoir tout mettre au tapis pour évoluer ?
    Marre de ces phrases d’accroches où tout doit être scandale.

  6. Perso j’ai découvert ca en jouant à Mass Effect via le systeme des Ansibles … à chaque fois qu’on parle d’intrications je pensel Ansibles 😀

  7. Et mon ex qui me casse les pieds depuis Tokio, c’est quantique? La preuve que nous sommes intriqués ?

  8. A la fin de l’article, on parle de se servir de l’intrication quantique comme moyen de communication longue distance. Pourtant, comme dit sur Wiki :

    “Par contre, on démontre que les états intriqués ne peuvent pas être utilisés pour communiquer d’un point à un autre de l’espace-temps plus vite que la lumière. En effet, les états de ces deux particules sont seulement coordonnés et ne permettent pas de transmettre une information : le résultat de la mesure relatif à la première particule est toujours aléatoire. Ceci est valable dans le cas des états intriqués comme dans le cas des états non intriqués. La modification de l’état de l’autre particule, pour instantanée qu’elle soit, conduit à un résultat tout aussi aléatoire. Les corrélations entre les deux mesures ne pourront être détectées qu’une fois les résultats comparés, ce qui implique nécessairement un échange d’information classique, respectueux de la relativité. La mécanique quantique respecte ainsi le principe de causalité.”

    Enfin, même en n’y connaissant rien, j’imagine qu’on pourrait très bien contourner le problème en créant un code où la valeur de la modification n’importe pas, mais le fait de modifier l’état sert à coder l’information.

    Bref, le jour où cette technologie sera domptée, la transmission de l’information fera plus qu’un bond en avant. La fibre, la 5G? Ça aura l’air préhistorique à côté. Et des gens très “sérieux” nous avertiront des dangers de l’intrication quantique, qui selon eux sera la source de (insérer ici une maladie au choix).

  9. La science est évolutive et expérimentale.
    Je ne vois pas pourquoi se casser le nez.

    C’est possible que de grands savants se contredisent..
    Ce n’est pas la première..

Les commentaires sont fermés.

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