L’univers de La Chronique des Bridgerton a fait son grand retour sur Netflix. La série phénomène, à mi-chemin entre Gossip Girl et les récits de Jane Austen s’est offert un premier spin-off sous l’égide de la légendaire productrice Shonda Rhimes. Celle qui est surnommée “The Queen of Television” s’est penchée sur le destin d’une autre tête couronnée. Cette fois, c’est la Reine Charlotte qui était au cœur du récit. Pensée comme un préquel aux tribulations amoureuses de la famille Bridgerton, Queen Charlotte de son titre original explore les prémices du mariage de la fille du duc Charles Ier de Mecklembourg-Strelitz et du Roi George III. La créatrice ne se cache pas d’avoir largement romancé ce pan de l’histoire britannique, elle ouvre d’ailleurs sa saison d’un avertissement entonné par la mythique Julie Andrews.
“Chers lecteurs,
Ceci n’est pas une leçon d’histoire mais une fiction inspirée de faits. Toutes les libertés prises par l’auteur sont intentionnelles. “
Nous voilà prévenus. Il s’agit d’une uchronie prenant racine dans les débats que se livrent régulièrement les historiens au sujet du couple royal.
La première reine noire d’Angleterre ?
Shonda Rhimes a fait du racisme et de la misogynie ses thématiques nourricières. Que ce soit avec Grey’s Anatomy ou Scandal, la scénariste et productrice offre souvent des réflexions sur nos sociétés contemporaines à travers les parcours de ses personnages. Sa série médicale est d’ailleurs souvent louée pour ses protagonistes féminins s’écartant largement des clichés du genre. Au mythe de l’infirmière hypersexualisée, Rhimes confronte des femmes ambitieuses, malignes et qui ne sacrifieront jamais leur carrière pour une vie bien rangée avec des marmots.
Alors qu’elle était restée à l’écart pour La Chronique des Bridgerton, elle prend cette fois la destinée de sa reine et de ses courtisanes à pleines mains pour y ajouter un sous-texte féministe. En qualité de showrunneuse, elle réitère son parti-pris de dépeindre Charlotte comme une femme de couleur au sein d’une Angleterre romancée au milieu du 18e siècle. Mais sa réflexion n’est pas née de sa simple envie de confronter son personnage au racisme. Les origines de Sophie-Charlotte de Mecklembourg- Strelitz font encore aujourd’hui débat chez les historiens.
Certains d’entre eux affirment que celle qui a partagé la vie de George III descendait directement d’une branche noire de la famille royale portugaise : Alphonse III et sa concubine Ouruana, une maure noire. C’est le cas de Mario De Valdes qui a remonté la généalogie de la reine pour déterminer son ascendance. Parmi les arguments en faveur de cette théorie, plusieurs tableaux la représenteraient avec des traits africains. Elle a néanmoins toujours été peinte avec la peau claire. La série balaiera le doute dans l’esprit des spectateurs au détour d’une scène, lorsque Charlotte se fait tirer le portrait et que la princesse Augusta demande à l’artiste de lui faire arborer un teint de porcelaine.
Le réalisateur Tom Verica explique ainsi cette décision : “De nombreux historiens pensent que la reine Charlotte était d’héritage culturel mixte. Nous voulions prendre cela d’une manière différente de celle racontée dans les manuels d’Histoire, qui consistait souvent à enterrer cette information et ne pas en parler “.
Le roi fou
La Chronique des Bridgerton avait déjà brièvement abordé la santé mentale du roi George III. Si d’aucuns aurait pu mettre sa démence sur le compte de son âge, la série s’est évertuée à dépeindre cette maladie à travers ses premières années de règne. Son comportement erratique serait selon certains historiens liés à une pathologie, des anomalies du métabolisme de l’hème. Il s’agit d’une maladie rare appelée Porphyrie et qui se manifeste par des douleurs abdominales importantes et des troubles nerveux et psychiques.
Mais ce diagnostic fait débat au sein de la communauté scientifique qui attribue aussi ses pertes de conscience à une psychose maniaco-dépressive. En 2013, une étude menée par l’université londonienne de Saint George concluait que celui que l’on surnomme “le roi fou” souffrait en effet d’un “trouble mental”. Parmi les preuves en faveur de cette théorie, on retrouve des lettres manuscrites.
Pendant ses épisodes de démence, George III aurait rédigé des phrases plus longues qu’à la normale et avait tendance à se répéter. Dans le même temps, il utilisait un vocabulaire plus riche, “complexe et coloré”. Ce sont – selon les chercheurs – des schémas que l’on retrouve encore aujourd’hui chez les personnes atteintes de troubles psychiques tels que la bipolarité.
La Grande Expérience n’est pas un fait historique
Le spin-off de La Chronique de Bridgerton débute par le mariage de Charlotte et George et les prémices d’une importante expérience sociale visant à rendre la société londonienne plus diverse. L’arrivée de la jeune femme au sein de la famille royale permet ” à d’autres personnes de couleur de gravir les échelons de la société anglaise “. C’est aussi une manière de donner du contexte quant au choix de casting opéré pour les saisons de la série mère.
Mais cet événement est-il inspiré d’un pan méconnu de l’Histoire britannique ? Absolument pas selon Shonda Rhimes. “Il ne s’agit pas d’un cours d’Histoire. Je raconte l’histoire de La Reine Charlotte dans Bridgerton pas celle de la Reine Charlotte d’Angleterre “.
La série va d’ailleurs mettre le parcours de son héroïne principale en parallèle avec celle d’une noble tout juste reconnue comme telle par la “ton”. D’ailleurs, cette société d’abord scindée entre nouveaux et anciens nobles et chacun arbore des couleurs distinctes avant que les costumes ne changent drastiquement pour représenter ce changement de paradigme. L’union de Charlotte et George change les mœurs et Londres se pare de nouvelles couleurs plus semblables à celle utilisées par La Chronique des Bridgerton.
Rendez-vous probablement l’année prochaine pour la troisième saison de La Chronique des Bridgerton. Ce nouveau volume évoluera autour de la romance naissance entre Colin Bridgerton et la discrète mais non moins redoutable Penelope Featherington. Les lecteurs le savent déjà, il y a beaucoup de choses à attendre à cette nouvelle salve d’épisodes.
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Bonne série,
Même si les horreurs et lubbies de l’époque y sont inclusivement présentes, sinon pas de création!! de nos jours!!…..les noirs…les gays…pas vu les musulmans…bizarre…etc etc…sinon pas mal
J’aime beaucoup les Bridgerton et alors la reine Charlotte, c’est une pépite. Les décors, tenue, coiffure etc sont superbes et colorés. La relation entre les faits inspiré de l’histoire et l’imaginaire créer de toute pièce est vraiment très bien faite. J’adore cette série qui a vraiment un esthétisme remarquable et une musique qui sublime le tout.