À sa sortie en 1982, E.T. l’extra-terrestre a été un succès immédiat. Le film porté par Henry Thomas et Drew Barrymore compte encore aujourd’hui parmi les monuments du 7e art que l’on a vu et revu des dizaines de fois. On pourrait ainsi croire que ce statut d’œuvre culte lui offre une certaine immunité face aux désirs du studio auquel il appartient. Splash ou encore Lilo et Stitch, bon nombre de productions ont été modifiée pour correspondre aux mœurs d’une autre époque. Chez Disney Animation par exemple, la scène où la jeune Lilo se cache dans la machine à laver a été repensée pour éviter que de jeunes enfants s’en inspirent.
De peur que des chérubins ne s’enferment dans l’électroménager de leurs parents, les animateurs ont remplacé le hublot par un carton de pizza. La modification est assez subtile et pourrait avoir échappé aux spectateurs. C’est moins le cas concernant l’ajout de cheveux sur le fessier de l’actrice principale dans Splash. Steven Spielberg a lui aussi dû revoir sa copie sur demande d’Universal Pictures. Pour le vingtième anniversaire du film, il lui a été demandé de remplacer les armes aux mains des policiers par des talkies-walkies ce qu’il a accepté de faire.
“Les années ont passé et j’ai changé de point de vue. Je n’aurais jamais dû toucher aux archives de mon propre travail, et je ne recommande à personne de le faire. Tous nos films sont des sortes de panneau indiquant où nous étions lorsque nous les avons réalisés, à quoi ressemblait le monde “.
Témoins d’un passé
Cet entretien remet l’héritage culturel au cœur du débat. Récemment, c’est la réécriture de certains passages des ouvrages de Roald Dahl avait provoqué une levée de bouclier aux quatre coins du monde. Dans le but de rendre les écrits plus en adéquation avec les mœurs de notre époque contemporaine, les mots “gros” et “minuscule” avaient été supprimés lorsqu’ils étaient utilisés pour qualifier un personnage. Au même titre, le roman d’Agatha Christie baptisé Dix Petits Nègres devenait en 2020 : Ils étaient dix.
Spielberg semble partager l’avis des défenseurs de la conservation des œuvres dans leur forme initiale. Il aurait sans doute préféré de ne pas céder aux demander des studios et remplacer sa scène. L’anecdote aura au moins le mérite de nous rappeler l’importance du format physique. En plus d’être des objets à exposer, les DVD et Blu-ray sont une excellente manière de s’assurer que nos films préférés ne changeront pas au fil des évolutions sociétales. Ils pourront ainsi remplir leur rôle, nous offrir une nouvelle perspective sur notre monde contemporain au regard de ce qui était, mais n’est plus.
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