Le 14 avril dernier, l’ESA a lancé JUICE, une mission extrêmement ambitieuse dont l’objectif est d’explorer les lunes gelées de Jupiter. Mais peu après le lancement, une première déconvenue attendait les opérateurs, car un instrument crucial ne s’est pas déployé correctement.
Désormais, l’agence fait tout son possible pour résoudre le problème à distance. Elle vient d’ailleurs de publier une petite mise à jour à ce sujet. Et si l’on en croit le contenu de ce billet, les ingénieurs sont encore loins d’avoir dit leur dernier mot; la mission n’est pas condamnée, loin s’en faut.
Un œil sur les entrailles des lunes joviennes
L’instrument en question, c’est le Radar for Icy Moons Exploration, ou RIME. C’est une antenne radar unique en son genre qui doit permettre à l’engin de sonder les profondeurs de Ganymède, Callisto et Europe. En effet, les zones les plus intéressantes de ces corps célestes fascinants sont ensevelies sous des couches de glace particulièrement épaisses qui bouchent la vue à la quasi-totalité des instruments. RIME, en revanche, permettra à JUICE d’observer jusqu’à une profondeur d’environ 9 km — de quoi rapporter des informations précieuses sur des domaines jamais explorés auparavant.
À l’origine, RIME devait se déployer assez rapidement une fois l’engin installé en orbite. Mais elle est malheureusement restée coincée. Depuis, l’ESA travaille activement à résoudre ce problème prioritaire. Car sans son antenne radar, les chercheurs seront privés de certaines données parmi les plus prometteuses.
Une pièce de quelques millimètres aurait coincé l’antenne
La mauvaise nouvelle, c’est que pour l’instant, l’origine de ce dysfonctionnement n’a pas encore été identifiée avec certitude. Les ingénieurs ont toutefois leur petite idée sur l’identité du coupable. Il s’agit probablement d’une petite épingle métallique de quelques millimètres. Elle maintenait l’antenne en position pendant le lancement, et aurait normalement dû sauter lors du déploiement.
L’ESA explore en ce moment plusieurs pistes pour s’en débarrasser. La prochaine étape consistera à donner un petit coup d’accélérateur pour mettre l’engin en rotation. Cela aura pour effet de le secouer et de réchauffer la structure du radar. Ce dernier est actuellement situé dans l’ombre de la sonde, ce qui a pour effet de rigidifier toute la structure. Avec un peu de chance, cette manœuvre permettra de déloger la pièce récalcitrante.
Le compte à rebours est lancé
Heureusement, l’ESA a un peu de marge de manœuvre. La mise en service de la sonde doit encore durer deux mois supplémentaires. Une bonne nouvelle, car en cas de besoin, cela laissera le temps aux ingénieurs de tester plusieurs autres solutions à ce blocage.
Mais il ne faudra pas traîner pour autant. En effet, la sonde va encore devoir déployer plusieurs autres instruments importants. Cela concerne par exemple GALA, un laser qui va étudier l’influence des forces de marée sur les trois lunes ainsi que leurs topologies respectives. Il y a aussi le SWI, un ensemble d’antennes qui vont s’intéresser à l’atmosphère de Jupiter et de ses compagnes.
La bonne nouvelle, c’est que si l’on fait abstraction de RIME, JUICE se porte comme un charme. L’ESA assure que l’engin, actuellement en orbite autour du Soleil, « performe à merveille ». Aucun problème n’est apparu lors du déploiement des autres systèmes les plus importants, comme les panneaux solaires ou le magnétomètre. La perte du radar serait évidemment un coup dur. Mais dans tous les cas, JUICE aura quand même de quoi travailler une fois arrivée à bon port.
Il ne reste donc plus qu’à croiser les doigts pour que le reste de la première phase se passe bien. JUICE sera alors fin prête pour ce grand voyage de 8 ans vers les confins du système solaire qui lui permettra, peut-être, de découvrir de nouvelles informations révolutionnaires sur les origines du système solaire et de la vie sur notre bonne vieille Terre.
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