Officiellement interdit en France dans les produits pour bébés, le bisphénol A (BPA) est de nouveau pointé du doigt par l’Agence Européenne des Aliments (Efsa). Parallèlement, l’UFC Que Choisir vient de rendre publics les résultats alarmants d’un test pointant du doigt l’utilisation illégale – mais massive – des bisphénols dans un grand nombre de produits pour bébés et de contenants alimentaires.
Le BPA, c’est quoi ?
Les bisphénols sont une catégorie de substances chimiques de synthèse, largement utilisées depuis des années dans la fabrication d’objets du quotidien, et notamment dans les jouets pour enfants et les contenus alimentaires. Leur dangerosité a maintes fois été démontrée, et si le bisphénol A est pointé du doigt depuis plus de dix ans pour ses risques potentiels sur la santé humaine, allant des fausses couches aux dysfonctionnements sexuels et reproductifs, en passant par les retards cognitifs et le développement de certaines maladies chroniques.
Officiellement, le BPA et ses dérivés sont interdits en France depuis le 1er janvier 2015 dans la composition des contenants alimentaires, comme les biberons pour bébé, les bouteilles ou les conserves. Plusieurs dossiers d’enquête portant sur le BPA ont été menés depuis 2012 par l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail), et tous semblent unanimes lorsqu’il s’agit de déceler la présence illégale de cette substance dans les produits manufacturés du quotidien.
Interdits, mais encore largement répandus
Aujourd’hui, le BPA est strictement prohibé dans les produits alimentaires ou à destination des bébés. L’enquête de l’UFC Que choisir révèle pourtant leur présence dans près de la moitié des gourdes infantiles testées, et dans 7 anneaux de dentition sur 12. Des produits particulièrement à risque, puisqu’ils sont spécifiquement destinés à de jeunes enfants, et susceptibles d’être mastiqués tout au long de la journée.
D’autant plus que si les produits pour bébés proscrivent officiellement les bisphénols, leur dangerosité va bien au-delà des simples biberons et autres jouets de dentition. Ces derniers sont en effet largement présents dans les contenants alimentaires (100% des produits testés par l’UFC contenaient du BPA), et leur assimilation se fait également par transmission placentaire. Concrètement, lorsqu’une femme enceinte est exposée au BPA, son fœtus l’est aussi.
La règlementation doit évoluer
Le problème souligne l’UFC dans son enquête, reste que si le BPA est légalement interdit dans certaines catégories de produits spécifiques, son utilisation reste autorisée dans bon nombre de produits du quotidien. La législation européenne limite son interdiction aux produits pour bébés, et si la France est allée plus loin en incluant aussi les produits alimentaires, cela concerne uniquement le BPA, et non tout le reste des bisphénols.
Aucune règlementation en revanche, sur les produits destinés à être ne pas être en contact avec des muqueuses, comme les sextoys, les accessoires gynécologiques et obstétriques, mais aussi certains objets textiles. Face au flou juridique qui subsiste, l’UFC recommande pour une interdiction globale des bisphénols ou a minima pour l’interdiction des 34 bisphénols dangereux identifiés par l’Agence Européenne des produits chimiques (ECHA).
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