L’avion en papier, pièce maîtresse de l’arsenal des collégiens dissipés, n’est pas seulement une icône dans les salles de classe. C’est aussi un objet très intéressant d’un point de vue aérodynamique, historique… et même sportif ! Il existe en effet des concours d’avions en papier très sérieux où des adultes en pleine possession de leurs moyens se livrent une compétition acharnée.
Même Red Bull est entré dans la danse. La firme a l’habitude de sponsoriser des exploits sportifs particulièrement extrêmes, comme le saut stratosphérique de Felix Baumgartner ou la traversée d’un tunnel en avion par Dario Costa, mais ça ne l’a pas empêché d’organiser le Red Bull Paper Wings, une gigantesque compétition mondiale pour les amateurs d’aéronefs en papier.
Depuis mai 2022, le record de distance appartenait à un trio de Sud-Coréens. Leur avion, baptisé Mach 5, a parcouru plus de 77 mètres sous les yeux des assesseurs du Guinness. Mais ce record impressionnant a fini par tomber ; une nouvelle équipe a réussi à atteindre une distance de 88 mètres, soit presque al distance d’un terrain de foot réglementaire.
L’engin en question est le fruit du projet de trois jeunes Américains. Et il ne s’agit pas d’anciens trublions qui ont passé leur adolescence à peaufiner leur origami entre deux rappels à l’ordre du professeur. Au contraire, tous étaient probablement d’excellents élèves ; ils viennent de boucler leur cursus d’ingénieurs à l’Université du Missouri, et travaillent désormais dans le domaine de l’aérospatiale.
On pourrait croire qu’il s’agit d’une sorte de récréation pour ces professionnels de l’aviation. Mais les trois compères y voient une façon de joindre l’utile à l’agréable et de sortir des sentiers battus.
Un vrai processus de recherche et développement
« Les vrais avions et ceux en papier sont très différents en termes de complexité, mais ils opèrent selon les mêmes principes fondamentaux » explique Dillon Ruble, l’un des trois membres de l’équipe interviewé par CNN « C’est une bonne manière d’appréhender la conception et la construction de prototypes dans l’aérospatiale », estime ce jeune ingénieur système chez Boeing.
Et même si cela en surprendra certains, la comparaison n’est pas aussi tirée par les cheveux qu’on pourrait le croire. En effet, leur Mach 5 est directement inspiré du X-43A, l’ancien concept d’avion hypersonique de la NASA.
Pour répliquer les prouesses aérodynamiques de cet engin à l’échelle de leur avion miniature, les trois compères n’ont pas lésiné sur les moyens. Ils ont mis toutes leurs compétences professionnelles à profit pour monter un vrai processus de recherche et développement en bonne et due forme.
Au total, ils ont passé plus de 500 heures à simuler et modéliser des dizaines de configurations possibles à l’aide d’outils informatiques professionnels. De quoi étudier des tas de variantes pour chaque pli en fonction de l’angle de lancement, tout en testant consciencieusement chaque prototype. Ils ont même collecté des données précises grâce à des caméras à haute vitesse. Ils ont ainsi pu concevoir un modèle optimisé à l’extrême pour battre ce record de distance.
Au-delà de ce petit exploit, l’équipe voudrait aussi susciter quelques vocations. Les trois compères semblent particulièrement attachés à leur travail. Ils espèrent que leur histoire saura convaincre quelques jeunes d’entreprendre les longues études nécessaires pour travailler sur de vrais engins volants. Pour l’anecdote, ce hobby a joué un rôle déterminant dans la carrière des recordmen ; ils avaient déjà pris part à des compétitions d’avions en papier organisées par Boeing dans leur jeunesse. La boucle est bouclée !
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