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Starship: comment suivre le lancement historique de SpaceX ?

L’immense Starship va tenter de rallier l’orbite en milieu d’après-midi; voici ce qu’il y a à savoir sur ce lancement historique qui pourrait signer le début d’une nouvelle ère de l’aérospatiale.

Ça y est. Après des années d’attente, toute l’aérospatiale retient son souffle en attendant le test de mise en orbite du fameux Starship, le véhicule révolutionnaire de SpaceX et Elon Musk. L’entrée en piste du nouveau roi des véhicules spatiaux est prévue aujourd’hui à partir de 14 h 45, et en cas de succès, c’est toute une industrie qui est en passe de connaître une transformation profonde. À quelques heures de la mise à feu, tous les voyants techniques et météorologiques étaient encore au vert ; voilà à quoi s’attendre avec ce grand événement.

L’annonce est arrivée un peu par surprise, car aux dernières nouvelles, SpaceX était encore en attente du feu vert de la FAA (voir notre article). Il s’agit du régulateur américain de l’aéronautique dont les procédures à rallonge ont tendance à exaspérer l’éternel impatient qu’est Elon Musk. Ni une ni deux, une fois le document en poche, l’entreprise s’est donc démenée pour boucler les derniers préparatifs le plus vite possible sur la base de Boca Chica.

La fusée la plus puissante de l’Histoire

Désormais, tout l’enjeu va être d’aider ce colosse (120 mètres de haut pour environ 5000 tonnes !) à s’arracher aux griffes de la gravitation terrestre. Il pourra compter sur un ensemble de 33 moteurs Raptor V2, un élément qui a longtemps causé bien des migraines à la firme (voir notre article). À quelques exceptions près, ils ont fonctionné comme prévu lors du dernier test de mise à feu réalisé le 22 février (voir notre article). Même s’ils n’ont été poussés qu’à 50 %, les ingénieurs semblaient confiants.

Pour l’anecdote, ces moteurs ne se distinguent pas que par leur puissance. Ce sont des moteurs dits methalox, c’est-à-dire qu’ils fonctionnent avec un mélange de méthane et d’oxygène liquide, contrairement aux moteurs kerolox traditionnels qui utilisent du kérosène en plus de l’oxygène. C’est une technologie qui présente des avantages considérables à plusieurs niveaux (voir ci-dessous), et tous les grands noms du secteur se livrent une course acharnée pour développer des moteurs-fusées de cette catégorie.

Jusqu’à présent, même si l’agence spatiale chinoise et l’américain Relativity Space sont passés tout près avec leurs lanceurs Zhuque-2 et Terran-1 (voir notre article ici), aucun véhicule methalox n’a encore réussi à atteindre l’orbite. Le Starship a donc l’occasion de s’offrir un autre grand succès.

Une fois lancés à plein régime, ils pourront développer une poussée d’environ 227 tonnes — de quoi en faire le lanceur le plus puissant de l’histoire, tout simplement. Même le SLS de la NASA (46 tonnes) ou la toute-puissante Saturn V des missions Apollo (130 tonnes) sont bien loin de pouvoir rivaliser.

Une révolution pour toute l’industrie

À terme, cette charge utile gigantesque permettra au Starship de devenir le fer de lance des missions spatiales les plus ambitieuses jamais entreprises par l’humanité. Il sera notamment l’un des protagonistes du grand programme Artemis, qui doit ramener des humains sur la Lune autour de 2025. Par la suite, il sera aussi l’acteur principal du grand projet de conquête martienne d’Elon Musk.

Et au-delà, il servira aussi à déployer des tas de satellites, télescopes, et autres engins de pointe pour faire faire des pas de géant à l’astronomie. Le Starship dispose d’ailleurs de sacrés arguments à ce niveau-là. À terme, il est en effet conçu pour être entièrement réutilisable, dans la continuité du grand changement de paradigme imposé par SpaceX avec sa famille de lanceur Falcon.

Cela permettra à un même véhicule de multiplier les allers-retours en orbite, ce qui a pour effet d’augmenter significativement la cadence de tir tout en réduisant considérablement les frais opérationnels — et par extension, le montant de la facture pour le client. Au-delà de son statut de chef de file technologique, le Starship ambitionne aussi de devenir le moteur de la grande démocratisation de la conquête spatiale.

Un défi technique immense

Évidemment, il reste de nombreuses cases à cocher avant d’en arriver là. Pour commencer, le Starship devra déjà prouver qu’il est capable d’atteindre l’orbite. Cela implique de passer plusieurs tests critiques. Le premier sera celui de la mise à feu. C’est une étape très délicate par nature, et Elon Musk a déjà prévenu à plusieurs reprises que le public devrait mesurer ses attentes à ce niveau ; il n’est pas exclu que l’énorme engin explose directement sur le pas de tir. Si l’engin parvient à quitter le pas de tir, SpaceX aura déjà atteint son objectif. Dans tous les cas, le spectacle sera garanti !

Une fois l’engin dans les airs, il devra passer le fameux Max-Q, le point de l’ascension où les contraintes mécaniques sont les plus importantes. La troisième étape sera de gérer parfaitement la séparation du gigantesque booster Super Heavy et la mise à feu du Starship en lui-même. Là encore, c’est une étape délicate qui est généralement peaufinée au fil des lancements, il y a donc un risque considérable de défaillance.

Il faudra ensuite négocier l’insertion en orbite du véhicule. Cela ne devrait pas poser de problème… si les étapes précédentes se sont déroulées correctement. En cas de succès, l’engin ne reviendra cependant pas se poser sur Terre comme ses futurs semblables ; cette étape arrivera lors d’une prochaine série de tests. Le véhicule d’aujourd’hui partira s’écraser dans l’océan après avoir réalisé un tour quasi complet de la Terre.

Vous l’aurez compris, le défi technique reste immense et il n’y a aucune garantie que le Starship réussisse son baptême de l’orbite. Mais si SpaceX réussit son coup, elle fera instantanément passer l’aérospatiale dans une toute nouvelle dimension — et pour une fois, il ne s’agit pas d’une exagération d’Elon Musk.

Comment suivre la décollage en direct ?

Le Starship tentera de décoller en milieu d’après-midi. L’entreprise va normalement diffuser tous les préparatifs du lancement à partir de 14 h 15. La fenêtre de lancement en elle-même sera ouverte pendant environ 2 heures, entre 15 heures et 17 h 30. C’est pendant cet intervalle de temps qu’il faudra rester aux aguets pour assister à la mise à feu en direct.

Une fois le compte à rebours terminé, les événements vont s’enchaîner assez vite. La séparation et la mise à feu du Starship est prévue un peu moins de 3 minutes après le décollage. L’engin va ensuite accélérer pendant environ 6 minutes pour atteindre l’orbite ciblée. S’il survit jusque là, c’est à ce stade que la mission sera considérée comme un succès total.

La retransmission sera disponible soit sur le site de SpaceX, soit sur la chaîne YouTube de la firme.

https://www.youtube.com/watch?v=L5QXreqOrTA

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