Le couperet est tombé par surprise en début de semaine : l’entreprise Utip a annoncé ce lundi qu’elle cesserait toute activité à partir du 4 avril 2023. En cause, la fin du contrat entre la firme et son prestataire de paiement MangoPay : une décision prise à l’unilatérale et infusée de discours anti-pornographie.
uTip et la pornographie
Comme OnlyFans, ou encore Pornhub, qui s’était heurté il y a deux ans aux sanctions de Visa et Mastercard, Utip a fait les frais de la pornographie. Officiellement, la plateforme qui permet aux internautes de rémunérer directement des créateurs et créatrices de contenu n’héberge aucun contenu pour adulte. Une situation qui lui permettait notamment de passer par des prestataires de paiement classiques.
Quelle est la différence ? Le % de taxes prélevées par les banques et donc par le prestataire de paiement.
En effet, les transactions à haut risque sont taxées plus. Par exemple, le processeur de paiement que j'utilise pour @CarreRoseFilms, CCBill prend environ 16% de taxes.
— Carmina – Frigida Kahlo (@carm_ina) April 3, 2023
Le problème rappelle la réalisatrice et performeuse Carmina sur Twitter, c’est que les prestataires de paiement classiques ne prélèvent pas les mêmes pourcentages de frais pour une entreprise classique et pour une entreprise qui produit des contenus interdit aux moins de 18 ans. Pour justifier ce choix, les entreprises évoquent un marché “plus risqué“, sur lequel les prestataires financiers réclament davantage de garanties.
Pourquoi la pornographie pose (encore) problème ?
La situation de Utip n’est pas un cas isolée, et elle témoigne bien de l’hypocrisie latente qui sévit sur les plateformes sociales – destinées aux adultes ou non. Sur Instagram, les comptes dédiés à l’éducation sexuelle sont régulièrement shadowban, et même les géants du marché comme Womanizer ne sont pas épargnés. Dans le cas du concurrent français de Tipeee et Patreon, c’est une liquidation judiciaire en bonne et due forme qui a été prononcée ce 23 mars dernier. L’annonce aurait pu être faite à ce moment-là, mais uTip évoque un “espoir” maintenu jusqu’au dernier moment.
Pourtant, la créatrice en question ne proposait pas de contenu pornographique, mais seulement réservé aux adultes.
Reste que si la plateforme a encore quelques semaines pour trouver un repreneur éventuel, la question de l’industrie pour adulte dans les circuits de diffusion classique demeure. En punissant l’ensemble des créateurs et créatrices de contenu de uTip pour un cas isolé, MangoPay jette encore l’opprobre sur les contenus pour adultes, et contribue à creuser encore un peu plus le schisme entre l’industrie de l’érotisme et le reste du monde.
Quel avenir pour les créateurs et créatrices de contenu ?
Pour récupérer votre liste d'abonnés, un bouton sera ajouté à votre interface. Vous pouvez utiliser notre outil d'email pour informer votre communauté de votre nouvelle plateforme. Consultez @Kissbankers, @Tipeee_Officiel et @Patreon pour des plateformes alternatives.
— uTip 🪦 (@utip_team) April 3, 2023
Pour le moment, le site reste accessible, et il est encore possible de créer un compte. L’entreprise a toutefois garanti que les fonds déjà versés seraient bien distribués aux principaux concernés “conformément aux règlementations en vigueur“. Les créateurs et créatrices de contenu peuvent donc toujours effectuer des demandes de virements vers leur compte, mais aussi récupérer un listing de mails d’abonnés, qui pourra plus facilement être transférer sur une autre plateforme.
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J’ai pas compris pourquoi MangoPay n’a pas rappelé Utip à l’ordre qui aurait averti puis éventuellement fermé le compte de la personne plutôt que de faire fermer toute une entreprise et ses clients/partenaires.