Plus le temps passe, et plus l’horizon s’assombrit pour Virgin Orbit. D’après Reuters, l’entreprise de Richard Branson a échoué à collecter les financements dont elle avait besoin pour garder la tête hors de l’eau après plusieurs revers notables, dont un en janvier dernier. La firme va aussi procéder à une véritable purge. 85 % des employés devraient être licenciés.
Il s’agit du dernier obstacle en date sur un parcours déjà très compliqué. Dès son entrée en bourse en 2021, Virgin Orbit avait déjà rencontré quelques soucis de financement. La firme n’a jamais vraiment réussi à donner entièrement confiance aux investisseurs, sceptiques quant à ses perspectives d’avenir dans une industrie dominée par des titans industriels nettement plus séduisants comme SpaceX.
Résultat : la collecte de fonds initiale a rapporté environ 250 millions de dollars de moins que prévu, forçant à faire des concessions sur sa feuille de route. Et la situation ne s’est pas arrangée entre temps.
En juillet 2021, c’est Virgin Galactic, la cousine de Virgin Orbit consacrée au tourisme spatial, qui avait l’occasion de frapper un grand coup. En effet, Richard Branson s’est offert un sacré coup de publicité. Il est devenu le premier milliardaire à voyager aux portes de l’espace dans un véhicule aux couleurs de sa propre firme, grillant ainsi la politesse à Jeff Bezos et Blue Origin (voir notre article).
Même si ce n’était techniquement pas une mission de Virgin Orbit, il s’agissait tout de même d’une belle réussite pour le groupe. Mais malheureusement, quelques mois après, l’administration américaine a suspendu les autorisations de vol de Virgin Galactic après la révélation de « graves incidents » survenus pendant le vol (voir notre article).
Start Me Up, le clou dans le cercueil
Après cette nouvelle déconvenue, Virgin Orbit a continué de se débattre avec ces collectes de fonds au quotidien. Et surtout, elle n’a pas enregistré le moindre profit depuis sa création officielle en 2017… Pas franchement très alléchant du point de vue d’un investisseur. Elle avait donc grand besoin d’un succès marquant susceptible d’attirer quelques mécènes.
Pour y parvenir, Branson a joué le tout pour le tout avec une mission baptisée Start Me Up. Son objectif était de procéder au premier lancement spatial depuis le sol britannique. Ou, plus précisément, depuis Cosmic Girl, un avion porteur lui-même lancé depuis l’archipel. Mais la série noire a continué de plus belle. La fusée a été perdue à la suite d’une anomalie, peu après la séparation du 2e étage.
Ce dernier revers semble avoir enfoncé le dernier clou dans le cercueil de Virgin Orbit ; l’entreprise est en train de passer en coma artificiel. Elle va cesser son activité commerciale jusqu’à nouvel ordre. Et surtout, en moins d’une semaine, elle va liquider environ 85 % de sa masse salariale, ce qui représente environ 675 employés. Selon Reuters, les intéressés étaient déjà au chômage technique depuis le 15 mars.
« Nous n’avons pas d’autre choix que de prendre des mesures immédiates, dramatiques et extrêmement douloureuses », a expliqué Dan Hart, directeur exécutif de Virgin Orbit, lors d’un entretien avec les employés concernés.
Branson cherche une ultime perfusion financière
Mais Branson n’envisage apparemment pas de liquider entièrement les actifs de l’entreprise. Avec ce grand ménage, Virgin Orbit espère trouver un peu d’air le temps de trouver une nouvelle source de financement salvatrice. Toujours selon Reuters, un « nombre réduit » d’employés est revenu le 23 mars pour travailler sur un moteur-fusée.
Faut-il y voir une décision pragmatique, ou un baroud d’honneur de la part d’un chef d’entreprise dans le déni ? Difficile à dire en l’état — mais l’historique de Virgin Orbit n’incite pas à l’optimisme.
S’il ne parvient pas à collecter les fonds nécessaires à temps, ce qui semble compromis, il est possible que Branson renonce au lancement de satellites. Il pourrait sacrifier entièrement Virgin Orbit. Le groupe pourrait alors se concentrer sur l’activité de tourisme spatial proposée par Virgin Galactic. Rendez-vous dans quelques mois pour savoir si le couperet finira par tomber, ou si le milliardaire à la crinière couleur canari va encore garder son bébé sous perfusion pendant quelque temps.
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A un moment quand on tape sur la peuplade de tout les côtés au nom de l’écologie, il est heureux de voir que les investisseurs ne choisissent pas une entreprise de “space mountain géant” qui n’apporte rien à la recherche spatiale.
Toujours un peu de mal à comprendre on parle du manque d’investissement mais le patron pèse juste 4 milliards de $, il a bien les moyens pour aider son entreprise s’il le veut vraiment.
@wedge
Justement il pèse 4 milliards parce qu’il sait qu’il faut partager les risques surtout dans ce genre de projet incertains, sauf que là plus personne ne veut y aller avec lui…