Il y a quelques milliers d’années, bien avant l’apparition de l’élevage à l’échelle industrielle, les célèbres mammouths laineux représentaient une part considérable de l’alimentation de nos ancêtres préhistoriques. Cette époque est aujourd’hui révolue ; mais pour ceux qui souhaitent à tout prix réveiller le Cro-Magnon qui sommeille en eux, la startup australienne Vow a une bonne nouvelle.
Au NEMO Science Museum d’Amsterdam, l’entreprise a présenté le résultat d’une drôle d’expérience d’ingénierie moléculaire. En partenariat avec une équipe de biologistes, elle a créé ce qu’elle présente comme une boulette de viande de mammouth.
Contrairement à la CIA, qui cherche activement à ressusciter ces animaux disparus dans le cadre d’un projet controversé (voir notre article), il ne s’agit ici pas de ramener les mammouths à la vie pour les abattre. La viande en question a été produite en laboratoire grâce à un processus de culture cellulaire à la mode en ce moment. En plus de la startup, on trouve déjà un certain nombre d’entreprises bien implantées qui commercialisent des produits alimentaires à base de viande artificielle (voir notre article ici).
Un soupçon de mammouth et un zeste d’éléphant
Pour produire sa boulette de mammouth, Vow s’est concentré sur la myoglobine. C’est une protéine fondamentale dans la structure des muscles, et c’est elle qui donne son goût caractéristique à la viande rouge.
En s’appuyant sur des données publiques, les laborantins de Vow ont commencé par identifier la séquence d’ADN qui définit le gène de la myoglobine chez le mammouth. Ils ont ensuite complété les séquences manquantes en utilisant de l’ADN d’éléphant d’Afrique, son plus proche parent actuel.
Après avoir complété ce puzzle moléculaire, ils ont inséré ce gène de myoglobine dans des cellules non différenciées à l’aide d’un courant électrique. À partir de là, ils leur ont simplement fourni tout ce dont elles avaient besoin (nutriments, facteurs de croissance…) pour leur permettre de se développer et de se multiplier.
Un plat préhistorique pas (encore) comestible
Au bout du processus, ils ont obtenu un morceau de tissu biologique à la structure cellulaire relativement proche de ce qu’on trouve dans l’organisme des êtres vivants.
Ce curieux plat a dû susciter une certaine curiosité chez les gourmets présents dans le public. Pourtant, personne n’a pu la goûter pour le moment. En effet, il faut d’abord s’assurer que la myoglobine de mammouth est propre à la consommation.
« Je n’en mangerai pas pour le moment parce que nous n’avons pas vu cette protéine depuis 4000 ans », explique Ernst Volvetang, chercheur en ingénierie moléculaire à la Queensland University qui a collaboré avec la startup. « Par contre, après les tests, je serai vraiment curieux de savoir quel goût ça », concède-t-il.
L’aube d’une révolution culinaire ?
Mais l’objectif de Vow n’est pas d’ouvrir un restaurant sur le thème de la Famille Pierrafeu. Il s’agit en premier lieu d’une campagne de publicité très originale pour ses autres viandes artificielles plus conventionnelles, et pour la “fausse” viande en général.
Dans son communiqué, la firme insiste longuement sur le fait que l’agroalimentaire doit changer de modèle pour se tourner vers la culture en laboratoire pour lutter contre la crise climatique. Elle a choisi le mammouth car il s’agit d’une espèce célèbre, et surtout très symbolique dans ce contexte. Contrairement à ce que suggèrent certaines idées reçues, ces pachydermes n’ont pas été chassés jusqu’à l’extinction; ils ont disparu à cause d’un épisode de changement climatique qui les a privés de nourriture.
Au-delà du côté insolite et de la publicité pure et simple, il y a quand même quelques enseignements à tirer de ces travaux. En « faisant pousser du mammouth », Vow montre de façon très concrète comment le développement de ces nouvelles techniques pourrait faire évoluer notre façon de manger.
En effet, notre alimentation est amenée à changer considérablement sous les coups de boutoir de la crise climatique. Les méthodes alternatives comme la culture de viande ou l’élevage d’insectes ont le vent en poupe en ce moment. Il sera donc très intéressant d’observer leur évolution, et surtout les réactions des consommateurs.
Il n’est pas impossible qu’elles représentent une part significative de nos repas d’ici quelques décennies — au grand désespoir de certains paladins de la gastronomie traditionnelle, qui y verront peut-être un odieux sacrilège. Mais d’un autre côté, un tel changement de paradigme pourrait aussi ouvrir les portes d’un nouveau monde culinaire plein de possibilités aux gourmets aventureux.
Nous vous donnons donc rendez-vous en 2050 pour un nouvel état des lieux — peut-être autour d’un savoureux mammouth bourguignon agrémenté de criquets croustillants !
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pour êtres franc ça me fait un peu peur de manger de la viande fait en laboratoire.
mais ça deviendra surement un standard dans 100/200 ans et les gens diront que ces bizarre de manger de la viande d’animaux vivant ou ce sera un truc de luxe de manger de la viande d’animaux vivant.
Ouais, dans 100 ans manger de l’agneau sera considéré comme du braconnage 🙂
tuez pour manger c’est la base!
J’attends les viandes de synthèse avec impatience… Sans ironie, sans déconner, vraiment.