Ubisoft relance le débat sur l’IA dans les jeux vidéo avec Ghostwriter

Depuis quelques jours, le monde de l’intelligence artificielle vient se percuter à celui des jeux vidéo. Après avoir parlé des jeux indépendants, mais aussi de l’intégration de certains outils basés sur l’intelligence artificielle dans Roblox, c’est au tour d’Ubisoft de succomber à cette mode qui prend de l’ampleur. Le studio français annonce l’arrivée d’un outil nommé Ghostwriter.

Comme son nom l’indique, il s’agit d’un écrivain fantôme, ou invisible, généré par l’IA dont le but est de concevoir les dialogues des personnages non joueurs. Ghostwriter a été présenté à la GDC par Ben Swanson qui fait partie du laboratoire de recherche d’Ubisoft. La firme compte sur cet outil pour révolutionner le travail de conception des mondes ouverts, la spécialité du studio.

Ghostwriter serait non seulement utilisé pour générer les dialogues des PNJ en fond sonore, mais aussi ceux que le joueur déclenche ou encore les éléments de l’interface utilisateur. Ubisoft présente la fonctionnalité à travers une vidéo plutôt éloquente dans laquelle on peut voir de quelle manière la consigne est comprise et exécutée par l’IA. L’une des manières de la faire fonctionner est d’entrer la ligne de dialogue, en demandant à l’intelligence artificielle d’y ajouter une émotion ou intention particulière.

Une technologie qui pose problème ?

Si Ubisoft est très fier de son innovation, les joueurs et les professionnels de l’industrie sont beaucoup moins enthousiastes. En effet, l’annonce a eu un effet plutôt négatif sur la communauté qui a tout de suite condamné ce genre d’utilisation de l’intelligence artificielle. Bien que Ben Swanson ait déclaré que l’humain sera toujours requis pour passer derrière la machine, et qu’elle ne serait utilisée que dans des cas de dialogues de groupe et non pas pour l’histoire principale ou la construction du lore, l’IA inquiète.

Cela pose la question de l’emploi. Il est évident qu’avec un tel outil, le travail des écrivains et/ou scénaristes n’en sera que réduit, en plus de laisser la créativité de côté au profit d’un travail de vérification. Alanah Pearce, que l’on connaît pour son poste de rédactrice chez Santa Monica Studio, déclare :

“En tant que scénariste, devoir éditer des scripts/dialogues générés par l’IA me semble bien plus chronophage que d’écrire mes propres lignes 🤷. Je préférerais de loin que les studios AAA utilisent le budget qu’ils consacrent à la création d’outils comme celui-ci pour embaucher davantage de scénaristes.”

Cela pose également un problème au niveau de la cohérence et de l’accès à l’emploi de manière générale. Il faudra sans doute à Ubisoft beaucoup moins de rédacteurs sur les jeux boostés à l’IA et le tout peut encore être soumis à diverses fautes ou incohérences avec le lore. D’autant plus que certains attraits pour le racisme ou les idées extrémistes ont encore tendance à faire surface lorsqu’il s’agit d’intelligence artificielle alimentée par l’humain.

Cela peut néanmoins débloquer du temps sur le développement qui pourra être utilisé à bon escient dans d’autres domaines. D’autres redoutent le jour où Ubisoft déploiera Ghostwriter à plus grande échelle sur ses jeux, se passant de tout scénariste. Pire encore, que cela inspire d’autres studios à faire de même dans les années à venir. Bien sûr, Ubisoft ne va pas jusque là) pour le moment, et n’a pas dévoilé quand l’outil serait inauguré dans un de ses jeux.

🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.