L’information est tombée dans la soirée du 20 mars 2023. La marque Womanizer, pionnière et leader sur le marché de la sextech a vu son compte officiel banni d’Instagram. Dans un communiqué adressé aux rédactions, le géant américain dénonce une décision “décevante” et “arbitraire”, qui ne sert qu’à “renforcer les rôles de genre traditionnels“. Outre cette nouvelle déconvenue pour l’entreprise, qui avait déjà essuyé une décision similaire en 2021, la situation alerte encore une fois sur la position tangente d’Instagram au sujet de la sexualité.
Instagram confond pornographie et éducation sexuelle
Ce n’est pas un sujet nouveau sur Instagram : les comptes dédiés à l’éducation sexuelle sont régulièrement invisibilisés (shadowban), parfois suspendus des plateformes, au bon vouloir de la politique appliquée par Meta. La suspension de Womanizer n’est donc pas un cas isolé, rappelle la marque américaine : “d’autres comptes qui promeuvent le plaisir, en particulier le plaisir féminin, ont également été confrontés à des problèmes similaires”.
Derrière cette décision “sexiste” de la part d’Instagram, c’est tout l’accès à l’éducation sexuelle qui est pointé du doigt par Womanizer. Les plateformes web font la pluie et le beau temps sur les contenus qu’elles hébergent, quitte à souvent censurer les propos un peu trop portés sur la sexualité.
Dans sa croisade mêlant puritanisme et vision américano-centrée, Instagram fait surtout la part belle à l’hypocrisie. Si le site pornographique Pornhub a vu son compte définitivement suspendu en septembre dernier, la filiale de Meta se montre beaucoup plus laxiste lorsqu’il s’agit de contenu hétéronormé, mettant en scène des femmes et des hommes minces, fermes et musclés. Un double discours qui diffère lorsqu’il est question de corps issus des minorités, ou jugés non-conformes aux standards de beauté occidentaux.
Une campagne pour libérer la parole
Face à ce qu’elle considère comme une injustice, la marque Womanizer a contrattaqué en relançant sa campagne #UnmutePleasure, en collaboration avec sa marque cousine We-Vibe. En plus de promouvoir la liberté de parole autour de l’éducation sexuelle, l’entreprise espère faire pression sur Instagram pour convaincre une nouvelle fois la plateforme de rétablir son compte.
Car en réalité, le problème derrière la censure de Womanizer est plus profond qu’une simple affaire de communication. En France, et plus généralement dans le monde, l’éducation à la sexualité est largement défaillante du côté des institutions officielles. Par la force des choses, ce sont les initiatives privées — principalement les marques et les créateurs et créatrices de contenu — qui ont pris la main sur cet aspect pourtant fondamental de l’éducation des jeunes et les moins jeunes à une vie intime consentie et épanouie.
Womanizer a désormais 30 jours pour faire appel de la décision d’Instagram, sous peine de perdre définitivement son compte. À l’heure où cet article est publié, la situation n’est toujours pas réglée.
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