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Elon Musk n’est pas très optimiste pour le vol inaugural du Starship

Musk estime que le vaisseau révolutionnaire de SpaceX a une chance sur deux d’atteindre l’orbite du premier coup, et 80% d’ici la fin de l’année.

Ce n’est plus qu’une question de temps avant que SpaceX tente pour la première fois de mettre son Starship en orbite. Après avoir bouclé les derniers tests techniques récemment, la firme n’attend plus que le feu vert de la FAA, l’agence américaine qui supervise l’exploitation des véhicules volants.

Lors d’une conférence le 7 mars, Elon Musk a livré son pronostic sur les chances de succès de cette grande première. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’a pas fait dans le politiquement correct. Selon le Business Insider, il aurait estimé que ce bijou de technologie avait environ 50 % de chances d’atteindre son objectif du premier coup.

Un chiffre qui n’a rien de surprenant. En effet, l’aérospatiale est une discipline extrêmement complexe ; les anglophones ont même l’habitude d’utiliser l’expression consacrée « Space is hard » (« l’espace, c’est difficile »). Chaque véhicule contient des centaines de composants critiques. La défaillance d’un seul élément peut aisément conduire à l’échec de la mission, que ce soit au décollage, pendant l’ascension, ou à l’atterrissage.

C’est donc assez rare qu’un nouveau modèle de fusée réussisse à atteindre l’orbite à la première tentative. La JAXA en a encore fait les frais récemment. Le 6 février dernier, l’agence spatiale japonaise a raté la mise en orbite de son tout nouveau lanceur H3.

Spectacle garanti, quelle que soit l’issue

Et même le chef de file incontesté du secteur n’est pas immunisé contre ces accidents. Malgré tout, Musk a assuré que le spectacle vaudra le coup d’œil. « Je ne dis pas que [le Starship] atteindra forcément l’orbite, mais je vous garantis que ça sera excitant », cite le Business Insider. Et cet engouement ne sera pas réservé aux nerds de l’espace. Car en cas d’échec, nous pourrions avoir droit à des images spectaculaires qui feront aussi le bonheur des non-initiés.

En effet, même si le Starship n’a encore jamais dépassé les 10 km d’altitude, plusieurs prototypes ont déjà décollé ces dernières années… et ça ne s’est pas toujours très bien terminé. Plusieurs d’entre eux ont connu une fin détonante — littéralement. Les prototypes SN8, SN9, SN10 et SN11 ont tous été détruits dans des explosions spectaculaires qui feraient passer Michael Bay pour un vulgaire lanceur de claque-doigts.

Et il ne s’agissait que de prototypes de Starship nus. Aucun d’entre eux n’était pas montés sur l’immense lanceur Super Heavy. Or, ce mastodonte est indispensable pour permettre au véhicule de sortir de l’atmosphère. Il sera donc de la partie lors du baptême de l’orbite, avec ses 3400 tonnes d’ergols liquides hautement inflammables. Autant dire qu’en cas d’échec critique, on peut s’attendre à un sacré feu d’artifice – ou plutôt à des « démontages rapides imprévus », pour reprendre la formule espiègle employée par Elon Musk.

Il est toutefois hautement improbable que l’engin explose sur le pas de tir. En règle générale, les problèmes ont plutôt tendance à survenir lors d’une étape critique de l’ascension. On peut notamment citer la séparation entre les deux étages, qui est toujours un moment extrêmement délicat. Dans le cas du Starship, la séparation du Super Heavy est prévue après deux minutes de vol à 65 km d’altitude. Soit à bonne distance des infrastructures de la Starbase.

L’aube d’une nouvelle ère de la conquête spatiale

Un échec de ce genre serait évidemment regrettable pour SpaceX, mais il ne s’agira pas d’une fin en soi. L’entreprise pourra en tirer des enseignements pour améliorer les chances de succès des prochaines tentatives. Musk a aussi précisé que SpaceX construisait d’autres Starship en ce moment même. Le cas échéant, ses troupes pourraient donc procéder à un nouveau tir assez rapidement. Il estime qu’il y a environ 80 % de chances que l’engin atteigne l’orbite d’ici la fin de l’année.

Voilà pour la partie la moins réjouissante. Mais il ne faut pas non plus vendre le fuselage du Starship avant de l’avoir tué. Il n’est pas exclu que SpaceX parvienne à ses fins du premier coup. Le cas échéant, ce serait un exploit technique retentissant.

Le booster Super Heavy surmonté du Starship
Le booster Super Heavy surmonté du Starship. © SpaceX

Dans tous les cas, vu les moyens déployés par SpaceX, ce n’est qu’une question de temps avant que le Starship ne soit pleinement opérationnel. Nous arriverons alors dans une toute nouvelle ère de l’aérospatiale qui fera la part belle à une nouvelle génération de lanceurs surpuissants et surtout réutilisables.

De quoi accélérer considérablement la conquête de l’orbite terrestre et d’autres corps célestes comme la Lune… et surtout Mars, où Musk rêve d’établir une colonie permanente. Autant dire qu’il faudra suivre ce dossier avec une attention toute particulière.

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