Le 20 novembre prochain, les premiers segments de l’ISS fêteront leur 25e anniversaire en orbite. Après plus de deux décennies de bons et loyaux services, elle occupe toujours une place centrale dans les efforts de conquête spatiale. Mais cette présence bienveillante ne sera pas éternelle ; elle doit prendre sa retraite en janvier 2031.
Techniquement, c’est Roscosmos, l’agence spatiale russe, qui devrait se charger de la fin de vie de l’ISS. Mais dans le contexte actuel où il est très difficile de communiquer avec les instances du Kremlin, la NASA préfère prendre les devants. Elle réfléchit en ce moment à un nouveau véhicule qui pourrait accompagner la station vers sa dernière demeure, au cas où le contingent russe se défausserait de ses responsabilités.
L’annonce est tombée lors de la conférence annuelle de Bill Nelson, l’administrateur en chef de la NASA. Il a révélé que le gouvernement avait accordé un budget de 27,2 milliards de dollars à l’agence pour l’année fiscale 2024. Une hausse de 7 % par rapport au budget précédent, ce qui permettra à la NASA de continuer sereinement ses efforts de conquête spatiale avec le programme Artemis. Et dans cette enveloppe, on trouve 180 millions qui permettront d’appréhender sereinement la fin de vie de l’ISS.
Car à l’issue de son illustre mission, les pays partenaires ne pourront pas tourner la page immédiatement. Pas question de laisser l’ISS l’abandon sur son orbite. Rien à voir avec les cadavres de satellites qui jonchent le voisinage de la Terre; il s’agit tout de même d’un engin d’environ 110 mètres de long pour 420 tonnes. Et une fois n’est pas coutume, ce n’est pas une question d’encombrement. C’est plutôt une affaire de sécurité pour les terriens.
Contrôler la rentrée atmosphérique
En effet, l’ISS n’est techniquement pas à l’extérieur de l’atmosphère terrestre. A environ 400 kilomètres d’altitude, il reste encore quelques particules d’air susceptibles de générer une certaine friction avec le véhicule. Cette dernière fait ralentir l’engin, ce qui génère un déclin d’orbite. Résultat : sa trajectoire s’affaisse progressivement.
Et puisque l’ISS n’est pas équipée de propulseurs dédiés, une agence spatiale (généralement Roscosmos) doit régulièrement repousser l’inévitable. Pour cela, elle remet simplement un coup d’accélérateur périodique grâce aux moteurs d’un autre engin arrimé temporairement à la station. Mais une fois sa retraite actée, elle finira immanquablement par revenir brûler dans les couches inférieures de l’atmosphère.
Il n’y a pas vraiment d’alternative pour la fin de vie de l’ISS. La désorbiter de cette façon, c’est le seul moyen de s’en débarrasser. Contrairement aux engins de SpaceX, aucun de ses modules n’est équipé pour revenir se poser sur Terre. Il faudra donc s’assurer que d’éventuels débris ne posent pas de problème. Le risque pourrait être considérable. En effet, la plupart des 16 modules pèsent chacun entre 10 et 20 tonnes ; même carbonisés, ils pourraient faire de gros dégâts s’ils retombaient au milieu d’une zone habitée.
Un Charon spatial pour accompagner l’ISS
Tout l’enjeu, ça va être de contrôler cette rentrée atmosphérique. Et c’est là qu’intervient cette fameuse enveloppe de 180 millions. Elle servira à « initier le développement » d’une sorte de dépanneuse orbitale. Sa mission principale : servir de guide vers la destination finale de la vénérable station. Un peu comme Charon, le fameux nocher des Enfers qui fait traverser le Styx aux âmes des morts dans la mythologie grecque.
Le texte qui définit le budget ne comporte aucune précision technique sur l’engin en lui-même. Mais en pratique, il s’agira probablement d’un vaisseau assez rudimentaire muni d’une série de propulseurs. Il aidera la station à ralentir en accélérant dans le sens inverse de sa rotation autour de la Terre. Cela permettra de procéder à cette euthanasie spatiale à un moment bien précis, afin que le ciel ne tombe pas sur la tête d’un humain ou d’une infrastructure en contrebas.
Dans tous les cas, rien ne presse. Après tout, la NASA a encore un peu moins de huit ans devant elle. Un délai largement suffisant pour se concerter avec ses partenaires et finaliser son plan. De plus, il n’y aurait pas besoin d’un engin révolutionnaire ; toute la technologie nécessaire est déjà disponible depuis belle lurette. La conception devrait donc être bouclée rapidement une fois que la NASA sera fixée sur la suite des événements.
Et si l’agence se décide rapidement, cette dépanneuse spatiale pourrait même se trouver quelques clients avant la retraite de l’ISS. Après tout, ce ne sont pas les débris spatiaux qui manquent, et l’orbite spatiale aurait bien besoin d’un nettoyage en profondeur (voir notre article) ! Dans l’histoire, le plus difficile sera certainement de faire le deuil de cette illustre station spatiale, symbole d’une une formidable aventure scientifique et inébranlable tour d’ivoire au service de la coopération internationale…
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Pourquoi ne pas l’envoyer hors de l’orbite vers l’espace plutôt que de la faire rentrer dans l’atmosphère ?
J’irai plutôt la faire s’écraser le plus doucement possible sur un point choisi de la lune. 420 tonnes de matériel potentiellement réutilisable pour de futures missions lunaires , ça se refuse pas.
Cela serait mieux de le mettre en orbite autours de la Lune ou de le laisser atterrir sur le sol lunaire.
J’avais demandé à Hugo Lisoir sur youtube. Cela coûterait plus cher, m’avait il répondu pour l’envoyer dans l’espace.
Comme d’habitude les humains savent construire mais ne savent pas démanteler comme les porte avions, les centrales nucléaires et bien d’autres choses; encore une catastrophe écologique en vue pour les océans qui servent de poubelles bien pratiques !
Je suis d’accord pour une utilisation de ce matos pour la lune.
Il faut juste une somme énorme pour faire une fusée qui irait s’amarrer à la station et l’emmènerait en orbite lunaire.
Qui va payer ?
Je suis aussi d’accord pour se débarrasser de l’ISS sur la Lune. Nous avons assez de problèmes comme ça avec la pollution dans les eaux internationales ou dans les mers avoisinant les grandes nations.
Mais à quel prix encore une fois. Il prône toujours la récupération, mais la réalité est tout autre nous croyons faire du recyclage et tout s’en va aux poubelles quand même.
J’espère qu’ils prendront une bonne décision
Dommage que l’agence spatiale européenne ait abandonné son véhicule ravitailleur et propulseur ATV après 5 vols et autant d’amarrages automatiques à l’ISS! ATV avec des réservoirs supplémentaires à la place des sacs de ravitaillements aurai fait le travail de Charon.
L’idée d’envoyer l’ISS plus haut, vers la Lune ou meme vers le soleil a été analysé, le problème est que cela nécessite 100 fois plus de carburant que ce qui peut etre lancé par par les fusée existantes, et développer un tel engin couterai beaucoup plus cher et prendrai beaucoup plus de temps que juste faire un remorqueur spatial.
Même avis que vous tous. On parle souvent de voile solaire pour des missions à travers le système solaire, pourquoi ne pas utiliser cette méthode sur l’ISS pour l’emmener vers la lune ??? Technologie simple et très certainement moins coûteuse qu’une fusée….
Pour ceux qui veulent l’envoyer vers la lune, dites vous que durant les missions Apollo l’ensemble Apollo-LEM, qui pesait environ 45 tonnes était catapulté vers la lune par l’étage S-IVB durant une poussée de 6 minutes qui brûlait environ 90 t de carburant.
Donc on peut raisonnablement penser qu’il faudrait plus de 1.000 t de carburant (il ne faut pas oublier la masse de l’engin qui pousse) pour espérer envoyer l’ISS vers la lune).
Et puis pour envoyer cet engin (équivalent au premier étage de nouvelle fusée SLS) rejoindre l’ISS, on fait comment ? On tire une fusée de 20.000 t (et encore je pense être un peu léger) depuis la Terre ?
De l’autre côté pour la désorbiter, quelques dizaines de tonnes de carburant suffisent largement.
Pour abonder dans le sens de Nicado, pourquoi ne pas l’envoyer en direction du soleil, ce qui ne doit pas être plus difficile que de la desorbiter vers la terre avec tous les risques que cela comporte. Le soleil la fera disparaitre sans laisser de déchets dans la banlieue terrestre, déjà bien encombrée et dangereuse (on l’a vu avec la perforation d’un module par un débris spatial).
Le soleil c est encore plus loin que la lune donc plus cher.
La station mir etait retombée sans que cela ait posé de problème majeur.
Il n y a pas beaucoup de pollution générée etant donné les températures atteintes lors de la rentrée.
En revanche la pollution des orbites oui c est effectivement un gros pb