Dans la nuit du 12 au 13 mars, l’Academy of Motion Picture Arts and Sciences a récompensé le meilleur du cinéma en 2022. Au coeur du mythique TCL Chinese Theatre, le tout Hollywood s’est réuni pour célébrer le grand écran. Sans surprise, Everything Everywhere All At Once a réalisé un véritable braquage avec pas moins de 7 récompenses, dont celle du meilleur film.
Mais la en prise de vues réelles n’est pas les seuls à avoir l’occasion de briller lors de cette emblématique cérémonie. L’animation est aussi conviée depuis 2002, avec la création d’une récompense dédiée. Jusqu’au début du millénaire, les films d’animation devait concourir dans la même catégorie que les métrages live-action. Aucun métrage n’a obtenu cette récompense entre 1929 et 2002. La création de l’Oscar du meilleur film d’animation avait ainsi pour vocation de mettre la lumière sur ces procédés qui ont pourtant tant à offrir.
Ce dimanche, c’est Guillermo del Toro qui a été récompensé pour sa relecture du conte italien Pinocchio. Pour Netflix, le cinéaste a fait éclore une fable attendrissante en stop-motion et sur fond de Seconde Guerre mondiale. Lorsqu’il est monté sur scène pour recevoir son prix, le cinéaste a tenu à rappeler l’importance de l’animation dans le panorama audiovisuel. Ce n’est pas la première fois qu’il se fait l’avocat du médium, il avait déjà tenu un discours similaire lors des Golden Globes (où il avait aussi été récompensé) et lors du festival d’Annecy en 2022. Il s’est hier soir adressé à son audience, faite d’acteurs, de producteurs et de réalisateurs :
“L’animation c‘est du cinéma. Ce n’est pas un genre et elle est prête à passer à l’étape suivante. Nous sommes tous prêts pour cela. S’il vous plaît, aidez-vous à garder l’animation dans la conversation.“
Un secteur en perdition ?
L’année 2022 a été particulièrement intéressante pour les amateurs de productions animées. Au cinéma comme sur les plateformes, les projets du genre se sont multipliés. Que ce soit sur Netflix, chez Disney ou même Dreamworks, les succès ont été nombreux. Pinocchio de Guillermo del Toro n’a pas été le seul à obtenir les faveurs du public. Le Chat Potté 2 : La Dernière Quête, réalisé par Joel Crawford, a créé la surprise à sortie en décembre dernier.
Avec un box-office chiffré à 442,5 millions de dollars, le spin-off de Shrek a rappelé l’importance des films d’animation pour le secteur. Ses résultats restent néanmoins largement inférieurs à la déferlante Les Minions 2 : Il était une fois Gru (939,4 millions).
Mais tous les films sortis cette année n’ont pas rencontré le même succès. Disney, pourtant pionnier du secteur, enchaîne les désillusions. Alors qu’il devait redonner un coup de fouet aux salles obscures pendant la période estivale, Buzz l’Éclair n’a pas rempli les objectifs fixés par Mickey. Pixar, qui s’est construit une solide réputation au fil du temps, n’a pas séduit le public malgré la popularité de la licence Toy Story.
Si son positionnement narratif peut être une première explication, il faut bien avouer que Disney reste un peu loin du succès dernièrement. Encanto : La Fantastique Famille Madrigal qui devait en novembre 2021 signer le retour en fanfare de Disney à la fin d’année, n’aura récolté que 256,8 millions de dollars. Même son de cloche pour Avalonia, l’Étrange Voyage (73,6 millions de dollars) qui n’a même pas bénéficié d’une sortie en salle dans nos vertes contrées.
Chez Netflix, l’animation tend également en prendre moins de place au cours des prochaines années. En septembre dernier, la plateforme annonçait réduire son département consacré au genre, avec pas moins de 30 employés poussés vers la sortie. On peut aussi citer la fermeture de Sky Blue Studios (L‘Âge de Glace) en 2021, après le rachat par Disney.
Une renaissance ?
L’année 2023 promet de nous livrer son lot de belles surprises en animation. Il y a cinq ans, Spider-Man : New Generation avait marqué un tournant pour l’industrie. Le film produit par Sony et qui suit l’araignée sympa du quartier avait fait éclore de nouvelles techniques avec son approche novatrice de la 3D. Plusieurs héritiers directs de son style sont nés, à commencer par Les Mitchells contre les Machines (2021) et même Le Chat Potté 2. Cette année, Miles Morales reprend du service et promet déjà de faire quelques vagues au box-office. Du côté du Japon, le retour d’Hayao Miyazaki devrait aussi faire parler de lui, il n’avait pas réalisé de long-métrage depuis Le Vent de se lève en 2013.
Pour ce qui est de Del Toro, le cinéaste est bien décidé à prouver plutôt deux fois qu’une que l’animation est loin d’être morte et enterrée. Il planche actuellement sur une adaptation du Géant Enfoui de Kazuo Ishiguro. Si tout se passe comme prévu, la production sera lancée dans deux ans. Tout autant de projets qui promettent de faire briller le secteur de l’animation auprès du public. En attendant, les amateurs peuvent toujours voir ou revoir Pinocchio sur Netflix.
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En tant que Superviseur dans le Cinema d’animation, je ne peux pas dire que le secteur soit en crise, tous les studios de long métrages sont boookés. Meme si Netflix effectivement a annulés quelques films (déjà commencés), Paramount a repris le marché et en commande d’avantage pour des sorties au cinéma.
Rien d’exceptionnel, non le cinéma d’animation n’est pas en berne, le marché est organique, quand un acteur se retire un autre prend la relève,..
Le problème c’es que les films coutent de plus en plus cher (les salaires des artistes ont augmentés, les cachets pour les voice over ont augmenté aux US), et les producteurs nous demandent de produire plus, de produire mieux, pour moins cher.
Sans parler de la concurrence salariale, récemment c’est Sony qui a vidé la plupart des studios de leurs artistes en proposant des contrats de 3 à 7 mois pour finir Spiderverse 2 avec des salaires doublés par rapport à la moyenne de l’industrie.