Passer au contenu

Jugés “offensants”, les romans de Roald Dahl vont être modifiés

Les textes de Roald Dahl vont être modifiés pour devenir “moins offensants”.

La maison d’édition de Roald Dahl vient d’annoncer qu’elle entendait modifier certaines de ses œuvres pour les rendre “moins offensantes“. Mondialement connu depuis les années 1960 pour ses romans et ses nouvelles, l’auteur britannique a publié quelques-unes des œuvres jeunesse les plus célèbres du monde, à l’image de Charlie et la Chocolaterie, Sacrées Sorcières, James et la pêche géante ou encore Matilda.

Cette semaine, Puffin l’éditeur britannique de Roald Dahl a indiqué qu’il allait procéder à plusieurs ajustements. Une décision prise en accord avec les ayants droit de l’auteur, décédé il y a 33 ans. Objectif de la manœuvre : rendre les textes plus acceptables à notre époque. Parmi les modifications annoncées, “un truc de fou” devient “un truc bizarre“, tandis que certains qualificatifs physiques comme “minuscule” ou “gros” passent désormais à la trappe. Dans Sacrées Sorcières, initialement publiée en 1983, une protagoniste qui se présentait comme caissière de supermarché sera désormais scientifique de haut niveau.

Faut-il modifier les textes de Roald Dahl ?

La modification d’une œuvre a posteriori n’est pas inédite. En 2020, le roman d’Agatha Christie Dix petits nègres est rebaptisé en France Ils étaient dix. La décision provoque un tollé général, alors même que la version originale (Ten little niggers) sortie en 1939 avait déjà été rebaptisée And Then There Were None l’année suivant sa sortie aux États-Unis, puis en 1985 au Royaume-Uni.

Chez Disney aussi, certaines œuvres sont modifiées pour s’adapter aux époques. Avec le déploiement de Disney+ à l’international, le géant du divertissement a fait le choix il y a quelques années d’apposer des messages d’avertissement au début de ses films, en assumant “des représentations datées et/ou un traitement négatif des personnes ou des cultures”. Plutôt que de tout modifier, l’entreprise détaillait ainsi : “Ces stéréotypes étaient déplacés à l’époque et le sont encore aujourd’hui“.

De son vivant, Roadl Dahl avait déjà consenti à modifier des changements dans ses œuvres. Les mœurs de 1960 n’étaient pas les mêmes qu’en 1980, et l’auteur semblait avoir accepté cette idée. En 1970 notamment, il avait accepté de transformer les Oompa Loompa originaux — esclaves et noirs — en personnages blancs et employés. Cette nouvelle décision, conseillée par l’agence britannique Inclusive Minds vient toutefois soulever la question de l’accord de l’auteur.

La France est-elle concernée ?

Face au tollé provoqué par l’annonce de la modification des textes de Roald Dahl, même le Premier ministre Rishi Sunak a évoqué la nécessité de ne pas “gobblefunk (terme issu d’un livre de l’auteur) autour des mots”, mais au contraire de protéger les écrits originaux. L’éditeur a finalement annoncé que si les textes allaient bel et bien être modifiés, une édition spéciale non retouchée resterait en vente.

Du côté de la France, le changement n’est pas d’actualité. Contacté par la rédaction, l’éditeur Gallimard a indiqué : “Pour le moment, ce n’est pas un sujet pour nous, nous n’avons aucune volonté de modifier quoi que ce soit. Ce qui se passe concerne uniquement l’Angleterre”.

Quelques jours après l’annonce de Puffin concernant les modifications des textes de Roald Dahl, c’est la saga James Bond qui a annoncé sa volonté de revoir sa copie sur les contenus offensants qu’elle abritait. La société Ian Fleming Publications ltd qui possède actuellement les droits sur le célèbre agent secret de Ian Flemming aurait fait le choix de modifier plusieurs passages racistes et misogynes de l’œuvre originale, tout en accompagnant les romans d’une “clause de non responsabilité” a révélé le quotidien anglais The Telegraph ce samedi 25 février.

🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.

16 commentaires
  1. On marche sur la tête ! De quel droit se permet-on de récrire une oeuvre ? Pour l’ affadir, la faire entrer dans les ” clous” de cette société normalisatrice, moralisatrice , dans laquelle on ne va bientôt plus rien pouvoir dire ! Dans votre article vous mentionnez qu’un personnage, caissière dans un super marché devient scientifique de haut niveau !!!! Et ça, ce n’est pas offensant pour les caissières ?????
    Nous ne sommes pas à l’abri , un jour, que des abrutis jugent offensant pour les femmes , les nus peints par nos grands artistes dans les musées ! Que fera-t-on ?
    Stop à la bêtise ! LIBERTÉ, au secours !!!!!!

  2. Les caissières apprécient trop quand elles voient un personnage caissière. Pareil pour les concierges qui se touchent sur Rusard.
    Peut-être que le fait que tu sortes “caissière” ou “secrétaire” en priorité comme métiers pour une femme et que c’est beaucoup plus libre pour un homme n’est pas un comportement qui favorise les vocations, et que la réécriture cherche juste à être neutre, tu crois pas ? Peut-être que le combat des caissières c’est de meilleures conditions de travail et des hausses de salaire, pas une mention de leur métier dans un roman qu’elles savent uniquement dûe au contexte, tu crois pas ?
    Je dis ça…

  3. Encore une joyeuse bande de “Je suis Charlie” qui pensaient que la liberté d’expression ne devait s’appliquer que lorsqu’il s’agissait des caricatures de Mahomet.

  4. On est bien d’accord qu’il s’agit de types qui décident de récrire
    des passages de livres en modifiant les créations d’auteurs. les exemples se multiplient malheureusement ! Que devient la liberté de création, la place de l’imagination ?
    Là, on ne parle pas de politique sociale même si ,
    bien évidemment , je suis d’accord avec vous.
    Pour aller plus loin dans mon questionnement précédent : que fera-t-on si des imbéciles décident les nus offensants dans les musées ? Verra-t-on aussi des ” moralisateurs ” proposer de repeindre certaines œuvres ? C’est de la même veine ! Affligeant ! Il y a de quoi s’insurger !

  5. Tout ça c’est un peu comme le SDF du métro: on lui parle pas et surtout on le regarde pas, en espérant que renier son existence le fera disparaître de la nôtre.
    En étant caissier dois-je me sentir offenser de l’être, si on juge qu’exercer mon job est offensant ? Apparemment il y aurais donc bien des sous-metiers pour certains.
    Sinon j’adore l’idée de faire disparaitre ce qui ne nous conviens pas ou bois gêne. Je reviens, le chien du voisin me casse les pieds à aboyer quand je passe… ( attention ceci est du second degré !)

  6. Moi je pense que les gros, les nègres, les caissières et j’en passe… sont trop stupides pour prendre le recule nécessaire et comprendre que ces termes ont été utilisés dans le passé. Alors on fait le travail à leur place pour qu’ils ne doivent pas réfléchir (ce qu’ils ne sont de toutes façons pas capables de faire).
    Et Je vais appuyer pour la réécriture de la Bible, A.T., N.T., Coran et tout le bordel de ce pâs!
    (C’était de l’humour sans couleur, je précise pour les personnes citées au début)

  7. Le nazisme 2.0 en toute sa splendeur. Détruire et remodeler à son image, imposer sa culture au détriment des autres

  8. @nax : je pense que je préfère la réécriture des œuvres que l’ appel au nazisme a tout bout de champs.
    Savez vous exactement ce qu’est le nazisme ???
    c est largement au dessus de ce que vous décrivez…

  9. Si on tient absolument à publier des versions révisées, on devrait inscrire une mise en garde : Avertissement. Ce roman a été dénaturé par la censure woke.

  10. Le monde n’est ni blanc, ni noir ; ni gros, ni maigre ; il est ce qu’il est. Au lieu d’éduquer les enfants sur la réalité du monde dans ce qu’il est de pire ou de meilleur pour parfaire leurs qualités de jugement, on préfère leur cacher la vérité et en faire des cerveaux vides d’utopistes ? On se rapproche vraiment d’une société à la “Farenheit 451” ; contrôler les connaissances pour mieux contrôler les gens… ils commenceront donc par effacer ce roman de l’existence pour que les nouvelles générations n’apprennent pas ce qu’il peut les attendre.

  11. @borf : les nazis brulaient les livres qui ne leur convenait pas, qui n’adhéraient pas à leur vision. On en est pas loin.

  12. C’est la famille qui a demandé la réécriture à la maison d’édition et non l’inverse.
    Ou comment refaire de la speculation sur une œuvre passée et présente.

  13. Dans quelques années ces éditions expurgées seront sans intérêts. Regardez Céline et ses pamphlets, autrefois ils ont subit le même traitement et à présent on les présente tels quel mais avec un appareil critique pour prévenir le lecteur. Bref mettons de l’eau dans le vin.

Les commentaires sont fermés.

Mode