La e-lettre rouge est un échec, La Poste déjà prête à l’enterrer ?

Depuis le 1er janvier 2023, le timbre rouge a fait ses adieux aux Françaises et aux Français. Jugé trop polluant par La Poste, le petit macaron qui permettait depuis 1969 d’envoyer des courriers prioritaires en J+1 a récemment pris le virage du numérique, en passant au tout dématérialisé. Avec l’arrivée de la e-lettre rouge, La Poste ambitionnait de réduire ses coûts et son empreinte carbone, tout en proposant un service plus accessible, entièrement utilisable en ligne.

Concrètement, la e-lettre rouge proposait de poster son courrier directement depuis le site de l’entreprise, ou depuis un bureau de Poste physique. Une solution plus rapide, mais surtout plus écologique, puisque la lettre était ensuite directement imprimée dans un centre postal à proximité de l’adresse du destinataire, sans avoir à voyager des heures sur les routes. Le projet n’a jamais fait l’unanimité, notamment sur la question de l’inclusion des personnes âgées, mais il aurait dû s’imposer comme une petite révolution. Dommage, c’est un énorme flop.

Une bonne idée… sur le papier

Déployée depuis un mois et demi, la e-lettre rouge est un énorme raté. Depuis janvier 2023, le service n’aurait été utilisé que 3500 fois par jour, a indiqué le PDG de La Poste, Philippe Wahl, devant le Sénat ce mercredi 15 février. C’est peu, surtout par rapport aux 39 millions de colis et courriers qui sont acheminés quotidiennement dans le pays. Le projet a beau être gagnant sur le plan écologique, il ne réussit visiblement pas à convaincre les usagers, encore attachés aux lettres papier.

Le @GroupeLaPoste a été auditionné sur le contrat de présence postale territoriale et sur le contrat d’entreprise entre l’État et la Poste.
Ce fut aussi l’occasion d’évoquer la stratégie du groupe.@PhilippeWahl : "Le passage quotidien du facteur 6j/7 est le cœur du métier !" pic.twitter.com/LpSNSUGjaZ

— Commission Supérieure du Numérique et des Postes (@CSNUMPOST) February 15, 2023

Pour Philippe Wahl, la e-lettre prioritaire reste un choix “assumé”, qui malgré des premiers mois “compliqués”, a encore tout à prouver. Reste qu’il va falloir faire vite. La Poste s’inquiète déjà de l’avenir du service, qui nécessite “5 000 à 10 000 utilisateurs par jour” pour être rentabilisé. Une suppression n’est donc pas à exclure, a confirmé Wahl, tout en restant pour le moment optimiste sur un possible décollage tardif, le temps que les usagers utilisent leur derniers timbres rouges.

Faut-il en finir avec les lettres ?

Au-delà du simple timbre rouge et de sa version dématérialisée, c’est tout le système de distribution du courrier traditionnel qui pose question. Le nombre de lettres prioritaires est en chute libre depuis quelques années : en 2008, leur chiffre était estimé à 4,25 milliards. En 2022, il n’était plus que de 275 millions pour 7 milliards de courriers distribués. À ce rythme, le PDG de La Poste n’exclut pas la possibilité d’une disparition totale du timbre tel qu’on le connaît d’ici quatre ans.

Si vous voulez vous rendre compte de la (non) simplicité de la eLettre Rouge, voici un petit tuto de nos confrères de Presse-citron :

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