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ChatGPT : les concurrents chinois montrent le bout de leur nez

Alibaba, Baidu et Huawei travaillent tous sur des programmes basés sur le machine learning comme le ChatGPT d’OpenAI.

L’IA générative a le vent en poupe en ce moment. Cela a commencé avec les générateurs d’image comme DALL-E ou Midjourney, mais récemment, c’est un autre outil qui est devenu la coqueluche du web : CHatGPT, le chatbot dopé au machine learning de l’entreprise américaine OpenAI. Cet immense succès a déclenché une vraie ruée vers l’or numérique ; chez l’Oncle Sam, les grands noms du numérique ont tous pris le train en marche, comme le Google qui développe en ce moment un équivalent baptisé Bard ou Microsoft qui a investi 10 milliards chez OpenAI. Désormais, c’est le numérique chinois qui entre dans la danse.

Cela commence par Alibaba, véritable titan du commerce qui pèse plus de 280 milliards de dollars. L’AFP a annoncé aujourd’hui que le groupe allait puiser dans ses immenses ressources financières pour développer à son tour un chatbot de type ChatGPT.

Des analystes locaux suggèrent qu’il pourrait être intégré à Taobao. Il s’agit de la plus grande plateforme d’e-commerce du pays, souvent présentée comme « l’Amazon chinois ». Mais pour l’instant, la porte-parole du conglomérat s’est refusée à livrer des détails sur la future mission de ce chatbot. Elle n’a pas non plus indiqué quand Alibaba envisage de le déployer.

Malgré ce flou, il s’agit d’une information tout sauf anecdotique. Connaissant la force de frappe colossale du groupe, ce chatbot pourrait toucher un public exceptionnellement large. D’après le site spécialisé Alizila, Alibaba a servi plus de 124 millions de clients en sur l’année fiscale 2022 via Taobao. Le déploiement de ce modèle pourrait donc marquer le début d’un grand changement de paradigme dans le monde de l’e-commerce asiatique, avec des retombées potentielles à l’échelle mondiale.

Le « Google chinois » lance l’offensive avec ERNIE

Ces déclarations arrivent deux jours à peine après celle d’un autre géant chinois. Mardi 7 février, c’est Baidu qui a annoncé le développement de son propre chatbot. Là encore, il s’agit d’un taulier de l’écosystème numérique. Baidu, c’est un peu le Google chinois ; la firme domine outrageusement le marché des moteurs de recherche dans le pays avec presque 73 % de part de marché en 2021 selon Investopedia.

Selon Reuters, le programme, baptisé ERNIE (Enhanced Representation through Knowledge Integration), est en cours de développement depuis 2019. Les porte-parole du groupe interrogés par l’agence de presse se sont montrés plus loquaces que ceux d’Alibaba.

La page d'accueil du moteur de recherche chinois Baidu
La page d’accueil du moteur de recherche chinois Baidu. © Baidu

Ils expliquent que ce modèle, qui arrive désormais dans la dernière ligne droite du développement, est capable de réaliser des tâches variées. Cela va apparemment de la compréhension du langage à la génération de texte en passant par la génération d’images, comme DALL-E et consorts.

Toujours d’après Reuters, le déploiement est prévu en mars prochain sous la forme d’une application indépendante. Le modèle sera ensuite progressivement intégré directement au moteur de recherche numéro un de la Chine, où il servira à générer des résultats de recherche pour répondre aux requêtes des utilisateurs.

Bientôt Huawei… et peut-être Tencent ?

On constate aussi du mouvement du côté d’Huawei. Le média spécialisé Huawei Central a mis la main sur deux brevets assez éloquents. Ils indiquent clairement que la firme travaille aussi sur son propre modèle. Ce n’est pas la première fois qu’elle dépose des brevets en lien avec l’IA. Mais cette fois, on y trouve des mentions explicites à un « système de conversation entre l’Homme et l’ordinateur ».

On peut s’attendre à ce que les autres membres de l’élite technologique chinoise leur emboîtent le pas assez rapidement. On pense notamment à Tencent, l’incontournable géant des télécoms et du multimédia (plus de 450 milliards de capitalisations boursières).

Récemment, le groupe a banni les applications basées sur ChatGPT de sa plateforme WeChat, une application extrêmement populaire qui occupe (entre autres) la place de WhatsApp. Pour le moment, il est encore difficile de déterminer s’il s’agit d’un signe que Tencent travaille sur son propre système. Mais il serait très étonnant qu’un tel mastodonte fasse l’impasse sur cette technologie révolutionnaire.

La tech chinoise avance malgré le CHIPS Act

Il sera très intéressant d’observer l’évolution et surtout les retombées de ces algorithmes, non seulement en Chine, mais aussi à l’autre bout du monde. On pense notamment aux États-Unis, dans un contexte où l’administration américaine essaye par tous les moyens possibles d’entraver la montée en puissance économique et technologique de la Chine.

Pour rappel, l’année dernière, le Congrès américain a signé le CHIPS and Science Act, un immense projet de loi à 280 milliards de dollars. Son objectif revendiqué : « contrer » l’influence grandissante de la Chine. On peut donc imaginer que l’Oncle Sam ne verra pas d’un très bon œil la montée en puissance du pays de Xi Jinping dans le domaine de l’IA appliquée au grand public.

Il conviendra donc de garder un œil sur ce bras de fer technologique et géopolitique, connaissant l’avenir radieux qui semble promis à ces systèmes qui vont sans doute occuper une place de plus en plus importante au fil du temps.

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Source : Reuters

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