Le 11 décembre 2022, SpaceX a lancé la sonde Lunar Flashlight (“lampe de poche lunaire”), un minuscule satellite de classe Cubesat conçu par la NASA. L’engin devait prendre la route de la Lune, où il était censé rechercher de la glace d’eau. Mais après un lancement parfait à tous les niveaux, tout ne s’est pas passé comme prévu. Après plusieurs dysfonctionnements du système de propulsion, l’engin n’a finalement jamais réussi à s’insérer dans l’orbite prévue.
C’était une issue que les ingénieurs de la NASA gardaient forcément en tête. Car LF n’est pas un véhicule comme les autres. Généralement, les petits engins de ce genre avancent grâce à de tout petits propulseurs soit ioniques (où des ions sont accélérés en créant un plasma pour générer une force) ou chimiques (où la force est générée par l’expansion de gaz dans une chambre).
Un nouveau carburant pour remplacer l’hydrazine
Lunar Flashlight appartient à cette seconde catégorie. Mais il se démarque de ses homologues au niveau du carburant en lui-même. En effet, le Cubesat n’utilisait aucun des mélanges de gaz habituels dans ce contexte. A la place, la NASA a choisi de tester un tout nouveau carburant baptisé ASCENT, pour Advanced Spacecraft Energetic Non-Toxic.
Il est censé afficher une toxicité largement moins importante que l’hydrazine souvent utilisée dans ce contexte. Et surtout, il est censé être beaucoup moins délicat et plus sûr à transporter. En plus d’être hautement inflammable et même explosif, l’hydrazine est aussi hautement corrosive, toxique pour le système nerveux, cancérigène, et très dangereuse pour l’environnement.
Il y avait donc de quoi être enthousiaste. Mais malheureusement, trois de ses quatre propulseurs ASCENT n’ont pas fonctionné comme prévu. Ils ont développé une poussée significativement inférieure à ce qui était attendu. Après quelques tests improvisés, elle s’est révélée insuffisante pour espérer atteindre l’orbite lunaire prévue à l’origine. Et pour éviter de perdre entièrement l’engin, l’agence a dû improviser.
La NASA prépare une nouvelle feuille de route
Au lieu de l’installer confortablement au voisinage de notre satellite, la NASA compte désormais lui faire faire des visites régulières. À partir d’aujourd’hui, le 9 février, l’agence va lancer son engin dans un baroud d’honneur à haut risque. Elle va tenter d’utiliser le moindre newton de poussée que le système peut encore apporter afin de le rediriger vers une orbite terrestre très haute et fortement elliptique.
En cas de succès, cette trajectoire alternative lui permettrait de survoler la Lune environ une fois par mois. Si elle y parvient, cela permettra malgré tout à Lunar Flashlight de proposer de belles contributions scientifiques. Et pour cause : cette nouvelle trajectoire lui permettrait quand même de passer directement au-dessus du pôle sud lunaire.
C’est cette zone qui intéresse tout particulièrement la NASA dans le cadre de cette mission. En effet, c’est précisément au niveau de ce pôle sud que les astronautes d’Artemis III doivent se poser d’ici quelques années. L’engin pourra donc utiliser son réflectomètre laser, qui semble de son côté parfaitement fonctionnel, pour détecter des gisements de glace d’eau dans les zones d’ombre des cratères, directement à portée de main des futurs colons.
Il s’agit donc d’une grande première ratée pour le nouveau carburant. La NASA va tenter de déterminer d’où venait le problème de propulsion. Il pourrait s’agir du carburant ASCENT en lui-même, ou d’un souci au niveau des propulseurs en eux-mêmes. Leurs conclusions seront assez importantes, car elles conditionnent directement le futur de ce carburant prometteur. Mais avant cela, il sera déjà intéressant d’attendre les premières mises à jour de l’agence pour savoir si la manœuvre de redirection se passera comme prévu.
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