La journée du 23 janvier était une date charnière pour SpaceX. Alors que le Starship attend impatiemment son baptême de l’orbite, ce fameux véhicule spatial de nouvelle génération qui promet déjà de transformer l’aérospatiale en profondeur a passé hier le cap d’un test très important ; le couple Starship – Super Heavy a eu droit à son premier wet dress rehearsal intégral, un signe que le départ n’est plus très loin.
En août, puis en septembre dernier, SpaceX a réalisé des tests de mise à feu statiques séparés du Starship, mais aussi l’immense booster Super Heavy qui l’aidera à atteindre l’orbite. Ce test consiste à pousser une partie des moteurs à plein régime pendant une durée relativement courte pour s’assurer que tous les systèmes fonctionnent correctement, de l’étanchéité des réservoirs aux performances des moteurs-fusées.
SpaceX arrive dans la dernière ligne droite ; l’objectif est maintenant de réitérer ces tests avec la structure entière. Ce n’est pas la première fois que le Starship a été monté sur son futur siège éjectable ; ce duo qui culmine à 120 mètres d’altitude avait déjà été assemblé pour réaliser différents essais. Mais il était encore trop tôt pour réaliser les derniers tests d’intégration.
Le premier wet dress rehearsal de la structure entière
Celui d’hier représentait le premier jalon de ce sprint final. Ce wet dress rehearsal (WDR) est à la fois une évaluation technique et une séquence d’entraînement pour les ingénieurs et les équipes au sol. L’objectif est de s’approcher autant que possible des conditions réelles du lancement pour répéter la séquence d’événements qui permettra à l’engin de décoller.
Le cœur du test, c’est le remplissage des réservoirs. Cela implique de charger des centaines de milliers de litres d’ergols liquides à très basse température. Dans le cas du Starship, il s’agit de méthane et d’oxygène, une combinaison appelée methalox. Ce matériel sera vaporisé puis combiné dans l’injecteur afin de propulser l’engin. C’est de la présence de ces fluides que vient le terme wet (« mouillé » en anglais).
Cette procédure avait déjà été testée pour le Starship et son booster, mais chacun de leur côté. Hier, SpaceX a franchi une nouvelle étape en réalisant le premier WDR complet du colosse entièrement assemblé.
Starship completed its first full flight-like wet dress rehearsal at Starbase today. This was the first time an integrated Ship and Booster were fully loaded with more than 10 million pounds of propellant pic.twitter.com/btprGNGZ1G
— SpaceX (@SpaceX) January 24, 2023
« Le Starship a complété son premier WDR complet en conditions réelles à la Starbase », a expliqué la firme sur Twitter. « C’est la première fois que le Ship entièrement intégré à son booster a été rempli avec plus de 450 tonnes d’ergols. »
Plus que deux étapes critiques avant le départ
Maintenant que la fiabilité de l’ensemble a été vérifiée, il ne reste que deux étapes techniques majeures avant que le Starship ne soit officiellement prêt à voler. Pour commencer, les troupes de la Starbase vont le séparer une dernière fois de son booster. Ils pourront ainsi tester ce dernier à plein régime. Ce test a déjà été réalisé pour le Starship lui-même en septembre, avec un gros feu de prairie à la clé (voir notre article).
En novembre dernier, les ingénieurs ont poussé le lanceur à un peu moins de 50 % de ses capacités. Ils ont procédé à la mise à feu de 14 moteurs Raptor V2. La prochaine étape sera de pousser la totalité des 33 moteurs à fond. Ce test permettra de vérifier que le booster Super Heavy se comporte comme prévu dans ces conditions.
Ça sera aussi l’occasion de tester la résistance du pas de tir. Un point tout sauf négligeable. Car avec plus de 7500 tonnes de poussée cumulée, la pauvre plateforme va subir des contraintes ahurissantes lors du lancement.
Une fois cette échéance passée, il faudra réitérer l’opération une nouvelle fois, mais avec le booster coiffé du Starship. Il reviendra donc dans la configuration où il se trouve en ce moment même. Il s’agira du dernier test critique avant la mise en service. A ce stade, l’engin sera techniquement prêt à décoller.
Plus de deux ans après le premier test de décollage, et presque un an après le dernier essai qui a vu le Starship s’élever à 10 km d’altitude (voir cette vidéo de SpaceX), le baptême de l’orbite approche donc à grands pas. Ce n’est probablement plus qu’une question de mois, voire de semaines si tout se déroule comme prévu. Il conviendra donc de rester aux aguets en attendant les prochaines annonces liées à ce lancement historique.
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