Le rachat de Twitter par Elon Musk a provoqué un véritable tremblement de Terre dans le monde numérique. Depuis cette acquisition, le milliardaire a lancé un immense chantier dans l’objectif de transformer profondément le réseau et mène la charge en première ligne (voir notre article). Pendant ce temps, les autres entreprises qu’il dirige fonctionnent dans une relative autonomie. Du jamais vu sous la houlette de ce chef de file inquisiteur et omniprésent… et du côté de SpaceX, certains employés en redemandent.
Pour rappel, Musk occupe une position très inhabituelle à ce niveau de l’industrie. En plus du réseau social, il est aussi PDG de deux titans industriels qui dominent leurs niches respectives : Tesla pour les véhicules électriques, et SpaceX pour l’aérospatiale.
Forcément, il s’agit d’une triple casquette particulièrement lourde à porter, même pour un forcené de cette catégorie. Diriger une telle entreprise est un travail à plein temps qui nécessite un investissement énorme. Or, l’oiseau bleu semble occuper le plus clair de son temps depuis quelques mois.
En règle générale, c’est une situation pas franchement rassurante pour une entreprise de cette taille, où le moindre manque de leadership — même temporaire — peut avoir des conséquences importantes. Bill Nelson, l’administrateur de la NASA, avait d’ailleurs exprimé son inquiétude. Il avait demandé à Gwynne Shotwell, Présidente, COO et numéro deux de la firme, si ce changement de priorité n’allait pas interférer avec les plans communs des deux institutions (voir cet article d’Insider). Elle s’est montrée rassurante ; et avec le recul, il semble qu’elle ait eu raison. Car du côté de SpaceX, c’est l’inverse qui semble se produire. Et si l’on en croit Bloomberg, il ne s’agit pas d’une coïncidence.
Des méthodes de management parfois pesantes
En effet, de nombreux employés des entreprises de Musk se sont déjà exprimés par rapport à ses méthodes assez inhabituelles. C’est un patron ultra-investi, pour le meilleur et pour le pire. SpaceX doit une part importante de son succès à ce penchant pour l’innovation tous azimuts, c’est incontestable ; mais cette pression permanente sur tous les fronts a aussi eu des effets pervers.
Il est de notoriété publique qu’il impose des objectifs, des changements de direction et des deadlines extrêmement ambitieuses — voire carrément déraisonnables — à ses équipes. De plus, il est connu pour avoir un avis sur tout et pour s’immiscer arbitrairement dans les travaux de ses équipes, et pas forcément de façon très pertinente.
Un exemple : dans le podcast de Joe Rogan, il a confirmé avoir demandé aux ingénieurs de rendre le Starship plus pointu. Une forme objectivement moins performante qui a été choisie… en référence à une scène célèbre de The Dictator, la comédie irrévérencieuse de Sacha Baron Cohen !
Elon Musk literally made the starship more pointy because of the movie "The Dictator" 🚀@elonmusk pic.twitter.com/OuLwaRUpqw
— DogeDesigner (@cb_doge) July 15, 2022
Bloomberg cite un autre cas particulièrement parlant fourni par un employé sous couvert d’anonymat. Un vendredi soir, Musk aurait sommé toute l’équipe travaillant sur le Crew Dragon (une capsule conçue pour emporter des astronautes en orbite) de se réunir pour une réunion d’urgence le samedi matin.
Mais à leur arrivée sur place, pas de trace du PDG. Quand il est enfin arrivé avec un retard considérable, il aurait indiqué à l’équipe qu’un décalage du prochain lancement du véhicule serait inadmissible, et que tout le monde devrait mettre les bouchées doubles… avant de repartir aussi promptement qu’il était arrivé. Selon Bloomberg, cette brève entrevue serait très mal passée auprès de certains employés, qui souhaitent se concentrer sur l’aspect sécurité.
Gwynne Shotwell, le roc de SpaceX
Or, avec la nouvelle croisade numérique de Musk, c’est Shotwell qui gère le quotidien de l’entreprise. L’intéressée est largement considérée comme une dirigeante fiable et pragmatique. Elle dispose d’une grande expertise technique (elle est diplômée en ingénierie mécanique et en mathématiques appliquées) et affiche une connaissance parfaite de cette industrie. Et surtout, elle travaille avec des méthodes beaucoup plus conventionnelles. Rien à voir avec le grand manitou de la firme, qui a parfois du mal à déléguer. Pas question pour elle d’outrepasser ses prérogatives en s’invitant sur une ligne de production pour exiger des changements arbitraires à la dernière minute, comme le PDG aurait tendance à le faire.
De plus, elle ne partage pas son goût pour les frasques médiatiques; elle affiche des états de services irréprochables et ne s’est jamais retrouvée au centre de la moindre controverse. Un professionnalisme très apprécié des employés, pas toujours à l’aise avec l’image véhiculée par le trublion en chef.
Selon Bloomberg, il s’agit donc d’une véritable bouffée d’air frais. Évidemment, il s’agit surtout de témoignages isolés qui ne sont pas forcément représentatifs du point de vue de toute l’entreprise. Reste que si l’on se fie à ces retours et aux précédentes confessions de certains employés, l’environnement de travail a l’air d’être nettement plus sain en ce moment chez le leader mondial de l’aérospatiale. Quand le chat n’est pas là, les souris dansent !
Nouvelle année, nouvel Elon Musk ?
Mais connaissant Musk, cette parenthèse risque d’être de courte durée. Le milliardaire cherche en ce moment quelqu’un « d’assez fou » pour lui succéder au poste de PDG de Twitter. Il l’avait annoncé au terme d’un sondage sur la plateforme (voir notre article). Une fois qu’il aura trouvé quelqu’un pour reprendre le flambeau, il y a fort à parier qu’il se concentre à nouveau sur SpaceX.
C’est d’autant plus probable qu’en 2023, la firme a un calendrier très chargé qui comporte certaines des échéances les plus attendues par Musk lui-même. On peut citer le baptême de l’orbite du Starship, le véhicule révolutionnaire qui ambitionne de transformer toute cette industrie en profondeur. De plus, SpaceX va encore augmenter le rythme de ses opérations. Musk espère passer la barre des 100 lancements de Falcon 9 en 2023, oblitérant du même coup un record soviétique vieux de quatre décennies. La firme doit aussi avancer sur le développement du HLS, l’engin qui permettra aux astronautes d’Artemis III de se poser sur la Lune dans quelques années. Et il ne s’agit que de la partie émergée de l’iceberg.
Avec des deadlines aussi importantes, il serait très étonnant que le sulfureux dirigeant ne soit pas omniprésent. Dans l’absolu, il ne s’agit pas d’une mauvaise nouvelle ; il a beau avoir ses défauts, Musk reste un moteur important qui a joué un rôle fondamental dans l’immense succès de SpaceX. Et même s’ils souffrent parfois de cette pression immense, il semble que la grande majorité des employés ne souhaite pas le voir partir.
Espérons simplement qu’il saura mettre de l’eau dans son vin. Peut-être que cet épisode l’encouragera à se reposer davantage sur les gens très compétents dont il sait s’entourer. Shotwell, en particulier, a prouvé qu’elle était tout à fait capable d’assumer le leadership opérationnel de la firme. Avec un peu de chance, Musk en tirera des leçons qui bénéficieront au bien-être des employés sans remettre en question le succès de SpaceX.
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Bah tout vas bien, il lui reste plus qu’à trouver une autre “Gwyneth shotwell” pour tweeter et tout le monde sera content et on pourra re envisager l’espèce multiplanetaire sereinement.
Car les ressources se faisant de plus en plus rares, l’humanité va arriver à un point où elle restera coincé sur terre a subir les évènements d’un changement d’habitabilité de cette terre, donc se sera l’extinction.