Il n’y a pas que les humains qui ont fêté 2023 avec des feux d’artifice spectaculaires. Depuis le début de l’année, le Soleil s’en donne aussi à cœur joie. Il héberge en ce moment une tache solaire exceptionnellement active ; le 9 janvier, elle a généré une violente éruption solaire de classe X qui a provoqué un black-out radio bref, mais intense dans le Pacifique.
Ces taches solaires sont des zones sombres de la surface du Soleil. Elles apparaissent à la suite de variations locales du champ magnétique. Elles accouchent régulièrement de phénomènes baptisés éruptions solaires, par analogie avec les volcans que l’on connaît sur Terre.
Une éruption solaire de classe X
La différence, c’est qu’il n’y a pas d’effusion de lave ; à la place, il en résulte un torrent d’ondes électromagnétiques. Et lorsque ce déluge de particules est particulièrement intense, il peut arracher une bulle de plasma à la couronne de l’astre. On parle alors d’éjection de masse coronale, et ces dernières sont susceptibles de voyager vers la Terre. Le cas échéant, cela peut causer des dégâts importants sur les installations électriques terrestres.
Ces éruptions sont classées à l’aide d’une nomenclature qui commence par une lettre : A, B, C, M ou X. C’est cette dernière qui regroupe les phénomènes les plus intenses.
Cette lettre est suivie d’un chiffre ; il illustre la taille de l’éruption dans cette catégorie. À noter qu’il s’agit d’une échelle logarithmique, comme l’échelle de Richter qui classe les séismes. Une petite hausse du chiffre correspond donc à une grosse augmentation de l’intensité de l’éruption. Dans ce cas précis, c’était une éruption de classe X 1.9.
C’était donc une éruption suffisamment intense pour avoir des conséquences sur Terre. D’après Spaceweather.com, un site spécialisé dans le suivi de ces événements, l’éruption a détraqué les communications radio dans le Pacifique ainsi qu’en Amérique Centrale et du Sud. La perturbation a heureusement été de courte durée.
Le dernier soubresaut d’une tâche solaire hyperactive
Cette éruption aurait été assez anecdotique en temps normal ; des événements de ce genre peuvent apparaître toutes les quelques semaines lorsque le Soleil approche de son pic d’activité, comme c’est le cas en ce moment. De plus, rien n’indique qu’elle a généré une EMC susceptible de menacer la Terre. Ce qui la rend assez singulière, en revanche, c’est qu’il ne s’agissait pas d’un cas isolé.
En effet, la tache solaire qui a accouché de cette éruption a déjà fait parler d’elle récemment. Jeudi dernier, elle avait déjà produit une première éruption violente de classe X1.2. L’astronome Tony Phillips, qui a rédigé le compte-rendu sur SpaceWeather.com, la décrit même comme « hyperactive ».
Il y a donc de fortes chances que cette tâche continue de faire des siennes. Or, d’ici la fin de la semaine, la rotation du soleil va braquer ce canon électromagnétique droit vers la Terre. Heureusement, selon le spécialiste, il n’y a virtuellement aucune chance que cette tâche en particulier génère une EMC dévastatrice à ce moment.
Une bonne nouvelle, car les tempêtes solaires les plus violentes peuvent mettre une grande partie des installations électriques terrestres hors service en un clin d’œil. Cela aurait donc des conséquences terribles pour l’humanité. Pour s’en convaincre, il suffit de se pencher sur l’Événement de Carrington, la tempête solaire la plus intense jamais documentée (voir notre article).
L’étoile continue de monter en régime
Les astronomes sont donc particulièrement vigilants. Car en ce moment, le Soleil est justement dans la phase ascendante de son cycle d’activité de onze ans. Cela signifie que jusqu’au pic de ce cycle, prévu en 2025, de plus en plus de taches solaires vont apparaître à sa surface. Mécaniquement, il va donc générer davantage de tempêtes solaires qui risquent d’être de plus en plus intenses, avec tout ce que cela implique pour l’humanité.
Pour l’anecdote, on remarque déjà des manifestations concrètes de cette hausse d’activité. En effet, l’éruption d’hier a déstabilisé encore davantage le champ magnétique solaire, ce qui a déclenché une sorte de réaction en chaîne. Les astronomes ont observé cinq autres éruptions consécutives en 90 minutes. Une situation très rare que Phillips compare à l’explosion d’une fournée de popcorn.
Toutes ces informations seront intéressantes pour les spécialistes. Ils s’en serviront notamment pour améliorer les modèles prédictifs qui permettent d’anticiper ces éruptions et leurs conséquences. Mais en l’état, l’humanité serait toujours bien incapable de se protéger contre une CME de grande ampleur. Il faudra donc toucher du bois pour que notre étoile providentielle ne fasse pas trop de caprices à l’approche de son pic d’activité.
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