Virgin Galactic et sa jumelle Virgin Orbit se sont faites discrètes depuis fin 2021, après la révélation de « graves incidents » survenus lors du vol qui a emmené Richard Branson aux portes de l’espace. Le groupe avait une occasion en or de se racheter hier avec la toute première mission spatiale censée rejoindre l’orbite depuis le sol britannique… mais elle n’a pas su en profiter ; la fusée LauncherOne a été perdue suite à une « anomalie ».
Cette mission baptisée Start Me Up, en hommage à la célèbre chanson des Rolling Stones, avait pourtant bien commencé. Comme d’habitude chez Virgin, le lanceur a d’abord été monté sur un véhicule intermédiaire. Ici, il s’agissait d’un Boeing 747-400 modifié baptisé Cosmic Girl. Celui-ci a décollé sans encombre du récent Spaceport Cornwall avant de relâcher LauncherOne à quelques kilomètres d’altitude au large de l’Irlande.
C’est le moteur principal de ce dernier qui a alors pris le relais. Là encore, tout s’est déroulé comme prévu jusqu’à la séparation du premier étage. Le second jeu de moteurs-fusées a donc pris le relais pour continuer l’ascension pendant environ 5 minutes. Malheureusement, peu après la fin de cette phase, les équipes au sol ont annoncé une très mauvaise nouvelle.
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« Il semble que LauncherOne ait rencontré une anomalie qui nous empêchera d’atteindre l’orbite lors de cette mission », a expliqué Chris Relf, directeur de l’ingénierie et de la vérification chez Virgin Orbit, visiblement préoccupé.
Neuf satellites perdus et un coup d’arrêt pour l’UKSA
C’est effectivement une sacrée déconvenue pour l’écurie rouge. Comme mentionné plus haut, c’est avant tout l’échec de la première mise en orbite depuis l’archipel britannique. Or, l’agence spatiale britannique (UKSA) misait beaucoup dessus.
Cela fait bientôt 10 ans que le Royaume-Uni a décidé d’accélérer le développement de son aérospatiale. Et jusque là, cette initiative a payé. Aujourd’hui, nos voisins d’outre-Manche ont presque 500 satellites en orbite terrestre basse. C’est presque cinq fois plus que la France. En fait, il n’y a tout simplement aucun pays en Europe qui produit plus de satellites. Dans le monde, il n’y a que les États-Unis et leur flotte de 5500 engins qui font mieux.
Mais le revers de la médaille, c’est qu’il manque encore une pièce importante aux sujets de Charles III : l’infrastructure de lancement. Pour l’instant, l’agence spatiale britannique doit encore expédier ses machines aux quatre coins du monde pour les faire lancer par d’autres prestataires. Et c’est précisément cette lacune que Virgin aurait dû combler. La mission devait montrer sa capacité à rallier l’orbite depuis les Cornouailles.
En outre, l’échec de la mission a aussi conduit à la perte de neuf satellites militaires et scientifiques de grande valeur. LauncherOne emportait notamment deux satellites dédiés à la défense. Il y avait aussi des engins dédiés à l’étude de l’ionosphère, la couche supérieure de l’atmosphère dont les interactions avec le vent solaire donnent lieu à des aurores. Il y avait aussi un satellite de navigation expérimental cofinancé par l’ESA et une expérience de fabrication orbitale menée par la startup anglaise Space Forge.
Une nouvelle tentative cet été ?
C’est aussi un échec en termes d’image, car Virgin comptait beaucoup sur le potentiel médiatique de cette mission. D’après Ian Annett, PDG adjoint de l’agence spatiale britannique, les billets pour assister au décollage de Cosmic Girl sont partis plus rapidement que ceux du légendaire festival de musique de Glastonbury. Des tas d’amoureux de l’espace en Europe ont fait le déplacement et sont malheureusement repartis bredouilles. Car comble de l’ironie, ils n’ont même pas pu assister directement au crash de l’engin.
Même si elle restait discrète depuis un an, Virgin Orbit était pourtant sur une bonne série. Depuis janvier 2021, elle a réussi quatre lancements consécutifs qui ont mis un total de 33 satellites en orbite. Ce n’est donc qu’une question de temps avant que la firme maîtrise tous les aspects des lancements depuis Spaceport Cornwall.
Il conviendra toutefois d’être patient. Jusque là, Virgin Orbit a lancé ses LauncherOne à environ six mois d’intervalle. Il ne faut donc probablement pas s’attendre à un nouveau tir avant l’été 2023.
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