Kim Jong-Un était un peu sorti de l’actualité ces derniers temps suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Et apparemment, il a décidé d’employer les grands moyens pour rappeler son existence au reste du monde. Ce lundi 19 décembre, juste après le lancement de deux missiles balistiques en direction des côtes japonaises et sud-coréennes, l’agence de presse du gouvernement nord-coréen KCNA a annoncé un test qui devrait conduire au développement d’un tout nouveau satellite espion.
D’après l’agence Reuters qui a relayé cette information, le test visait à confirmer les performances de l’engin en termes de communication, d’imagerie et de contrôle. La procédure s’est apparemment bien déroulée.
« Nous avons pu valider plusieurs indicateurs techniques importants comme les capacités opérationnelles de la caméra dans un environnement spatial, le traitement des données, les capacités de transmission et de suivi ainsi que la communication », a expliqué le responsable de l’agence spatiale nord-coréenne, la NADA. Le véritable lancement de l’engin est désormais prévu en avril.
Une fierté locale moquée à l’international
L’agence a aussi publié deux photos en noir et blanc présentées comme des images du lancement. Mais des spécialistes doutent de leur authenticité. Shin Jong-woo, un ingénieur militaire sud-coréen, estime que l’objet présenté n’est qu’un vieux missile surmonté de caméras — un engin préhistorique qui n’a rien à voir avec la mise en orbite d’un satellite. « Personne ne voudrait d’un missile aussi daté pour un programme de cette importance », estime-t-il.
Et ce n’est pas le seul point qui a laissé les observateurs perplexes. Il y en a même un qui a carrément suscité de franches moqueries : la résolution spatiale de la caméra.
C’est une caractéristique technique extrêmement importante. Elle conditionne directement le type d’objets qui pourra être observé. Plus elle est importante, plus le satellite peut distinguer des points situés à une distance faible l’un de l’autre, et par extension observer des détails fins.
Aujourd’hui, la quasi-totalité des satellites de cette catégorie affiche des résolutions spatiales largement inférieures à un mètre. Les plus performants peuvent même travailler à une échelle de quelques décimètres. De quoi observer des objets de la taille d’une boîte à chaussure. En pratique, cela permet donc de suivre les mouvements d’humains isolés ou d’identifier précisément une machine depuis l’orbite.
Or, le pouvoir de résolution de la caméra testée par la NADA ne dépasse pas les… vingt mètres. C’est un chiffre qui aurait été très impressionnant il y a une trentaine d’années. Mais aujourd’hui, il est franchement modeste — pour ne pas dire carrément risible. Cela permet tout juste de distinguer de gros objets comme des bâtiments ou des navires.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les troupes de Kim Jong-Un ont très mal accueilli ces réactions. Sa sœur, en particulier, est montée au créneau avec une déclaration aussi fleurie que belliqueuse. « Je veux vraiment donner des claques aux bâtards qui persiflent », a-t-elle tancé dans un média nord-coréen relayé par Vice. « Je suis déjà curieuse de voir quel genre de calomnies vous cracherez quand notre satellite militaire remplira bientôt sa mission », a-t-elle continué.
La Corée du Nord en roue libre
Malgré les moqueries, il serait toutefois imprudent d’écarter ce succès d’un revers de la main. Car entre les tensions autour de Taiwan et la guerre en Ukraine, la communauté internationale a quelque peu détourné son attention. Les instances internationales comme le Conseil des Nations Unies ont fort à faire en ce moment. Et d’après Edward Howell, spécialiste de la géopolitique à l’Université d’Oxford, et Kim Jong Un et ses troupes ont donc largement gagné en marge de manœuvre.
« La Corée du Nord sait qu’elle peut essayer d’améliorer son renseignement, ses satellites et ses tests de missiles sans être scrutée en permanence par les Nations Unies, comme c’était le cas jusqu’à présent », explique-t-il dans une interview à Vice.
Une fois que la poussière sera retombée dans la poudrière ukrainienne, il sera donc intéressant de réaliser un petit bilan des progrès nord-coréens. Car si ce satellite en particulier peut prêter à sourire, il serait imprudent de sous-estimer le pouvoir de nuire de cette nation qui continue de faire son petit bonhomme de chemin tranquillement, sans jamais s’embarrasser des codes de conduite de la communauté internationale.
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Plus la résolution est grande et plus on voit de petits détails, non ? Vous écrivez le contraire…
En fait après avoir regardé sur internet, il semble que les unités de résolution varient selon celui qui en parle ou le sujet évoqué :
– en angle comme pour l’oeil
– en distance / pixel pour un satellite : là l’article a raison, et 10 cm/pixel c’est mieux que 1000 cm/pixel
– en pixel / distance pour un écran ou une imprimante : là l’article aurait tord, 1000 pixels / pouce est mieux que 10 pixels par pouce
Effectivement, il aurait tort et ce serait tordu !
Comme @Sando, si je reprends votre phrase et que je mets les mots bout à bout : ” la résolution de la caméra, elle conditionne directement le type d’objets qui pourra être observé : plus elle est petite, plus le satellite est performant…”
Étrange non ? Ou dis autrement : “wahooo, as-tu vu la superbe résolution de ma caméra/TV/écran 4K… elle est si grande que je peux voir tout un tas de petits détails”… là on ne parle pas de petites résolutions…
Peut être avez vous confondus avec les échelles, qui plus elles sont petites, offrent-elles, des détails de bien meilleure qualité.
Mais au fond, ce qui m’ennuie le plus, ce n’est pas que nous nous trompions Sando ou moi-même, mais que nous sommes tellement habitués à voir des coquilles ici, que c’est une peu la foire à l’empoigne des inexactitudes scientifiques
N’est pas journal, du geek, qui veut.
Bonne après-midi 🙂
@divers commentaires : Le probleme est que vous sortez le terme du contexte
On parle de la resolution d une camera d un satellite espion… il n y a qu une définition militaire qui est la correspondance entre la taille d un pixel et la taille de la zone percue
Plus la resolution est petite plus on differencuz les details
Ce n est pas la resolution utilisee pour parler des cameras en général, les militaires se focalisant surtout sur ce quin percoit
D ailleurs pour info, une pljs haute resolution civile permet a l image d etre pljus detaillee mais pas forcement plus precise, si le pixel n est pas assez “fermé”, on a juste une image avec des details faux 🙂
@borf, je vois ce que vous voulez dire, mais ce que décrivez c’est ce qu’on appelle l’échelle en cartographie pas la resolution. Et en effet, plus l’échelle est petite, et plus on a de détails.
Mais la résolution, que ce soit en cartographie ou dans n’importe quel domaine: une petite résolution (on parle aussi de faible résolution), signifie peu de détails.
L’article est inexact, mais tout le monde a compris l’idée 😉
Bonjour @Seb et @Sando,
Effectivement, le fait de parler simplement de résolution était un abus de langage de ma part; plus précisément, nous parlons ici de pouvoir de résolution (ou résolution spatiale (https://fr.wikipedia.org/wiki/Pouvoir_de_r%C3%A9solution)). Il y a effectivement un lien avec la notion d’échelle, puisque cela désigne la plus petite surface au sol qui peut être détectable par le capteur d’un instrument, optique ou non; dans ce contexte précis, plus l’unité de surface mentionnée est petite, plus la distance de résolution sera faible et le pouvoir de résolution important. Le satellite sera donc d’autant plus précis – d’où la tournure de ma phase, que j’ai mise à jour pour lever cette ambiguïté.
Bien cordialement et en vous remerciant de votre lecture,