En juin 2022, un nouveau souverain incontesté et incontestable a été adoubé au royaume de l’informatique haute performance (HPC). Les troupes de l’Oak Ridge National Laboratory ont assemblé Frontier, un monstre de silicium qui a volé sa couronne au Fugaku, le monstre japonais qui dominait cette catégorie depuis deux ans — une éternité dans cette discipline.
En plus de ce passage de relais au sommet du classement, l’information la plus importante, c’était surtout que ce supercalculateur est devenu le tout premier à passer la barre mythique de l’exaflops. Soit soit un milliard de milliards d’opérations par seconde. C’est à peu près la puissance de calcul que l’on peut attendre d’un ensemble d’environ 5 millions de PC classiques. Et désormais, l’Europe veut lui emboîter le pas.
Le futur fleuron de l’HPC européenne
C’est ce qu’a annoncé l’European High Performance computing Joint Undertaking (EuroHPC JU) cette semaine. Il s’agit d’un consortium de 10 États européens dont l’objectif est de mutualiser les ressources des membres pour permettre au Vieux continent de rivaliser avec les filières HPC américaines et asiatiques.
Pour l’instant, l’EuroHPC JU a déjà fourni un total de huit supercalculateurs qui équipent désormais des laboratoires européens. On peut notamment citer LUMI. Il s’agit de l’actuel fer de lance de l’HPC européenne (voir notre article). Il est aujourd’hui troisième du TOP500, un classement mondial qui fait office de référence dans ce domaine.
Et il va bientôt avoir de la compagnie. Dans un communiqué repéré par TheNextWeb, l’institution a annoncé la signature d’un accord d’hébergement ; c’est le Jülich Supercomputing Centre (JSC), en Allemagne, qui sera responsable du futur fleuron de l’HPC européenne à partir de l’année prochaine.
Car une fois installé, s’il atteint effectivement la barre de l’exascale, il se positionnera immédiatement parmi les machines les plus puissantes au monde. Comme précisé plus haut, Frontier est pour l’instant le seul appareil au monde à y être parvenu.
Une machine surpuissante et modulaire
Cela signifie que si l’installation progresse suffisamment vite, JUPITER sera au moins deuxième du TOP500. Il pourrait même s’emparer de la première place, mais il est encore beaucoup trop tôt pour l’affirmer. Car en l’état, nous ne connaissons pas encore ses caractéristiques techniques précises. Et une fois que ce sera le cas, il faudra encore attendre les premiers benchmarks.
Les chercheurs du JSC ont toutefois indiqué que JUPITER sera basé sur une architecture « modulaire » et « dynamique ». Cela permettra d’optimiser le fonctionnement des différents modules à loisir; de quoi réaliser des tas de simulations extrêmement spécialisées avec une seule et même machine. C’est un avantage énorme pour l’intérêt pratique du système.
Cette puissance de calcul ahurissante, JUPITER la mettra au service des chercheurs et industriels européens. Grâce à ses performances de premier plan, il s’agira d’un outil de premier choix pour faire passer des tas de travaux à la vitesse supérieure — littéralement. Et cela va sans aucun doute aboutir à de grands progrès dans des domaines variés. On peut citer la santé, la biologie, la science des matériaux, la climatologie, la physique quantique…
D’excellentes performances énergétiques
Il est aussi intéressant de noter que les troupes de l’EuroHPC JU continuent de prêter une attention toute particulière aux performances énergétiques. Comme son prédécesseur LUMI, JUPITER a été conçu pour être un supercalculateur « vert » — toutes proportions gardées, cela va de soi. Car dans l’absolu, ce bestiau va tout de même consommer énormément d’énergie.
Le budget énergétique prévisionnel est annoncé autour des 15 MW – un chiffre conséquent. Mais cela reste assez raisonnable si on le compare à ses concurrents. Par exemple, il est à peu près 25 % moins gourmand que Frontier, le champion actuel. De plus, l’intégralité de l’électricité engloutie sera produite issue de filières vertes au bilan carbone très avantageux.
Il sera donc très intéressant de suivre les premiers exploits de la bête une fois installée dans son nouveau repaire. Car l’arrivée de ce supercalculateur exascale dans son arsenal HPC européen sera une excellente nouvelle. Cela permettra à l’Europe de rester très bien positionnée sur ce secteur éminemment important en termes de rayonnement global. Nous vous donnons donc rendez-vous l’année prochaine pour un premier état des lieux, en espérant avoir accès à davantage de détails sur le hardware et aux premiers benchmarks.
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